carolus (chacun) au profit de Sa Majesté, ensemble és despens faits et ensuivis à cause desdites informations, enquestes et besognez et ce qu'en dépend...

1° Gilles Martin, « garde de la monnoye de Sa Majesté en la ville d'Arras, » pour avoir, contre ses instructions, passé délivrances de certaines espèces monnoyées en ladite monnoye, lesquelles, par la déclaration et billet de l'essayeur particulier d'icelle estoient portées venir trop bas en aloy; » pour s'être fait remplacer, sans l'autorisation des maitres généraux, et durant une absence d'un mois, dans l'exercice de son office de garde, par l'essayeur de la même monnaie; pour avoir reçu du maître particulier de la monnaie, par chaque marc d'argent fin qu'il livroit luimême audit maître, deux patards de plus que ne portoit l'instruction; et enfin pour s'être permis de passer délivrance de certaines espèces d'argent à lui appartenant, monnoyées en l'absence du maître particulier, et seulement avec le congé de la femme de celui-ci, sans que le maitre eût voulu assister à la délivrance, à cause de son absence au moment du monnoyage des espèces;

2o Mathias du Fossé, essayeur de ladite monnaie d'Arras, comme ayant failly au fait des essays des quotidiennes journées faites en ladite monnoye, » en déclarant inexactement le titre des espèces, tantòt en plus, tantôt en moins, et pour avoir abusé le maitre particulier « en lui donnant à entendre que, pour chacun marc d'argent que livroient à ladite monnoye les officiers d'icelle, estoient deubs auxdits officiers deux ou trois patards outre le prix et ordonnance de Sa Majesté, et que recevoient les autres livreurs et personnes particulières.

2

Les désordres qui s'étaient produits dans la gestion de l'atelier monétaire d'Arras, et qui ressortent de la sentence analysée dans les lignes précédentes, ont sans doute amené momentanément la cessation d'exercice de cet atelier. On ne connaît, que nous sachions, aucune monnaie frappée à Arras en 1583. Le maître particulier Bardoul et le garde Gilles Martin ne furent d'ailleurs remplacés par de nouveaux titulaires qu'en 1584, comme on le verra ci-après.

VII

Lettres de Philippe II commettant un nouveau maître particulier de la monnaie d'Arras, par suite du déport du titulaire précédent. A Tournay, le 24 décembre 1583. (Registre des commissions, coté n° 7, fol. 68.)

L'office de maître particulier était vacant, «< par la latitation et déport d'Alexandre Bardoul. » Le Roi, par la délibération du prince de Parme, commet à cet office François Baillet (ou Balet) pour l'espace de trois ans à commencer du jour où il prêtera serment et fournira caution.

François Baillet prêta serment et fournit caution entre les mains des président et gens des comptes à Lille le 16 janvier 1584.

VIII

Instruction pour le maître particulier de la monnaie d'Arras, datée du 28 janvier 1584. (Registre des commissions, coté no 7, fol. 77 vo.)

Les monnaies que l'instruction donne au maitre particulier la faculté de faire ouvrer, aux remèdes ordinaires, sont les suivantes :

1o Le réal d'or, valant 10 sols gros, monnaie de Flandre. Aloi 23 carats 9 grains 1⁄2 d'or fin. Taille : 46 pièces au marc, poids de Troyes.

:

2o Le demi-réal d'or, valant 5 sols gros, monnaie de Flandre. Aloi 18 carats d'or fin, 4 carats 1⁄2 d'argent fin et 1 carat 1⁄2 de cuivre (1). Taille: 70 pièces au marc. 3° Le carolus d'or, valant 3 sols 4 deniers gros. Aloi : 14 carats d'or fin, 8 carats d'argent fin et 2 carats de cuivre. Taille 84 pièces au marc.

:

4° L'écu d'or au soleil, valant 6 sols gros. Aloi : 22 carats, 3 grains 1⁄2 (') d'or fin, 15 grains d'argent fin et 5 grains de cuivre.

5° La pièce de quatre patards, valant 8 gros de Flandre. Aloi 7 deniers 10 grains d'argent fin. Taille: 40 pièces

au marc.

6o Le patard, valant 2 gros de Flandre. Aloi : 3 deniers 17 grains d'argent fin. Taille: 80 pièces au marc.

(') Dans les manuscrits Colbert, la copie indique l'alliage de cuivre comme n'étant que d'un demi-carat; mais il y a évidemment erreur. (2) On a mis, par erreur, dans la copie de la collection Colbert, 2 grains, au lieu de 3 grains.

7° Le gros. Aloi: 3 deniers et un demi-grain d'argent fin. Taille: 134 pièces au marc.

8° Le liard, valant 12 mites de Flandre ou 18 mites de Brabant. Même aloi que le gros. Taille 268 pièces au

marc.

9o Le gigot, valant 6 mites de Flandre. Aloi: 1 denier 17 grains d'argent fin. Taille : 26 sols 4 deniers (316 pièces)

au marc.

10° Le double-denier (de cuivre), valant 4 mites de Flandre ou 6 mites de Brabant. Taille : 64 pièces au

marc.

11o Le denier (de cuivre), valant 2 mites de Flandre, ou 3 mites de Brabant. Taille : 128 pièces au marc.

Le maître particulier ne pourra faire faire forger, pour la première année de son bail, sauf consentement des maîtres généraux des monnaies, que quatre mille marcs de deniers et de doubles deniers, dont deux mille mares de chaque espèce.

Le maître particulier, est-il dit dans l'instruction, pourra encore faire forger, mais « par consentement et en suivant la licence que lui sera accordée à tel effect de par sa Majesté, et non autrement » les monnaies ci-après indiquées :

1o Le demi-philippe réal d'argent. Aloi: 10 deniers d'argent fin. Taille : 7 pièces 4 au marc de Troyes.

2o La moitié du demi-philippe réal d'argent. Aloi : 10 deniers d'argent fin. Taille : 14 pièces 9/32 au marc. 3o Le cinquième du demi-philippe réal. Aloi : 10 deniers d'argent fin. Taille : 35 pièces 454 au marc.

4o Le dixième du demi-philippe réal. Aloi : 10 deniers d'argent fin. Taille: 71 pièces 13/32 au marc.

5o Le vingtième du demi-philippe réal. Aloi : 5 deniers d'argent fin. Taille 71 pièces 223/432 au marc.

6o Le quarantième du demi-philippe réal. Aloi : 3 deniers d'argent fin. Taille : 143 pièces 7/216 au marc.

Ces 20° et 40° devaient, d'après l'instruction, avoir cours « à l'advenant dudit demy-philippes réal» la première de ces pièces pour 3 gros 2, et la seconde pour 1 gros et 18 mites de Flandre. Il suit de là que le demi-philippe réal d'argent valait déjà en Artois, en 1584, 35 patards ou sols de la livre de 40 gros de Flandre, soit 5 patards de plus que lors de la création de cette monnaie.

IX

Autre instruction pour François Baillet, maitre particulier de la monnaie d'Arras, datée du même jour que la précédente, 28 janvier 1584.

Cette seconde instruction a pour but de donner à François Baillet la permission spéciale de frapper la moitié du demi-philippe réål d'argent, qui est la moitié du philippus daldre (') et des cinquièmes, dixièmes, vingtièmes et qua

(') Dans le manuscrit de la collection Colbert, au lieu de : qui est la moitié du philippus daldre, on lit: qui est la moitié du demy philippes daldre; mais il est évident qu'ici le mot demy est de trop. Il est prouvé par quantité de titres, et notamment par l'ordonnance générale de Philippe II, du 20 septembre 4581, sur le cours des monnaies dans ses pays de par-deça, que le philippus daldre et le demi-philippe réal d'argent n'étaient qu'une seule et même monnaie connue sous ces deux appellations différentes.