freux qui en défendoient l'entrée; ainfi, malgré le pouvoir que la Fée Bonine avoit fur l'efprit de la Reine, la Chanceliere fit agir tant de brigues, qu'elle l'emporta fur elle dans cette occafion, &, fous le vain prétexte du bien de l'Etat, elle cut le fecret d'éloigner de la Cour une jeune Princeffe que fon rang appelloit au Trône, dans la crainte que fi elle y fûr montée, elle ne lui eût donné aucune part au Gouvernement; &, pour empêcher, la fédition elle fit raffembler les vieilles Troupes, & les répandit dans tous les quartiers de la Ville afin de maintenir les Peuples. Bonine fe chargea d'annoncer cette trifte nouvelle à la Prin qua, ceffe, qui la reçut avec beaucoup de conftance, & mardans cette occafion, que la grandeur de fon ame étoit au-deffus de l'adverfité; fon cœur, femblable à un rocher où les flots viennent fe brifer pendant la tempête, n'en fut. point abattu; elle entendit tranquillement l'Arrêt fouses ennemies ve droyant que noient de prononcer contre. clie. , CHAPITRE IV. Départ de Tramarine pour la De toutes les femmes qui étoient au service de Tramarine, la feule Céliane refta fidelle ce qui fit voir à cette Princeffe que les démonftrations d'attachement & de dévouement qu'on avoit toujours montrées pour fon fervice, ne pouvoient tenir contre fes difgraces; & elle éprouva, dans cette rencontre, ce que peut l'ingratitude des perfonnes que le feul intérêt attache auprès des Grands, Toujours prêtes fuivre les heureux, elles vous ou blient dès que la fortune vous devient contraire; c'est pourquoi on doit porter le flambeau de la vérité au fond de la ca verne, pour apprendre à difcerner les motifs fubtils qui fe cachent & fe dérobent fous ceux de la candeur, & foufAer, pour ainfi dire, fur le fantôme fublime qui fe préfente, afin d'en écarter le monftre affreux qui masque fouvent les Mortels. Tramarine envoya Céliane vers la Reine, pour lui demander une audience particuliere; mais elle eut encore la cruauté de la lui refufer. Tramarine, se voyant privée de l'efpérance qu'elle avoit conçue de fléchir la Reine, engagea de nouveau Céliane d'y retourner, pour la fupplier de ne lui point imputer une faute dont elle ne pouvoit s'avouer coupable; de se reffouvenir qu'elle n'avoit jamais manqué à la foumiffion qu'elle devoit aux ordres de fa Majefté; qu'elle fe flatte qu'elle lui permettra au moins, pour adoucir fon exil, d'emmener l'enfant dont la naiffance venoit de caufer fon malheur; que ne pouvant être élevé à la Cour de fa Majesté, sa destinée devoit lui être indifférente; que ce feroit pour elle la plus grande confolation qu'elle pût recevoir de pouvoir infpirer à fon fils le respect & la vénération qu'elle n'avoit jamais ceffe |