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diftinguer les Régimens qui compofoient l'armée d'une Souveraine très-refpectable par fes vertus, & qu'ils avoient autrefois fervie pendant long-tems avec beaucoup de zele & d'attachement. Ces Peuples font guidés les uns par le goût de la nouveauté, d'autres par celui des richeffes; l'ambition domine ceux-là, ceux ci fe laiffent entraîner par foibleffe; enfin la plus grande partic s'eft liguée pour fecouer l'autorité qui devoit les retenir dans le refpect: mais, pour vous mettre au fait de leur difpute, il faut commencer. par vous apprendre le fujet qui l'a fait naître.

Dans une des Républiques

de cet Empire, eft née de la difcorde & du mensonge une fille, dont l'efprit séducteur a fçu gagner les principaux Officiers de la Princeffe régnante qui, féduite elle-même par des dehors trompeurs, l'a fait venir à fa Cour. Perfonne n'a d'abord penfé à s'opposer aux progrès que cette fille faifoit dans le cœur de leur Souveraine; mais, en grandiffant peu-à-peu, elle eft devenue une Géante qui s'eft fi- bien fortifiée dans l'efprit de la Princeffe, qu'elle a envahi une partie de fon autorité, &, malgré l'obfcurité de fa naiffance, elle s'eft néanmoins procuré quantité d'adorateurs lefquels, pour captiver ses bonnes

graces & obtenir de fes faveurs, s'empreffent chaque jour à compofer des élégies, des églogues & des épîtres, qu'on lui préfente en grande cérémonie: c'est par-là que se font connoître ceux qui lui font le plus attachés. Comme elle eft vaine, ambitieufe, fiere & orgueilleufe, & qu'elle captive entierement l'efprit de la Princeffe, elle a eu l'adreffe, pour augmenter fon autorité, de changer toute la forme de l'ancien Gouvernement pour érablir de nouvelles Loix; enfin, rien ne fe fait plus que par ordres, rien n'eft fi audacieux que ceux qui exécutent ses volontés, on leur voit entreprendre tous les jours les cho

fes

fes les plus extraordinaires fans que perfonne ofe s'oppofer à leurs deffeins: par une efpéce de confidération qu'on croit devoir aux titres éminens dont ils font revêtus c'eft-là ce qui les enhardit à tout entreprendre; mais ce qui eft encore plus fingulier, c'est qu'ils exécutent avec affurance ce que les autres hommes n'auroient jamais ofé penfer.

Les fideles Sujets de la Princeffe, rebutés par toutes ces raifons, & encore plus des foumiffions aveugles que la Géante veut exiger d'eux, fe font révoltés; d'autres plus hardis attaquent perfonnellement la Géante, en difant que c'eft une fille dont on ne connoît

ni le nom, ni la naissance; quelques uns prétendent la faire paffer pour bâtarde; ce qui forme différens Partis dans les Etats de la Princeffe, & ce qui fait que beaucoup de fes Sujets cherchent à fecouer le joug de cette fille d'adoption, fur-tout depuis qu'elle a entrepris d'envahir tous les Gouvernemens, & de s'attribuer les graces qui ne pouvoient ci-devant être accordées que par la Princeffe. On prétend même qu'elle n'a en vûe que d'éloigner les Sujets de l'obéiffance. qu'ils doivent à leurs Souverains, par , par de nouvelles conftitutions qui paroiffent contradictoires & entierement oppofées à l'ancienne Morale: bien

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