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point important de notre numismatique, si clairement démontré par ce savant. Rappelons toutefois l'impression pénible et fâcheuse qu'a produite, aux Pays-Bas, l'incroyable accusation de fausseté lancée contre ces monnaies par M. de Longpérier, cependant, une des illustrations de la science. Toute la ville de Wyk (1), qui suivait avec un vif intérêt ces travaux, n'a-t-elle pas assisté aux fouilles faites dans les ruines de Duurstede? Qui ne connaît ici, dans ses plus petits détails, toutes les curiosités qui y ont été retrouvées et les personnes qui les ont acquises?

Eh bien, dans ces lieux auxquels se rattachent tant de souvenirs historiques, mais bien entendu dans le sol qui recouvre aujourd'hui ces lamentables débris, on trouve aussi, de temps à autre, des monnaies et des médailles appartenant aux évèques d'Utrecht, dont quelques-uns ont habité le château de Wyk-lez-Duurstede, et c'est parmi quelques pièces des derniers évèques d'Utrecht, qu'on a découvert un jeton très-curieux et inconnu, que je crois pouvoir attribuer sans contestation à Frédéric de Bade, qui a occupé le siége de l'évèché, de 1496 à 1516.

Voici la description de ce jeton :

Av. M-TI'. EPS”. MIGRAVIT · A· SECVLO; Saint Martin, patron d'Utrecht, à cheval, coupant un morceau de son manteau. Malheureusement le jeton est percé, de sorte que

(1) La petite ville qui a succédé à Dorestatus, cette grande métropole commerciale, se nomme Wyk-by-Duurstede, c'est-à-dire Wyk près Duurstede. Or, bien que l'emplacement des terrains qui recouvrent aujourd'hui les ruines de l'ancienne ville, soit attenant à Wyk, on trouve cependant dans la ville même des substructions constatant que Dorestatus s'étendait jusque dans l'enceinte actuelle.

deux lettres sont devenues illisibles. La deuxième lettre de la légende a entièrement disparu, mais je ne doute pas qu'elle soit un R et qu'il faille lire MaRTInus. Rev. VIVIT. IN. CHRISTO.. EMMA. SACDOTV, écusson écartelé, au premier d'une barre, au second d'une fasce, au troisième d'une barre chargée de trois alérions et au quatrième d'un lion. La première lettre de l'avant-dernier mot ne peut être qu'un G; il faudrait donc lire : GEMMA SACERDOTVm la perle, l'ornement des prélats éloge qu'a réellement mérité ce patron de l'évêché d'Utrecht, de même que notre évèque Frédéric auquel il semble faire allusion. De plus, nous ferons remarquer que l'emploi simultané des deux formes de la lettre M, l'une ronde et l'autre carrée, se rencontre sur plusieurs monnaies de cet évêque; voy. VAN MIERIS, Beschryving der Bisschoppelyke munten, etc., pl. X.

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Les quatre armoiries en écartelure dont l'écusson est composé, sont :

La première de Bade, qui au lieu d'une barre, ainsi qu'elle est mal représentée sur ce jeton, porte une bande; cette même faute qu'on retrouve sur les monnaies de Frédéric de Bade dessinées dans l'ouvrage précité de VAN MIERIS, pl. X, no 6 et 7, ne doit être attribuée qu'à la négligence des graveurs d'alors, qui d'ailleurs, comme on le sait, n'excellaient pas en exactitude.

La seconde de la seigneurie de Lahr ou Lohr, dont les marquis de Bade ne possédaient qu'une partie, qui leur fut vendue dans le xv° siècle, avec le domaine de Mahlberg, par un comte de Sarwerden.

La troisième, qui offre la même faute que la première,

porte une barre chargée de trois alérions, au lieu d'une bande, pour la Lorraine, apparemment à cause des trois provinces, Saint-Dié, Arches et Bruettes, situées dans ce pays ('), que son aïeule qui était une duchesse de Lorraine, avait reçues en dot (2).

La troisième, le lion de Brisgauw ou Brischauw, terre qui appartenait déjà depuis plusieurs siècles à l'illustre maison de Bade.

Il est fort remarquable que sur ce jeton on ne trouve pas les armes de l'évêché d'Utrecht jointes à celles de l'évèque Frédéric, ainsi qu'on le voit sur ses monnaies, où au contraire on ne rencontre jamais les armes de la Lorraine, tandis que sur celles-ci il prenait habituellement les armoiries de Lahr, de Brisgauw, d'Eberstein, de Spanheim et d'autres terres encore possédées par les marquis de Bade, ou sur lesquelles ils avaient des prétentions. Or, le sens des légendes qui font allusion à la mort du patron de l'évêché d'Utrecht, me fait présumer que ce jeton a été frappé à la mémoire de Frédéric de Bade, après son décès; dès lors, on s'explique sans peine l'absence des armes de l'évè

(1) JOHAN Hubner, Geslacht rekenkundige Tafelen, tab 280.

(2) L'usage de porter ou d'ajouter à ses propres armes celles d'un royaume ou d'une seigneurie quelconque, lorsqu'on n'y possédait que quelques terres, ou même lorsqu'on n'y avait pas la moindre propriété, mais uniquement à titre de prétention, était très-fréquent au moyen âge. Ne vit-on pas les rois d'Angleterre écarteler leurs armes avec celle de France? Guillaume Henri de Nassau, plus tard connu sous le nom de Guillaume III, roi d'Angleterre, ne fit-il pas frapper en 4661 des monnaies, en qualité de prince d'Orange, avec les pleines armes de France? On pourrait citer un nombre considérable d'exemples análogues.

ché d'Utrecht, attendu que Frédéric, ayant été contraint, l'année avant sa mort, à céder pour une certaine somme annuelle le siége épiscopal à Philippe de Bourgogne, a dù conséquemment perdre le droit de porter les armes de cet évéché.

Frédéric de Bade, digne descendant de l'illustre et ancienne maison de ce nom, issue des ducs de Zähringen, fils de Charles, marquis de Bade et de Catherine d'Autriche, sœur de l'empereur Frédéric III, mourut le 24 septembre 1517, à Lierre en Brabant, où il s'était retiré après sa cession, regretté par ses sujets dont il avait justement conquis l'amour et l'estime.

Cte MAURIN NAHUYS.

3e SERIE. TOME III.

18

MÉDAILLE D'ALBÉRIC,

COMTE DE LODRON.

PL. IX, No 4.

Publier une médaille importante, qui a échappé à Van Loon et aux recherches de MM. de Jonghe et de Vries ('), est une bonne fortune assez rare, dont la Revue ne doit pas perdre l'occasion de profiter. Nous sommes redevable à l'obligeance de notre honorable confrère et ami, M. Théodore de Jonghe, de la communication de la pièce suivante :

Buste cuirassé et drapé à gauche, la tête nue : ALB. LO. CO. 3. VE. DNS. PHI. HISP. REG. .L. GER. CORO. (Albertus Lodronius Comes et Vestini dominus, Philippi Hispaniarum regis legionis germanica Coronellus.

Au revers Mars debout, appuyé sur sa lance, auprès d'un trophée d'armes; la Paix, également debout, tenant de la main gauche une branche d'olivier, auprès d'un trophée composé d'objets difficiles à déterminer, mais parmi lesquels on croit distinguer une charrue. A l'exergue : BELLO. PACEQZ. Pl. IX, no 1.

Cette belle médaille, coulée et ciselée comme on les faisait alors dans notre pays, est de cuivre doré; mais malheureusement la dorure au feu a détérioré la gravure et

(1) Nederlandsche gedenkpenningen verklaard, en met verdere bijdragen tot de penningkunde uitgegeven, 2 vol. in-4o, 4829-1837.

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