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stantin II, son fils, rapportées à l'an 516 ou 517 de l'ère chrétienne (1).

Ces dernières doivent servir à fixer l'époque de l'enfouissement du trésor.

Les violentes irruptions des barbares qui, vers le milieu du v° siècle, changèrent la physionomie ethnique des Gaules, furent déjà annoncées longtemps auparavant par l'infiltration insensible des peuplades germaniques.

Déjà, sous Gallien, vers le milieu du me siècle, nous voyons disparaître les camps et les lieux fortifiés de la rive droite du Rhin. Les races teutoniques, pour venger les défaites de leurs ancêtres, ravagèrent ces contrées et détruisirent entre autres dans le bassin de Neuwied les camps. de Heddendorf, de Nieder et d'Ober-Biber (2).

Dans le pays de Luxembourg plusieurs dépôts numismatiques, mis à découvert à Bettendorf, Lintgen, Grosbous, etc., et à Welscheid, dont les plus récentes monnaies datent à peu près de l'an 270, prouvent qu'une irruption des peuplades germaniques menaçait ces contrées à cette époque (3).

Le camp de Dalheim, la plus importante des positions militaires de notre pays sur la voie consulaire de Trèves à

(1) MEDIOBARBI, Imperatorum romanorum numismata. Mediolani, 1730, p. 474.

En 316, Constantin II était âgé d'un an, quand son père le nomwa César et frappa ces monnaies à son effigie.

(2) HOFFMANN, Ueber die Zustörung der Roemer Staedte an dem Rhein zwischen Lahn und Wied, 1823, p. 41.

(3) ENGLING, Die Roemer auf dem gebiete der gemeinde Burscheid, publications de la société archéologique de Luxembourg, t. XIV.

Metz, parait s'être soutenu plus longtemps. Un dépôt de 14,307 médailles découvert en ce lieu, en 1842 (1), constate une première destruction de ce camp. M. Senckler, d'après l'examen de ce dépôt, fixe à l'an 313 l'enfouissement de ce trésor occasionné par une invasion ennemie.

D'après Zosime (2), cette invasion eut lieu lors du mariage de Licinius avec Constantia, fille de Constantin le Grand, mariage qui se célébra à Milan au printemps de ladite année. Constantin, dit Zosime, fut obligé de quitter l'Italie, pour repousser les Germains, qui avaient profité de son absence et infestaient le Bas-Rhin.

En octobre 313, Constantin résidait paisiblement à Trèves où il s'occupait de régler la position des prêtres catholiques (3).

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Depuis lors il continua à résider à Trèves jusqu'en 316.

Cet empereur, dit dom Bouquet (*), quitta cette capitale des Gaules pour ne plus y revenir. » Il confia à ses généraux le commandement des armées. Le dernier décret de ce prince, daté de Trèves, est du mois de janvier de cette année (5). Il est probable qu'après le départ de Constantin les peuples du Nord essayèrent de nouvelles irruptions.

Le dépôt que nous venons d'interpréter parait en être un témoignage contemporain.

(1) A. Senckler, Trésor numismatique de Dalheim, publications de la société archéologique du grand-duché de Luxembourg, t. III, p. 69. (2) T. II p. 45.

(3) Codex theodosianus, titre De episcopo et clerico.

(*) BOUQUET, Recueil des historiens des Gaules, t. I, p. 754, et STEININGER, Gesch. der Trevirer unter der Herrschaft der Römer, p. 248. (5) Codex theodosianus, et BOUQUET, t. I, p. 745.

JETONS DU COMTÉ DE SAINT-POL.

PL. XIX.

Le comté de Saint-Pol ou Saint-Paul, en Artois, formait jadis une seigneurie particulière qui relevait du comté de Boulogne. Après que Charles-Quint, par les traités de Madrid, de Cambrai et de Crépy, et Philippe II, par celui de Cateau-Cambrésis, eurent renoncé à toutes leurs prétentions sur le Boulonnais, les rois d'Espagne ne cessèrent pas, pour cela, d'exercer la souveraineté directe sur le comté de Saint-Pol qui, malgré les réclamations de la France, demeura annexé aux Pays-Bas. Jusqu'au traité des Pyrénées, de 1659, Saint-Pol était donc bien une province belge; et nous pouvons la revendiquer, comme disent les Allemands, en vertu du droit historique. En attendant cette revendication (qui pourra longtemps se faire attendre), risquons une petite incursion, toute pacifique, sur cette ancienne partie de notre territoire.

Le premier comte de Saint-Pol, dont l'histoire ait conservé le souvenir, se nommait Hugues et vivait vers la fin du x siècle. Sa fille, Roselle, épousa un comte de Guines du nom de Raoul. Leur fils, Roger, fut comte de Saint-Pol, Tan 1040 environ. Les descendants mâles de ce Raoul conservèrent cette seigneurie jusqu'à Hugues, surnommé Champ d'Avesnes, dont la fille, Élisabeth, mariée, en 1196,

à Gaucher de Chatillon, fit passer Saint-Pol dans cette dernière famille.

En 1360, le comte Gui de Chatillon mourut sans enfants et laissa Saint-Pol à sa sœur, Mahaud, qui avait épousé Gui de Luxembourg, comte de Ligny.

Leur fils, Waleran de Luxembourg, connétable de France et comte de Saint-Pol, n'eut qu'une fille, Jeanne, épouse du duc Antoine de Brabant et mère de nos ducs Jean IV et Philippe. Ce dernier avait hérité de son aïeul, Waferan, le comté de Saint-Pol. Comme il était décédé lui-même sans héritiers directs, Saint-Pol échut par succession à sa grande tante, sœur de Waleran, Jeanne de Luxembourg, qui, en 1451, mourut aussi sans laisser d'enfants. Le comté passa, alors, à son neveu Pierre de Luxembourg, seigneur de Beauvoir, dont le fils, Louis, connétable de France, fut décapité en 1475.

Les deux fils du connétable furent successivement, mais de droit seulement, comtes de Saint-Pol; l'héritage de leur père ayant été confisqué par Louis XI. Pierre ne laissa qu'une fille, Marie, qui rentra en possession des biens de sa famille et épousa François de Bourbon-Vendôme, dont elle eut deux fils, Charles et François.

Le puiné, François, fut comte de Saint-Pol. Il eut pour femme, Adrienne, duchesse d'Estouteville et héritière des biens de cette riche famille. Leur fille unique, Marie de Bourbon-Saint-Pol, femme de Léonor ou Léon d'OrléansLongueville, succéda à toutes leurs propriétés.

La famille d'Orléans-Longueville conserva le comté de Saint-Pol jusqu'en 1705, que Marie d'Orléans, duchesse de Nemours, se trouvant sans enfants, vendit le comté de

Saint-Pol à la famille de Melun ('). Il échut ensuite, par héritage, à celle de Rohan-Soubise qui le possédait à l'époque de la révolution de 1789.

Aujourd'hui, la petite ville de Saint-Pol, qui compte environ 4,000 habitants, est un chef-lieu d'arrondissement du département du Pas-de-Calais.

La numismatique du comté de Saint-Pol, en ce qui concerne les monnaies, a fait le sujet d'un excellent article publié par notre regrettable confrère, M. Rigollot, dans la Revue française de 1850. Il y aurait peu de choses à ajouter à ce travail savant et consciencieux; mais les jetons de Saint-Pol sont encore très-peu connus. Trois de ces jetons seulement ont été publiés jusqu'à ce jour.

MM. Rouyer et Hucher, dans leur Histoire du jeton, ouvrage dont la seconde partie est impatiemment attendue des amateurs, ont fait connaitre, p. 161, un jeton de SaintPol du xiv siècle et qui doit appartenir à l'un des derniers comtes de la maison de Chatillon, Gui IV, Jean ou Gui V (1292-1360).

Le même ouvrage décrit également un autre jeton anonyme aux armes de Chatillon-Saint-Pol, qui est attribué à Guy IV, à cause qu'il porte, au revers, l'écu de France. Gui IV est, en effet, le seul des comtes de Saint-Pol de la maison de Chatillon qui ait exercé de hautes fonctions à la cour de France; il était grand boutillier, etc. Ce jeton

(1) Marie de Nemours mourut en 1707, et sa succession fut dévolue au comte de Matignon, qui descendait de la fille de Léonor d'Orléans et de Marie de Bourbon.

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