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certain intérêt par les amateurs de la numismatique des anciennes provinces des Pays-Bas. Cet atelier a d'ailleurs été établi dans des circonstances qui lui donnent, au point de vue historique, une importance réelle; si nous n'insistons pas sur cette question, c'est qu'elle nous parait démontrée par la simple lecture des pièces qui vont suivre. Notre mérite, si c'en est un, doit se borner à avoir remarqué ces pièces dans le volume où elles reposaient ensevelies, et à les avoir arrachées à un plus long oubli. N'ayant, pour cette fois, d'autre but que de produire des preuves à l'appui d'un travail fait, nous serons sobre de réflexions personnelles et d'annotations. Enfin, et pour ne pas abuser de l'hospitalité que la Revue veut bien accorder à cet article, nous ne donnerons dans toute leur étendue que les titres qui nous paraîtront en valoir la peine, et nous ne ferons qu'analyser ceux au sujet desquels un mode de publication plus complet nous paraîtrait superflu pour la généralité des lecteurs.

Toutes les copies des titres ci-dessous, insérées dans la collection Colbert, sont censées avoir été collationnées par l'historien Denis Godefroy, dont elles portent la signature, et qui avait été commis par Louis XIV « à la garde et recherche des titres et registres de la chambre des comptes de Lille.» Chaque copie porte en outre l'indication du registre des archives d'où elle a été tirée. Nous avons cru devoir conserver cette indication à la suite du sommaire de chacun des documents que nous publions, afin de faciliter les moyens de confrontation des textes pour les passages qui pourraient paraitre obscurs ou mal reproduits dans lesdites copies, sur lesquelles nous avons fait les nôtres.

I

Lettres de Philippe II, roi d'Espagne, instituant une monnaie en la ville d'Arras. A Mons, le 11 juillet 1581. (Registre des chartes, coté n° 35, fol. 22 vo.)

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PHILIPPES, etc. A tous ceux qui ces présentes verront, salut. Receu avons l'humble supplication de nos bien amez les mayeur et eschevins de nostre ville d'Arras, contenant comme en tout nostre comté d'Artois se retrouveroient peu d'espèces d'or et d'argent de nostre forge, ains seullement de celles estant ès pays tenans party à nous contraire ('), indignes de tel bénéfice; mesmes en toutes nos provinces réconciliées seroit grande courteresse de menue monnoye; voires se présenteroient plusieurs pièces d'argent venant de France, grandement courtes et rognées, méritans d'estre coupées et de nouveau forgées de juste poix, à quoy ne pourroit estre remédié faute de forges èsdites provinces réconciliées. Et il soit que lesdits remonstrans ayent donné ouverture, tenu la main bonne et des premiers se résoluz à la réconciliation avec Nous, y attirans autres provinces. A cette cause ils Nous ont très-humblement supplié et requis qu'il Nous pluist favoriser ladite ville d'Arras, chief et capitale de celles de nostre pays et comté d'Artois, pouvoir instituer en icelle une forge de monnoye d'or et d'argent selon le pied que se tiendroit en nostre ville de Maestricht, et permettre que le petit gaing qui en pourroit tirer fût mis

(') La Hollande et les autres provinces non réconciliées, désignées depuis 1579 sous le nom de Provinces-Unies.

et converty à la descharge et acquict des debtes d'icelle ville grandement arrierrée, et sur ce leur faire despescher nos lettres patentes en tel cas pertinentes.

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Sçavoir faisons que Nous, les choses susdites considérées, et sur icelles eu l'advis, tant de nos amez et féaux les gens de nostre conseil privé, que des chief, trésorier général et commis de nos domaine et finances, inclinans favorablement à la supplication et requeste desdits mayeur et eschevins de nostre dite ville d'Arras, supplians, avons, par la délibération de nostre très-chier et très-amé bon nepveu le prince de Parme et de Plaisance, lieutenant gouverneur et capitaine général de nos pays de pardeçà, consenty et accordé, consentons et accordons de grâce espécialle par ces présentes, aux gouverneur ou son lieutenant, mayeur et eschevins d'icelle ville, qu'ils puissent et pourront instituer et ériger en ladite ville d'Arras une forge de monnoye d'or et d'argent, selon l'ancien pied et ordre de nos monnoyes de pardeçà. Bien entendu que au regard du gaing ou droict seigneurial qui procédera de ladite monnoye, dont lesdits de la ville d'Arras requièrent joïr pour le convertir au payement des debtes d'icelle ville; attendu que ce seroit aliénation de nos droicts, hauteur, prééminence et domaine, et que le semblable ne se trouve avoir esté accordé à autres villes là où anchienement il y a eu forge de monnoye, ains sont les maistres particuliers de nos monnoyes tenus rendre compte et respondre à nostre prouffit dudit droict seigneurial, lequel s'employe à l'advanchement des gages des officiers de nosdites monnoyes, veu aussy le notable interrest que nous supporterions en leur accordant ledit droict seigneurial, Nous voulons et ordonnons que icelluy

demeurera à nostre prouffit, et que le maistre particulier de ladite monnoye d'Arras en rendra compte et reliqua comme se fait en nos autres monnoyes de pardeçà, et comme présentement avons aussy ordonné en nostre dite ville de Maestricht, en gardant en tout et pour tout l'instruction et règlement donné tant au poix et alloy et toutes autres ordonnances requises et nécessaires pour le bon exercice des monnoyes d'or, d'argent et de bronze, qui sera donnée par escript, sous la signature de nostre audiencier, au maistre monnoyeur de cette nouvelle monnoye, en conformité de quoy icelluy aura à se conduire et régler, ensamble les autres officiers d'icelle monnoye, auparavant de pouvoir battre ou eschiller aucune espèce de monnoye soit d'or, d'argent ou de bronze.

» Et affin que l'exécution de ladite forge ne soit postposée et mise en long, et que n'usans les supplians de cestuy nostre octroy le puissions consentir et octroyer à d'autres, Nous entendons et voulons que en dedans trois mois prochainement venans ils seront tenus faire mettre en ordre la maison où se forgera ladite monnoye, en tel estat que pour y pouvoir monnoyer sur le pied que dessus avant l'espira tion dudit temps, dont ils seront tenus faire deuement apparoir, pour après estre ordonné et pourveu des officiers d'icelle monnoye à ce nécessaires, à peine de perdre l'effect de ces dites présentes; pourveu que lesdits d'Arras seront tenus présenter ces mesmes présentes originalles tant au conseil de nosdites finances que en nostre chambre des comptes à Lille pour y estre icelles respectivement enregistrées, vérifiées et interrinées à la scureté de nos droicts, là et ainsy qu'il appartiendra.

» Si donnons en mandement à nos amez et feaulx les chiefs, présidens et gens de nostre conseil provincial d'Artois, ausdits de nos finances, président et gens de nosdits comptes à Lille, et à tous autres nos justiciers, officiers et subjets cui ce regardera que de cette nostre présente grâce, octroy, consentement et accord, aux conditions, selon et en la forme et manière que dit est, ils facent, souffrent et laissent lesdits mayeur et eschevins de nostre dite ville d'Arras, supplians, plainement et paisiblement joïr et user, sans leur faire, mettre ou donner, ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun trouble, destourbier ou empeschement au contraire. Car ainsi Nous plaist-il. En tesmoing de ce Nous avons fait mettre nostre scel à ces présentes. Donné en nostre ville de Mons le xj jour de juillet l'an de grâce mil cincq cens quattre-vingt-ung, de nos règnes assçavoir des Espagnes, Sicilles, etc., le xxvje, et de Naples, le xxviijo. »

Sur le reply estoit escript« Par le Roy, le prince de Parme, gouverneur général, etc., le comte de Bucquoy, chief, messire Godefroy Sterck, chevalier, trésorier général, Pierre Doverloepe S' de Hauvines et autres présens. Ainsy signé « WERREYCKEN. »

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Suit l'entérinement dans les formes ordinaires. La chambre des comptes de Lille, sous la date du 27 septembre 1581, y met pour condition expresse « que les impétrans desdites lettres seront tenus de en toute diligence faire mettre en estat deu, pour pouvoir besoigner, la maison où se forgera la monnoye en la ville d'Arras, et d'en faire apparoir au plus tard par déans le Noël prochain.

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