Imagens das páginas
PDF
ePub

plus de confiance en moi vous eût peut-être fauvée : vous n'ignorez pas le pouvoir que j'ai fur l'efprit de la Reine, je l'aurois empêchée de convoquer l'Affemblée des Magiciennes; reftée feule auprès de vous avec Lucine, il nous eût été facile de déguifer: le fexe de votre enfant. Que me voulezvous dire, reprit Tramarine, en interrompant la Magicienne avec des yeux pleins de courroux? A quoi tendent vos difcours injurieux ? Avez-vous oublié qui je fuis, & ce que l'on doit à mon rang? Moi, enfreindre les Loix Quelle raifon a-t-on de m'en accufer? Princeffe, reprit la Fée d'un ton févere, eft-ce à moi que

[merged small][ocr errors]

ce difcours s'adreffe? Vous ignorez fans doute jufqu'où s'étend mon pouvoir; mais, pour vous punir de votre témérité, je me retire & vous abandonne; d'autres que moi

vous inftruiront de votre fort. Il fut heureux pour Tramarine que Céliane fe trouvât préfente à cette converfation. Quoi, Madame, dit-elle à Bonine! Vous qui êtes la bonté même, auriez-vous la cruauté d'abandonner la Princeffe? Loin de vous fâcher de fa vivacité, vous devez plutôt en tirer des conféquences favorables à fon innocence: convenez du moins qu'il est bien humiliant pour une jeune Princeffe, dont la conduite à tou

jours été éclairée fous les yeux de toute la Cour, de fe voir accufée injustement.

[ocr errors]

Tramarine fâchée d'avoir irrité la Fée contre elle & jugeant, par le difcours de Céliane, que l'affaire dont on l'accufoit étoit des plus graves, qu'elle auroit peut-être plus que jamais befoin du fecours de la Fée, lui fit quelques excuses fur fa vivacité, en la priant de lui expliquer le crime dont on ofoit la noircir; & Bonine jugeant, à l'ignorance de la Princeffe qu'elle n'étoit point coupable. fe radoucit en fa faveur & lui promit fon fecours, après lui avoir raconté ce qui s'étoit passé, & la résolution où l'on

[ocr errors]

la

étoit de la bannir de la Cour. La Princeffe dont le cœur étoit pur, affura Bonine qu'elle n'avoit rien à fe reprocher. Sans doute, dit-elle, que Déelle veut éprouver ma conftance je n'en faurois douter par les fonges dont j'ai été agitée dans fon Temple; il eft encore vrai que la figure dont je me fuis formé l'image a toujours été depuis préfente à mon cfprit. En vérité ma chere Tramarine, reprit la Fée, vous me furprenez infiniment. Il faut affurément que vous ayez l'imagination bien vive: n'aurez-vous point d'autres raifons à alléguer pour votre défenfe? Non, dit Tramarine fuffoquée par fa douleur, je

[ocr errors]

n'ai rien autre chofe à y ajouter: ce n'eft point l'exil qui me fait de la peine, puifqu'il me delivre d'une Cour injufte, mais la honte des indignes foupçons qu'on a répandus dans tous les efprits. Je ne compte plus que fur vous,

[ocr errors]

ma

chere Bonine & fur l'attachement de Céliane; votre amitié me tiendra lieu de tou tes les grandeurs que je perds. Céliane ne put répondre que par des armes. Qu'eut-elle dit qui pût adoucir les peines de Tramarine? Il n'y a que le tems qui puiffe effacer le fouvenir des grandes douleurs ; les confeils & toutes les confolations s'affoibliffent contre les coups du fort, lorfqu'ils

« AnteriorContinuar »