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rantièmes de la même monnaie, conformes à l'instruction faite par les maîtres généraux des monnaies de Sa Majesté, de par-deçà, en l'année 1575.

On se rappelle qu'il était dit dans l'instruction précédente que le maître particulier ne pourrait frapper les monnaies de cette catégorie qu'après en avoir obtenu la licence particulière. Or, il n'est pas question dans la seconde instruction du demi-philippe réal, autrement dit le philippus daldre. Doit-on en conclure que François Baillet n'a pas eu pour cette fois l'autorisation d'en frapper? cela paraît assez probable. Il n'est pas à notre connaissance que l'on ait trouvé de philippus daldre frappé à Arras antérieurement à 1587, tandis que l'on possède dans les collections le demi-philippus daldre frappé à Arras en 1882, c'est-àdire pendant la ferme du premier maître particulier, Alexandre Bardoul. Nous ne connaissons pas les instructions qui avaient été délivrées à celui-ci. Il n'y aurait rien de surprenant, du reste, qu'Alexandre Bardoul eût été autorisé à frapper dès 1582 le philippus daldre même, et que cette faculté n'eût pas été accordée en 1584 à son

successeur.

La seconde instruction du 28 janvier 1584, que nous analysons, permet en outre la frappe des monnaies de cuivre suivantes :

1o Le liard, valant le quart d'un patard. Taille : 45 pièces en marc de Troyes.

2o Le gigot, valant 3 deniers ou le huitième d'un patard. Taille: 90 pièces au marc.

3° demi-gigot, valant un denier et demi, ou le seizième d'un patard. Taille: 180 pièces au marc.

Le maitre particulier ne pouvait, par l'instruction, et sans charge expresse de messeigneurs des finances, faire frapper pour plus de 1,000 marcs de liards, de 1,500 marcs de gigots et de 1,500 marcs de demi-gigots. Il était tenu de payer aux livreurs, pour chaque marc de cuivre, trois patards et un liard; et au roi, pour droit de seigneuriage, quatre patards par chaque mare ouvré. Le marc de cuivre converti en monnaies représentant une valeur de onze patards et un liard, il restait donc au maître quatre patards sur chaque marc, et cela, est-il dit, « en respect du sallaire des ouvriers et monnoyeurs, fraintes, pertes et autres despenses.

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X

Lettres de Philippe II portant commission de garde de la monnaie d'Arras. A Tournay, le 13 août 1584 (Registre des commissions coté n° 7, fol. 125 vo).

Le Roi, par la délibération du prince de Parme, commet Pierre Lecointe à l'office de wardain de la monnaie d'Arras. vacant par la retraite de Gilles Martin.

Pierre Lecointe prèta serment, entre les mains des président et gens des comptes à Lille, le 12 septembre 1584.

XI

Octroi fait à ceux de la ville d'Arras de pouvoir faire forger à la monnaie du Roi à Arras, au profit de la ville, et avec remise de la moitié du droit de seigneuriage, de la monnaie de cuivre jusqu'à concurrence de la somme de dix mille florins. A Bruxelles, le 24 octobre 1584. (Registre des chartes, coté n° 36, fol. 89 vo (1).)

Philippes, etc. A tous ceux qui ces présentes verront, salut. Reçeu avons l'humble supplication de nos bien amez

(1) Cette pièce et celle qui l'avait précédée, et à laquelle elle se réfère, c'est-à-dire l'octroi du 22 juin 1557, sont particulièrement curieuses pour l'histoire de la ville d'Arras, dont elles font connaître la gêne et les préoccupations financières aux époques dont il y est question, par suite des dépenses qu'elle avait dû faire dans l'intérêt de sa propre sécurité et pour le soutien de la cause du Roi. Elles ne sont pas moins curieuses non plus comme exception à ce qui se pratiquait ordinairement sur le fait des monnaies dans les Pays-Bas espagnols.

Bien que la commune d'Arras n'ait pas profité de l'octroi de 1557, et que, si des monnaies avaient été frappées en vertu de cet octroi, elles eussent dû l'être, comme cela y est spécifié, à l'atelier de Bruges, aucun atelier monétaire n'existant alors à Arras, nous n'en croyons pas moins devoir reproduire ici ce document, comme pouvant servir à mieux faire comprendre celui que nous publions au-dessus de cette note.

« PHILIPPES, etc. A tous ceux qui ces présentes verront, salut. De la part de nos chiers et bien amez les gouverneur, mayeur et eschevins de nostre ville d'Arras, Nous a esté remonstré : Comme à l'occasion de la force, continuelles pratiques et machinations de nos ennemis les François, perplexité et étonnement du peuple pour crainte d'icelles, lesditz remonstrans ayant esté contraints avec extrême diligence, et par l'avis de maistre Sébastien Noye, juge-maire de nos Pays-Bas, scruter et diligemment visiter les bresses et lieux plus dangereux à l'entour

les mayeur et eschevins de nostre ville d'Arras, contenant doiz le 22o juin 1557, ils auroient obtenu de Nous congé et

d'icelle, où se sont trouvez plusieurs endroits fort dangereux et nécessaires à y promptement obvier et incontinent remédier, si comme de démolir l'église paroissiale de St-Nicolas-sur-les-fossez (*), assize partie dedans les boulevers de la porte et sur le rempart, où n'y a rempart ni flancs ni moyen d'en faire, pour les édifices et rues qui y sont, ne soit en démolissant icelle, comme de tout plus particulièrement il appert par la platte forme à Nous exhibée, par où sont désignez les lieux qui peuvent mouvoir lesdits François journellement trafiquer la ruine et surprise de nostre dite ville et cité d'Arras; à quoy, pour l'estroitesse de deniers où icelle se treuve, tant pour la présente guerre, ouvrages fais à ladite ville, comme pour la diminution des fermes et maletotes d'icelle, et pertes des biens et revenus de leurs bourgeois, leur est impossible y obvier ny remédier, n'est que nostre plaisir soit leur donner lettres et commandement par escrit pour leur descharge de démolir ladite église de St-Nicolas, comme plusieurs fois l'Empereur mon seigneur et père en visitant icelle leur a ordonné, et depuis repris de négligence pour avoir différé faire sur ledit lieu une platte forme pour commander puis les marests St-Michel jusques à la porte de Hagereux, qui est quasi la moitié de la ville, ce qui ne se pouvoit faire sans grande somme de deniers qu'ils n'osent présentement et se déportent de Nous mander, pour les grands et urgens affaires accroissans journellement à cause de la présente guerre. Par quoy ils Nous ont très-humblement supplié que de nos grâces il Nous plust leur accorder de faire forger quelques petites menues monnoyes d'airain ou de letton, de telle figure, coin, et en tel lieu qu'il Nous plaira ordonner, en délivrant la matière, payant et satisfaisant par iceux remonstrans les salaires ordinaires de la forge d'icelles; et ce, jusques à l'évaluation de

(*) Les travaux de démolition de l'ancienne église de Saint-Nicolas-sur-les-Fossés furent commencés le 8 juin 1564. Une autre église sous le même nom fut construite dans la circonscription de la paroisse. L'évèque d'Arras, François de Richardot, en posait la première pierre le troisième dimanche de septembre 1571. — Voy. dans le Bulletin de la commission des antiquités départementales (Pas-de-Calais), no 3, 1854, pp. 146 et suiv., la Notice de M. Achmet d'Héricourt sur l'église de Saint-Jean-Baptiste, à Arras, autrefois Saint-Nicolas-sur-les-Fossés.

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licence de faire forger quelques pièces de menues monnoyes de cuivre, sur le coin lors avisé, jusques à la somme

cinq deniers, deux oboles pour le denier, chascune pièce et en-dessous, jusques à la somme de douze mil Carolus d'or, offrant encore d'abondant par ceux de nostre dite ville de reprendre et retirer au bout de vingt ans toutes et quelconques lesdites petites monnoyes, de tous ceux qui les rapporteront, et leur restituer le prix et évaluation d'iceluy au bout dudit terme, selon la publication qui en sera faite à ces fins : et sur ce leur faire expédier nos lettres patentes en tel cas pertinentes. Sçavoir faisons que Nous, les choses dessusdites considérées, et sur icelles eu l'advis, premier des généraux de nos monnoyes, en après d'aucuns de nostre conseil, et conséquemment de nos amez et féaux les chief, trésorier général, et commis de nos domaine et finances; auxdits supplians inclinans favorablement à leurdite supplication et requeste; mesme afin de leur donner moyen de pouvoir fortifier nostre dite ville et cité d'Arras contre les surprises et invasions de nosditz ennemis ; avons par la déliberation de haut et puissant prince, nostre très cher et très amé cousin, chevalier de nostre ordre, lieutenant gouverneur et capitaine général de nos pays de par-deçà, le duc de Savoye, etc., octroyé, consenty et accordé, octroyons, consentons et accordons, en leur donnant congé et licence de grâce spéciale par ces présentes, qu'ils puissent et pourront faire monnoyer et forger les trois sortes de deniers dont le patron et pourtraitture leur a esté délivrée par les généraux de nosdites monnoyes, sur quoy la calculation a esté faite; et ce, jusques à la montance de quinze mille livres du prix de quarante gros de nostre monnoye de Flandres la livre, y compris la despense narrée par ladite calculation, Et en outre, de nostre plus ample grâce leur avons quitté et remis, quittons et remettons par cesdites présentes le droit de seigneuriage qui pour forger lesditz deniers Nous sera deu; pourveu toutesfois qu'ils seront tenus faire forger lesditz deniers en nostre monnoye de Flandres à Bruges, jusques auxditz quinze mille livres dudit prix, sans aucunement l'excéder. Et afin qu'il n'en soit forgé davantage outre et pardessus ledit taux, Nous enchargeons bien expressément à ceux de nostre dite monnoye de Flandres que, ladite somme accomplie, ils facent casser les fers restans pour en ouvrer. Duquel nombre ouvré ordonnons semblablement à la garde d'icelle monnoye

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