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venir la Princeffe de fa foibleffe. L'Amour, qui étoit resté à fes pieds, lui demanda, d'un air paffionné, ce qui pouvoit lui avoir causé un fi grand effroi. Que craignez-vous de moi, difoit ce Dieu ? Regardez-moi comme un enfant qui vous adore & qui vous fera toujours foumis mon intention ne fera jamais de vous faire du mal, écoutez Faveur livrez-vous à fes confeils; ce n'eft, qu'en les fuivant, que vous jouirez d'un bonheur

fait.

par

Brillante, attentive aux difcours de l'Amour n'osoit néanmoins jetter fur lui fes regards timides; &, repaffant dans fa mémoire les fages le11. Part.

D

çons qu'elle avoit reçues d'Ar giliane, inquiette & rêveufe, elle leva fur la Modeftie des yeux que la tendreffe & le feu de l'Amour paroiffoient animer, & foupira fans ofer rien dire. L'Amour qui l'examinoit s'apperçut de fon trouble; il ordonna à la Modeftie de fe retirer, croyant qu'elle feule s'oppofoit à fon bonheur. Cet ordre redoubla les craintes de Brillante qui fe jetta dans les bras de la Déeffe: Au nom des Dieux, dit la Princeffe faifie de crainte, demeurez & fecourez-moi. Hélas! que viendrai-je fi vous m'abandonnez ? L'Amour n'eft qu'un trompeur qui cherche doute, à me féduire; par pi

de

fans

tié, aidez-moi à le fuir. Qui vous a donc infpiré d'auffi -mauvaises idées de l'Amour reprit ce Dieu en colere? Mais je puis ufer de mon pouvoir, afin de vous convaincre que je me cherche point à vous tromper. Arrêtez, dit la jeune Princeffe, & fe faififlant de la fléche qu'il fe préparoit à lui décocher, elle la lança avec tant d'adreffe que ce Dieu en fut percé; mais ce coup que reçut l'Amour, loin de lui caufer de la douleur, ne fervit qu'à augmenter fes feux; &, la retirant alors de fon sein, encorc toute brûlante de fa propre fubftance, il la plongea dans celui de Brillante, fans que cette jeune Princeffe s'apper

çût d'abord du trait qui venoit de lui être lancé.

La Modeftie, qui vit la malice que l'Amour venoit de faire à Brillante voulut au moins la favorifer de tout fon pouvoir, afin de rendre leur union éternelle; elle profita de cet inftant favorable pour engager l'Amour à rappeller la Conftance, qu'il avoit depuis long tems bannie de fa préfence. Ce Dieu, fatisfait de fon choix, y confentit fans peine; & afin de guérir entierement les foupçons qui pouvoient refter dans l'efprit de la Princeffe, il permit encore que les Graces & la Modeftie l'accompagnaffent toujours aux conditions que Faveur se

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joindroit à ces Déeffes. Je ne puis vivre fans elle, ajouta l'Amour, fa converfation m'amuse, c'est toujours elle qui doit m'entretenir par mille petites faillies; mais il eft tems, mon adorable Maîtreffe, de jouir des plaifirs qui vous font préparés. Ce Dieu fit figne en même tems à l'Heure du Berger de s'approcher ; Modeftie qui foutenoit toujours Brillante, s'oppofa aux deffeins de l'Amour. Ce Dieu en parut un peu fâché; il n'ofa cependant faire paroître fon dépit, afin de gagner, par cette complaifance, la confiance de la Princeffe, à laquelle il préfenta la main avec un fourire enchanteur.

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