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ceffe, étant accoutumé à fe venger par de pareilles cruautés. C'eft pourquoi, lorfqu'elle l'eut portée dans l'ifle Craintive, elle revint à la Cour, & dit au cruel Pencanaldon que l'enfant avoit été expofé & dévoré prefque auffi tôt.

Brillante fut donc élevée comme la fille du Berger. Je pafferai rapidement fur fon enfance qui n'eut rien d'intéreffant, parce qu'elle n'étoit pas connue pour une Princeffe, dont ordinairement les moindres actions font toujours admirées. Cependant, lorfque

Brillante eut atteint fa dixieme année, Argiliane penfa qu'il étoit tems de commencer à l'inftruire des avantages de fa

naiffance; & comme elle venoit aflez fouvent dans fon ifle, pour y donner elle-même des leçons à la jeune Princeffe qui, par fa docilité & fa douceur, s'étoit entierement acquis le cœur d'Argiliane, cette Princeffe remarquoit avec plaifir la beauté & les graces touchantes de fa jeune Eléve; elle y voyoit germer ces talens us que la Nature produit, & que l'éducation perfectionne; elle admiroit fur-tout cette pudeur charmante, vrai figne de l'innocence & de la pureté du

cœur.

Argiliane, pour des raifons particulieres, n'osoit encore faire paroître Brillante à la Cour de fon pere; cependant

*

la

elle craignoit que cette jeune Princeffe, dont le cœur lui paroiffoit difpofé à la tendresse ne vînt à former quelque engagement qui pourroit par fuite troubler fon repos. C'est pourquoi elle commença à l'entretenir des défordres que l'Amour caufoit dans tous les cœurs: Vous devez, ma chere Brillante, dit Argiliane dans fa derniere converfation, vous tenir toujours en garde contre les attaques des hommes qui la plûpart, ne chercheront qu'à féduire votre cœur ; confervez cette pudeur qui eft le plus précieux attribut de notre fexe, elle doit toujours être la gardienne fidele de la pureté de l'ame. Gardez-vous de fa

crifier à l'Amour ce que vous avez de plus cher : l'Amour est un Dieu inquiet, perfide, tumultueux, & qui n'a de conftance que dans fa légéreté; ce Dieu fe fait un jeu cruel des malheurs & du défefpoir de ceux qui fuivent fes Loix; fouvent on le voit brouiller l'Amant avec l'Amante, & foulever l'ami le plus tendre con tre celui qu'il aime le mieux ; les fureurs que l'Amour infpire ne reconnoiffent ni le rang, ni le devoir, ni la nature; il n'eft rien de facré pour lui, fur-tout lorsque la jaloufie ou la vengeance l'animent, & ce n'eft qu'en le fuyant qu'on peut éviter ces

maux.

N'oubliez pas,

ma chere Brillante, ajouta la Princeffe, les avis que je vous donne, le tems approche où ce Dieu cherchera à vous féduire, il n'eft point de forme qu'il ne fcache prendre pour y parvenir; car, lorfqu'il a entrepris de plaire, il paroît charmant & rempli d'attraits qui ne fervent qu'à fubjuguer la raifon : le defir & la volupté marchent fur fes pas, l'efpérance l'accompagne prefque toujours, & il femble ne faire fon bonheur que de la félicité des Mortels. Vous ne devez pas à-préfent vousy laiffer furprendre, après le portrait que je vous en fais. C'étoit par de femblables inftructions qu'Argiliane s'ef

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