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ment qu'il date de la seconde moitié du xvi° siècle; alors que la terre de Boxtel appartenait à Jean de Hornes-Baucignies, baron de Boxtel, l'un des premiers signataires du Compromis des nobles. M. Goethals, dans sa belle généalogie de la famille de Hornes, a donné une biographie assez étendue du personnage auquel nous attribuons ce jeton.

Cependant, comme cette pièce ne porte aucun caractère de personnalité, notre honorable confrère et ami, M. Th. de Jonghe, préférerait la donner au chapitre de Saint-Pierre, à Boxtel, et en faire un méreau ecclésiastique. L'absence de tout signe religieux s'expliquerait toutefois difficilement, dans cette dernière supposition ('). Nous croyons qu'il est plus probable qu'il faut y reconnaitre un de ces jetons comme en faisaient frapper alors les nobles et les magistrats supérieurs, pour l'usage de leur maison et la tenue de leur comptabilité.

A l'extinction de la maison de Hornes, Boxtel passa, par succession, à la maison de Salm-Kyrbourg et fut vendu par celle-ci, à un M. Senardens de Grancij. Le château appartient aujourd'hui à M. Bogaert, de Tilbourg. Sic transit gloria mundi.

11.

Écusson orné et contourné aux armes de la famille Vanden Berghe, qui sont d'azur au chevron d'or accompagné de trois coquilles d'argent.

(") Ce chapitre, fondé par les anciens seigneurs de Boxtel (MIRÆUS, t. I, p. 466), se composait de sept chanoines et d'un doyen. Il était sous le patronat et à la nomination de la maison de Hornes. A la paix de Munster, il fut sécularisé.

Écusson en losange, parti des mêmes armoiries et de celles de la famille Ysebrant, d'or au castor au naturel élancé en bande. (la forme de l'écu a forcé le graveur de le poser en pal). CORONA VIRI MVLIER : SAPIENS en exergue 1353.

Cuivre rouge.

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Collection de M. Vanden Broeck.

Il existe en Belgique plusieurs familles du nom de Vanden Berghe ou Vanden Berghen. Celle qui portait les armoiries qui figurent sur ce jeton, aujourd'hui éteinte, eut pour dernier représentant Ignace Joseph Vanden Berghe, baron de Potteghem, chanoine de Saint-Gommaire, pléban et archiprêtre du district de Lierre en Brabant, mort le 11 juin 1765, et enterré dans la nef latérale gauche du chœur de l'église de Lierre. Son épitaphe porte: ultimus suæ familiæ mas. On y voit les mêmes armoiries que sur le jeton; l'écu timbré et sommé d'une couronne de baron, supporté de deux lions d'or armés et lampassés de gueules.

La famille Ysebrant, ci-devant Bevervoorde, originaire de la Westphalie, a des prétentions à une haute antiquité. Le comte de Saint-Genois, dans ses Monuments anciens, t. II, p. 122, la fait remonter, jusqu'au seizième degré, à l'an 1320. Notre savant généalogiste Goethals, dans son Dictionnaire généalogique et héraldique, prend, pour point de départ, Marc Ysebrant, greffier de Saint-Paul, mort en 1622; mais il n'a voulu, dit-il, admettre que des filiations établies par pièces authentiques et probantes, ce qui n'est pas toujours facile à administrer. Notre jeton montre au moins que cette famille usait d'armoiries dès le xvr° siècle.

Elle compte aujourd'hui plusieurs branches reconnues dans la noblesse du royaume. Et de plus, un pharmacien de Bruxelles, du nom d'Ysebrant et qui parait en effet appartenir à cette famille, orne ses fioles et ses boites à pilules d'une jolie vignette gravée, portant l'écusson d'or au castor en bande, timbré d'un heaume et orné de lambrequins. C'est une de ces fioles qui nous a mis sur la voie pour déchiffrer ce jeton énigmatique. Le hasard est un grand maître.

Le jeton de 1553, a évidemment été gravé pour un Vanden Berghe, qui avait épousé une Ysebrant. M. Goethals, à l'obligeance duquel nous avons eu recours, a trouvé, dans sa riche collection d'archives archéologiques, qu'une demoiselle Perrine Ysebrant, dont le père, Antoine Ysebrant, florissait en 1505, épousa un Jean Vanden Berghe. Elle devait avoir, en 1555, un âge déjà mûr, l'âge de la sagesse (mulier sapiens). Ce ne sera donc pas un jeton de mariage, comme nous l'avions cru d'abord. Peut-être a-t-il été frappé à l'occasion de quelque magistrature qui aurait été exercée par Jean Vanden Berghe. Malheureusement, nous n'avons pu nous procurer sur ce personnage aucun renseignement biographique.

La légende corona viri mulier sapiens a été également employée sur un jeton de 1547, que Van Orden a catalogué sous le n° 441. C'est probablement un passage de l'Écriture sainte, comme presque toutes les légendes de ce genre. Nous ne l'avons cependant pas trouvé dans les concordances de la Vulgate. Celui qui s'en rapproche le plus est au chap. XII, v. 4, des Proverbes de Salomon- - qui se connaissait en femmes : mulier diligens corona est.

III.

La Vierge, tenant l'enfant Jésus, assise sur un trône et ayant à ses pieds le globe terrestre: DOMINE CONSERVA * NOS. *

Un puits avec seau et corde, accosté de deux croix de Bourgogne traversant le briquet: AQVARVM: VIVENTIVM: 1585.

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Ce jeton appartient à notre pays, comme le prouve assez la présence de la croix de Bourgogne et du briquet de la Toison d'or. Son style, sa gravure et sa fabrication ont la plus grande analogie avec les jetons que Jérôme Henault grava à Mons, de 1580 à 1587. Ne pourrait-on pas, à cause de ces circonstances, l'attribuer à la chapelle de Notre-Dame de la Fontaine, à Chièvres? Cette chapelle, qui appartenait à une confrérie nombreuse et ancienne, avait été érigée d'abord en 1315, puis rebâtie en 1326 et en 1632. Elle fut détruite en 1798, et l'on transféra alors la statue de la Vierge dans l'église paroissiale qui était restée ouverte au culte. Les revenus de cette chapelle, en terres et en rentes, s'élevaient, dans les derniers temps, à la somme de 1932 livres 10 sols. Quant à l'usage spécial auquel cette pièce a pu être destinée, il serait assez difficile de le dire. En l'absence de toute indication de valeur ou autre, il est peu probable qu'elle ait servi de méreau pour constater la présence aux offices que célébraient dans cette chapelle des prètres de l'Oratoire. Elle n'a pas, non plus, l'apparence

d'une médaille de dévotion ou de pèlerinage; ces pièces sont toujours munies d'un anneau pour les suspendre.

On remarquera que la légende du revers doit se lire, en commençant par le mot puteus exprimé par le puits luimême : puteus aquarum viventium. Ce passage du Cantique des Cantiques (1) a été souvent appliqué à la vierge Marie.

Ajoutons, enfin, pour appuyer notre conjecture, que le puits qui se trouvait au milieu de la chapelle de Chièvres, ressemblait beaucoup à celui du jeton. Il était garni d'une margelle de marbre et de deux tiges de fer qui soutenaient une poulie à laquelle deux seaux étaient suspendus.

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Deux pièces à peu près semblables, portant les dates de 1573 et 1588, ont été publiées, en 1851, par M. Rossignol, dans ses Libertés de la Bourgogne. L'auteur croit que ces jetons ont rapport à la Ligue, qu'ils sont une protestation catholique contre l'hérésie « dont l'invasion devait aboutir « à l'anarchie ou au despotisme..... L'eau qui donne la vie n'était pas celle qui venait du lac Léman, mais celle dont « Jésus parlait à la Samaritaine. Ce n'était pas cette « liberté qui attaque toute civilisation, mais cet heureux mélange de raison et de foi, de dogme et de philosophie,

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<< d'autorité et de liberté, qui se trouve aux racines mêmes

de la nature de l'homme. PUTEUS AQUARUM VIVENTIUM;

« c'est là qu'il faut puiser si vous voulez avoir la vie, etc. » Tout cela est sans doute fort beau et surtout fort orthodoxe, mais nous avons en vain cherché « à grand renfort de besicles » ce que la Ligue pouvait avoir de commun avec ces jetons. M. Rossignol ignore, dit-il, où ils ont été frappés.

(1) Chap. IV, vers. 15.

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