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dans le sable des rives et des iles de la Baltique, d'où l'on continue à les exhumer journellement. C'est en Angleterre qu'il faut aller pour trouver des collections principalement riches en productions numismatiques de l'Inde et de l'Asie centrale; tandis que le Musée asiatique de Paris présente les plus belles suites connues des monnaies africaines, de l'Asie-Mineure, de la Syrie et de l'Espagne. Quant aux monnaies frappées en Perse du vo au x° siècle de l'Hégire, bien qu'on en rencontre quelques représentants épars dans toutes les grandes collections, c'est encore, si je ne me trompe, la branche de la numismatique orientale où il reste le plus d'importantes lacunes à remplir. Cependant, plusieurs envois considérables de ces rares monnaies ont déjà été adressés par M. Fraehn, le fils du célèbre numismatiste, au Musée de l'Académie impériale de Saint-Pétersbourg; il a effectué ces précieux envois de Téhéran, où il a résidé pendant plusieurs années, et leur description a été consignée dans le Bulletin scientifique. En comparant mes propres découvertes à celles de mon devancier, il est impossible de méconnaitre l'identité de leur origine, en sorte que l'ensemble porte un cachet local incontestable. On comprend toute l'importance de ces rapprochements et de la connaissance exacte des lieux où les découvertes ont été faites, pour la détermination des monnaies sur l'attribution desquelles plane encore quelque incertitude. Ceci est particulièrement essentiel pour les monnaies en cuivre, beaucoup moins sujettes à se répandre au loin que celles en métaux plus précieux.

Indépendamment des divisions politiques des pays à différentes époques de leur histoire, divisions qui ont exercé

leur influence sur la nature des monnaies qu'on y a fait frapper; indépendamment de l'action du commerce dont le résultat est de transporter d'une extrémité du globe à l'autre certaines espèces qui deviennent courantes fort loin du lieu de leur émission; il faut encore tenir compte de l'action produite par la conformation orographique des grandes chaines de montagnes, qui créent des limites naturelles à la diffusion des monnaies. Ainsi, on peut observer que la chaine du Caucase sépare avec une précision parfaite le terrain où l'on trouve les monnaies samanides, djoudjides ou bien des khans de Crimée, de celui où abondent les selgioukides d'Icone, les houlagouïdes, les djelaïrides, etc. Le bassin de Khour, depuis Akhaltzikhy jusqu'au littoral de la mer Caspienne, montre une notable différence dans le numéraire qu'on y découvre, d'avec celui des trouvailles faites dans le bassin du Rion, de Koutaïs à la Mer noire. Enfin, les monnaies déterrées dans l'Asherbeidjan sont tout autres que celles de l'Iraque persique, du Mazenderan ou du Ghilan; il est à remarquer que ces dernières provinces essentiellement boisées et où l'agriculture est presque nulle, ne livrent leurs trésors qu'avec une extrême parcimonie, tandis que les découvertes sont fréquentes dans les pays régulièrement cultivés.

J'aurais pu donner un plus grand développement à ces considérations générales et je suis prêt à vous transmettre tous les renseignements que vous pourriez désirer, mais je crains de m'ètre déjà trop appesanti sur ce sujet, et je passe à la description des monnaies de mon envoi que j'ai lieu de croire inédites.

OMMEIADES (').

Pendant mon séjour à Téhéran, au mois de novembre 1858, on est venu m'apporter, sous le sceau du plus grand secret, un sac de dirhems, tous omméiades, qui venaient d'être découverts dans le voisinage immédiat de cette ville, et autant que je l'ai pu comprendre, près des ruines de Rey. La cause de ce grand mystère est la prétention du gouvernement à la propriété exclusive de toutes les trouvailles un peu importantes; en sorte que celles qui échappent à la vigilance du fisc, passent furtivement des mains de leurs détenteurs dans les creusets des orfévres qui sont obligés, sous peine de passer pour recéleurs, de prendre les plus grandes précautions pour consentir à vendre quelques pièces. Quant au Trésor, il fait fondre et monnayer tout ce qui lui parvient; c'est ainsi que dans le courant de cette même année 1858, et par ordre exprès de l'autorité, quatre mille drachmes arsacides, déterrées à Hamadan, deux mille autres pièces trouvées près de Kasbin et qui, presque toutes, appartenaient à la rare dynastie des Ak-Koyounli ou d'autres princes contemporains, ont été misérablement fondues; quatre ou cinq exemplaires seulement de cette dernière trouvaille ont échappé au désastre, je les ai vus entre les mains d'un amateur qui a bien voulu me céder l'exemplaire de Yakoub, faisant partie de mon envoi : de pareilles pertes pour la science sont vraiment déplorables.

Pour en revenir au sac dont je vous ai parlé plus haut, et que j'ai dû examiner fort à la bâte, il contenait mille

(1) Classe I, dynastie n° 1.

cinq cent quatre-vingt-huit dirhems, tous d'une conservation irréprochable, parmi lesquels j'ai retrouvé toute la série des dates connues, à partir du célèbre dirhem de Koupha, de l'an 79 (1), dont il y avait un exemplaire, jusqu'à une pièce inédite de Djesireh 132: près des 9/10 de ces pièces se rapportaient aux années comprises entre 110 et 130. Il ne s'y trouvait pas une seule abbasside, ce qui permet de fixer avec assez de vraisemblance l'époque de l'enfouissement vers l'année 134 de l'Hégire, époque où les Abbassides étaient déjà maitres, depuis deux ou trois ans, d'une grande partie de l'Empire, mais où leurs premières monnaies n'avaient pas encore eu le temps de se répandre. D'un autre côté, l'absence de toute monnaie sassanide, en particulier de celles qu'on avait continué à frapper avec ce type sous le règne des premiers khalifes omméiades, parait établir que ces monnaies avaient été mises hors de cours dans la seconde moitié de la durée de leur dynastie. Les dirhems les plus anciens de ce trésor appartenaient presque tous à la monnaie de Damas; Waseth commence à paraître en 85, mais cette ville figurait pour ainsi dire exclusivement entre les années 110 à 130. Basra s'est présenté à quelques dates égrenées et peu nombreuses; quant aux autres localités, représentées chacune par un nombre très-restreint d'exemplaires, je les ai toutes acquises sans exception. Ce triage a dù ètre fait sans aucun secours d'ouvrages qui auraient pu me guider dans le choix des dates, et avec une telle rapi

(1) L'amateur auquel je dois la pièce Ak-koyounli, M. Slivitzky, m'a montré un beau dirhem omméiade de la même année 79, qu'il possède dans sa collection; je crois cette date inédite pour l'or. (B.)

dité, que je puis avoir laissé passer pour Waseth des années qui manquent encore à la série de cette ville. Je regrette en particulier d'avoir rejeté sans examen les dates si communes de 125 et 126, dont il y avait plus de cent exemplaires, ne sachant pas alors le parti que j'aurais pu tirer des nuances de types et d'ornementation pour attribuer ces monnaies muettes aux règnes de Welid II, Yesid III ou Ibrahim, en me conformant au mode de classement dont M. le professeur Stickel et vous-même avez déjà fait une application si ingénieuse.

(1) 1. ABDUI-MELIK, FRAPPÉ A NERIM-KOBAD L'AN 80.
(PI. XIV, fig. 4.)

Type ordinaire; à l'avers, légende marginale, on lit :

الدرهم بنر مقباد في سنة ثمنين هذا

الله ضواب بسم

Si nous reproduisons ici cette rarissime monnaie dont Fraehn a le premier donné la description ('), c'est que l'attribution qu'il a proposée à une localité du nom de Beremkobad lui paraissait incertaine, et a fait naitre quelques doutes sur son exactitude, en particulier, dans l'esprit de M. le professeur Stickel, qui, induit sans doute en erreur par une figure fort mal exécutée, a pensé qu'on pourrait y lire (3), mais l'examen des éléments dont se com

(1) Toutes les pièces sans désignation de métal sont en argent. (*) FRAEHN: Numi Kufici ex variis musœis selecti, p. 30. 2) STICKEL Handbuch zur Morgenländischen Münzkunde, p. 9.

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