des maux inévitables, en me retraçant fans ceffe le fouvenir de mes fautes. Je me flatte, au contraire, que les honneurs dont vous jouiffez dans cet Empire, par votre heureuse union avec le Prince des Ondins, doivent vous faire oublier toutes les peines qui les ont précédés, & que vous n'en conferverez aucun reffentiment. Tramarine affura le Roi fon pere qu'il lui rendoit juftice; que, quoiqu'elle eût long-tems regretté la présence, elle n'avoit pas lieu de fe plaindre de l'Arrêt rigoureux qu'il avoit prononcé contre elle; & que, pour que, pour lui montrer

qu'elle n'en confervoit aucun fouvenir, elle alloit déformais

employer tout fon pouvoir à

lui faire rendre les honneurs

dûs à fon rang, & lui

procurer en même tems toutes les fatisfactions qu'il pourroit defirer.

Perfonne n'ignore que, lorfqu'on a quitté ce corps mortel, tous les rangs font confondus, & qu'il n'y a plus de diftinction parmi les ames, fur-tout dans l'Empire des Ondins. Cependant la Princeffe Tramarine obtint du Génie Verdoyant, par une grace finguliere, que le Roi fon pere feroit admis à fa Cour, & qu'il y jouiroit des mêmes prérogatives des Ondins. Elle lui demanda auffi qu'il fût difpenfé de boire le thé élémentaire;

mais elle ne put obtenir cette derniere faveur, pour des raifons que je n'ai point apprifes, auxquelles fans doute il n'y avoit aucune replique.

Ils continuerent enfuite leur route avec le Roi Ophres, dans le deffein de vifiter toutes les parties du Monde. Tramarine réfléchiffant fur les aventures du Roi fon pere, qui leur avoit appris, par fon récit, qu'elle avoit une jeune foeur qui devoit être encore dans l'ifle Craintive, le defir de la connaître lui fit demander au Prince Verdoyant de vouloir bien diriger fa marche vers cette ifle, afin de lui pro curer, s'il étoit poffible, la fatisfaction de la voir, fans

qu'il en dût coûter la vie à la jeune Princeffe. Je puis aifément vous fatisfaire, dit Verdoyant; &, pour diffiper l'ennui d'une aufli longue route, je vais vous apprendre, ainfi qu'au Roi votre pere, les aventures d'une Princeffe qui doit affurément vous intéreffer l'un & l'autre.

CHAPITRE XI. "

Hiftoire de Brillante & de l'Amour.

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La Princeffe Argiliane, n'ofant encore fe déclarer en faveur de la Reine de Lydie, crut la fervir plus utilement en affectant de fe foumettre aux ordres de fon pere. Elle connoiffoit fa cruauté, & crai gnoit, avec raison, que, dans un de ces momens où les mépris de la Reine le mettoient au défespoir, il ne donnât des ordres contraires au defir qu'elle avoit de fauver la petite Prin