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telle, & par conféquent participante à toutes les vertus des Ondins, étoit auffi difpensée des befoins auxquels la Nature humaine a affujetti les foibles Mortels.

CHAPITRE VIII.

Voyage dans l'Empire des Ondes.

Le jour fixé pour le départ du Prince & de la Princeffe, ils furent prendre.congé de fa Majefté Ondine, après quoi ils monterent dans leur char que leur Suite fuivit dans des voitures de nacre de perles, faites en forme de co. quilles; ce qui devoit représenter le plus beau coup d'œil du monde pour ceux qui ont pu avoir l'avantage d'en être les

témoins.

Le Génie dirigea d'abord fa route du côté du Midi; il s'arrêta dans un endroit où se donnerent de fréquens combats, qui ne fervent fouvent qu'à peupler l'Empire des Ondes. Je vois, dit le Prince, que vous regardez avec furprife cette multitude de nouveaux Habitans qui jufqu'alors vous ont été inconnus. Apprenez, ma chere Tramarine que ces gens que vous voyez arriver à tout inftant font des perfonnes qui viennent de fubir le fort attaché à tous les Mortels, la mort, & qu'elles ont été condamnées par le Tout-Puiffant à demeurer parmi les Ondins pendant un certain nombre d'années, pro

portionné aux fautes qu'elles ont commifes fur la Terre. Quoique je fois déja inftruit de leur conduite, je vais néanmoins en interroger quelquesuns , pour vous faire connoître jufqu'où peut aller la méchanceté des hommes qui habitent actuellement fur la Terre.

Le Génie fit en même tems approcher un homme qui paroiffoit vêtu d'une façon fin

guliere, & lui demanda pourquoi il étoit condamné à boire, pendant cent mille ans, quarante pintes par jour de thé élémentaire. Prince, dit ce miférable, quoique ma pénitence foit longue, je rends graces au Tout-Puiffant de ne

me l'avoir pas donnée plus rigoureufe; l'efpérance que j'ai d'un avenir heureux m'en fait fupporter fans murmure la longueur, parce que rien n'eft fi confolant pour un malheureux que d'être perfuadé que fes peines feront un jour changées en des plaifirs purs & réels, car il femble que l'on anticipe fur fon bonheur par la certitude où l'on eft d'y arriver.. Voici donc mon hiftoire en peu de mots, pour ne point fatiguer l'attention de la Princeffe qui vous accompagne. Elevé aux premieres dignités de l'Etat, par les bontés d'un grand Monarque qui m'avoit accordé toute confiance loin d'employer

la

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