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L'Amour, devenu conftant fon union avec Brillante jouit à-préfent d'un bonheur parfait, & fon ardeur, loin de diminuer par la préfence continuelle de Faveur & de Jouiffance, femble s'accroître,, &. les plaifirs qu'il goûte › par leurs fecours, lui paroiffent tou jours nouveaux. Il eft. aifé de

préfumer que Brillante l'a fixé pour jamais;, c'est donc en vain. qu'on le cherche à préfent dans le monde, puifqu'il n'y a laiffé que fon ombre. Voilà, chere Tramarine, ajouta le Génie Verdoyant, l'heureux fort. dont jouit actuellementla Prin ceffe votre four dans l'ifle Cuaintive, que le véritable.

Amour a choisi pour la résidence , parce qu'il y régne un Printems perpétuel.

Arrivés fur les rives de cette ifle, Verdoyant apperçut l'Amour folâtrant avec Brillante & les Graces qui fe promenoient accompagnées de toute leur Cour; le Génie les fit remarquer à Tramarine, faifant approcher fon char du rivage. Après avoir aidé la Princeffe à en defcendre, ils s'avancerent l'un & l'autre vers l'Amour qui, reconnoiffant le Génie Verdoyant pour le Prince des Ondins, vint au devant de lui. Qui vous amene fur ce rivage, dit ce Dieu ? Vous n'avez plus befoin de mon pouvoir pour vous faire aimer de

la charmante Tramarine; l'ELtime & l'Amitié qui vous accompagnent, ne me font plus douter du bonheur dont vous jouiffez.

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Il est vrai, dit le Génie, qu'avec votre fecours ces deux Divinités fe font jointes à nous afin de refferrer les nœuds d'une union qui doit être éternelle; & mon premier objet, en vous vifitant, eft de vous en marquer ma reconnoillance, & vous féliciter en même tems de l'heureux choix que vous avez fait de la charmante perfonne qui vous accompagne. Il est si rare de voir à l'Amour un fincere attachement, que, s'il étoit connu dans le monde, on le

prendroit actuellement pour. un de ces phénomenes qui ne paroiflent que rarement, pour annoncer le bonheur des Humains. Cette grande victoire n'étoit réservée qu'à la Princeffe Brillante qui, fuivant toutes les apparences, ne doit plus craindre votre inconf

tance.

J'avoue, dit l'Amour, que depuis long-tems j'avois banni la Conftance de ma Suite; mais, la trouvant inféparable de Brillante, j'ai reconnu que ce n'eft qu'avec elle qu'on peut goûter le vrai bonheur, & ne puis plus m'en détacher. Quoi! repliqua Verdoyant, auriezvous abandonné pour toujours les Mortels? Ils ne s'apperçoi

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ni

vent feulement pas que je les ai quittés, dit l'Amour; contens de l'ombre que je leur ai laiffée, ils ne fçavent pas la diftinguer d'avec moi.. Pourquai Ceftque la plupart n'ont plus ni moeurs, ni vertus fentimens livrés à la brutalité, au changement & au dégoût, que feroient-ils d'un Dieu qu'ils méconnoiffent? Je conviens cependant qu'il y en a qui méritent d'être diftingués. du vulgaire ; auffi ceux-là fontils fous ma protection, & ce n'eft plus qu'à eux que je veux départir mes faveurs les plus

cheres..

Comment, dit le Génie en. riant, depuis quand l'Amour a-t-il appris à moraliser ? C'est,

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