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triple liste de souscription a donc été dressée; 25 centimes par souscripteur sont alloués au porteur de ces listes. La liste déposée à l'entrée de la salle est en un instant couverte de signatures.

Le conseil a fixé les jours des séances du Congrès de la manière suivante: les samedi 15 septembre, lundi 17, mercredi 19, vendredi 21, lundi 24, mercredi 26, vendredi 28, lundi 1er octobre, mercredi 5, vendredi 5, lundi 8, mercredi 10, vendredi 12, lundi 15 et mercredi 17. Le bureau sera réuni à midi et demi et la séance s'ouvrira chaque jour à une heure très précise.

M. le président, au nom de l'assemblée, remercie M. Moreau de Dammartin de l'hommage qu'il a fait à l'Institut Historique de l'empreinte en plâtre du monument babylonien de la Bibliothèque du roi; cette empreinte, que lui a accordée M. Letronne, orne la salle de nos séances. M. Moreau a expliqué les figures qui couronnent le monument; c'est, suivant lui, un zodiaque. Il ne s'est pas encore occupé de l'interprétation des caractères cuneiformes qui couvrent la partie inférieure du monument.

Rapport verbal de M. Achille Jubinal sur le voyage historique qu'il vient d'achever. Il était parti de Paris avec notre collègue M. de Sansonetti dont tout le monde connaît l'habileté dans les arts du dessin. Ils visitèrent ensemble à Nancy l'église Saint-Epvre où se trouve une fresque, faussement attribuée à Léonard de Vinci. Cette peinture murale, qui est d'une date antérieure, représente les miracles de la Vierge; elle n'a jamais été dessinée; M. de Sansonetti en exécutera copie.

« Nous visitâmes ensuite, dit M. Jubi

nal, la bibliothèque publique où nous trouvâmes un calice ou ciboire donné par le duc Charles IV à cet établissement. Ce vase représente, en ciselure d'une grande finesse, le globe terrestre avec ses continents, ses iles et ses mers; M. de Sansonetti en exécutera une copie.

a A Strasbourg, je visitai le temple neuf où l'on voit une danse des morts, découverte en 1824 sous une couche de badigeon; puis, la bibliothèque où je rencontrai, dans une des salles non ouvertes au public, une belle collection d'instruments de musique venant de la corporation des ménétriers aux XIIIe et XIV.

siècles; des vitraux magnifiques; deux enseignes municipales du plus haut intérêt, etc. Tous ces objets seront dessinés par M. de Sansonetti.

« A Bâle je fais dessiner par M. Jérôme Hess la cotte de maille du Téméraire; le

chanfrein de son cheval; des seringues monstrueuses qui nécessitaient l'intervention de 3 hommes et à l'aide desquelles on jetait de l'eau bouillante aux assiégés; l'épée d'Erasme; des poignards représentant une danse des morts que la ciselure reproduit sur le fourreau, etc. J'y fais aussi copier les scolies grecques inédites d'Elias de Crète sur saint Grégoire de Naziance.

« A Zurich j'ai fait prendre copie dans la bibliothèque d'un atlas nautique exécuté en 1321 par un certain Visconte Visconti pour le doge de Venise. Cet atlas peint sur bois se compose d'une douzaine de feuillets. Dans la même ville, à l'arsenal, j'ai fait dessiner de belles épées à deux mains, et des outres qui contenaient le vin des soldats dans les anciennes armées. A la maison de ville j'ai fait copier une belle

enseigne donnée par Léon X et une épée donnée par Jules II.

« A Lucerne j'ai pris l'empreinte de trois sceaux remarquables: le sceau en or du duc Charles, pris à Morat; celui de René d'Anjou, bâtard de Bourgogne; et celui de l'Université de Lucerne.

« A Berne, après avoir examiné les 1100 manuscrits de Bongars, j'ai transcrit, à la bibliothèque, tout ce qui m'a paru digne d'intérêt. Je termine cette partie de mon travail et elle paraîtra bientôt. A Berne encore j'ai fait dessiner les tapisseries, vêtements, ornements d'autel, etc., conquis à Morat sur le duc Charles, en tout 54 objets que je fais graver en ce moment. Pour vous en donner une idée il me suffira de vous dire que quelques-uns ont plus de 30 pieds de long et contiennent plus de 200 figures; ils n'avaient jamais été publiés.

« J'ose espérer, Messieurs, dit en finissant M. Jubinal, que ces détails rapides que je vous transmets de mémoire vous intéresseront, et qu'en attendant la publication à laquelle ils donneront lieu, vous ne les trouverez point indignes d'avoir occupé un instant votre attention. »

Plusieurs de ces dessins habilement tracés circulent dans l'assemblée dont ils excitent l'admiration. M. Jubinal offre à la Société de lui confier la gravure d'un de ces dessins dont elle pourra enrichir une livraison du journal. Il n'y aura d'autres frais à faire que ceux du tirage et du papier.

Le rapport de M. Jubinal a constamment captivé l'attention de l'assemblée qui lui vote des remerciments. Sa proposition, accueillie avec reconnaissance, est renovyée au conseil. Il en est de même de

celle de M. Moreau de Dammartin qui a offert, pour une autre livraison, le tirage complet du dessin du monument américain de Taunstons à autant d'exemplaires que l'Institut Historique compte de membres.

M. Lucien de Rosny rend compte de ses recherches archéologiques dans Melun, recherches qui lui promettent, dit-il, une moisson abondante. Il ne désespère pas de fonder, dans cette ville, une Société historique, et compte beaucoup, pour réussir, sur l'appui de l'autorité municipale. Ses investigations se sont portées aussi sur la bibliothèque publique où il a découvert, entre autres richesses, un manuscrit d'un chanoine de Cambrai, qui date du xvie siècle, et dont il communique quelques fragments.

M. de la Pylaie continue à entretenir l'assemblée de ses excursions archéologiques dans les environs de la capitale. Il parle d'abord de l'église de Saint-Spire, de Corbeil, fondée en 940 par Haimond, comte du pays, incendiée en 1140, rebâtie plus tard, et dont la dédicace n'eut lieu qu'en 1437. Cette église, dit-il, n'est pas indigne de l'intérêt de l'archéologue. << Dans les temps reculés, continue-t-il, l'entrée du vallon de la Ruine, ou rivière d'Essonne, était un lac qui a fini par se changer en tourbière, puis en prairie. En arrière de l'ilot de Notre-Dame, qui devait être la Cité primitive, était celui sur lequel nous voyons l'élégante chapelle de Saint-Jean-en-l'Ile, bâtie par Ingelburge, de Danemark, femme de Philippe-Auguste, et dans laquelle eile fut inhumée en 1236. Les divisions de la rivière ne sont plus aujourd'hui que de petits canaux d'irrigation. Sur la rive gauche se trouve Essonne qui serait peut-être le véritable Iosedum,

39 ans. Un grand nombre de Polonais et une députation de l'Institut Historique assistaient au service funèbre qui a eu lieu à l'église Saint-Sulpice.

- Notre collègue M. le comte d'Allonville publie ses Mémoires secrets, de 1770 à 1830, chez Werdet, libraire, rue de Seine-Saint-Germain, 49. C'est la suite et le complément de ses Mémoires tirés des papiers d'un homme d'état, qui ont paru chez le libraire Michaud, et dont le succès a été européen. L'honorable auteur n'est point de ceux qui composent effrontément un livre en dépeçant d'autres livres, et qui prétendent avoir été mêlés à tout lorsqu'ils n'ont rien vu ni rien su. Lui ne raconte que ce dont il a été acteur ou témoin, ou ce qui lui a été révélé par des autorités irrécusables, ou ce qu'il a puisé dans des pièces diplomatiques jusqu'à présent inconnues. Sous sa plume l'ancien régime, la révolution, l'empire, la restauration prennent un nouvel aspect. On reste abasourdi devant les on-dit, les bruits les moins fondés, les calomnies les moins probables, les erreurs les plus absurdes sur lesquels s'est appuyée jusqu'à présent l'histoire contemporaine. C'est ici un livre de bonne foi et de bon goût, destiné à rendre un immense service. Il sera publié en quatre livraisons. Tous les deux mois paraîtra une livraison composée de deux volumes de 400 à 450 pages. La première est en vente. La 1re classe de l'Institut Historique (Histoire de France) a chargé le secrétaire perpétuel de lui en rendre compte.

-La Société d'agriculture, du commerce, des sciences et des arts de la ville

de Calais a arrêté, dans sa réunion du 12 avril, que dans sa séance publique du 11 octobre prochain il serait décerné une médaille d'or de la valeur de 200 fr. à la meilleure dissertation sur le Dévouement d'Eustache de Saint-Pierre et de ses

compagnons, en 1347.

Cette dissertation, tout en contenant le panégyrique de l'action héroïque des grands citoyens de Calais, aura pour but principal de combattre les doutes historiques qui ont été jetés sur elle, entre autres par l'historiographe de Bréquigny, et par l'un des derniers lauréats de la Société des antiquaires de la Morinie.

Les mémoires devront être adressés, francs de port, à M. le secrétaire de la Société de Calais, rue Notre-Dame, no 48, et être parvenus avant le 1er octobre.

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phique, statistique et anecdotique, 1 vol. in-8° de plus de 500 pages avec gravures. Le titre d'Annuaire ne conviendrait peut-être pas à cette publication qui, loin d'avoir adopté le système aride de ces sortes d'ouvrages, offre un recueil inépuisable de documents empruntés à l'histoire de nos armées. Il n'est annuaire qu'en ce sens qu'il se renouvellera tous les ans et ouvrira, à partir de 1839, une série de volumes qui formeront entre eux une chaine non interrompue. C'est le fruit de longues années de réflexions et de travail. On y trouvera une histoire complète de notre organisation militaire et de celle de tous les peuples anciens et modernes, des notices curieuses sur leurs forces militaires de terre et de mer, leurs ordres de chevalerie, leurs places fortes, etc.; un récit des belles actions de nos armées dans tous les siècles, sans différence d'opinion; le tout précédé d'un calendrier-éphéméride dont chaque jour sera signalé par deux victoires françaises, avec le nom de l'ennemi vaincu et du général vainqueur. On y trouvera encore l'analyse des lois et ordonnances et le compte rendu des ouvrages militaires qui auront paru dans l'année. L'Annuaire militaire paraîtra dans la deuxième quinzaine de décembre, chez M. le capitaine Sicard, rue Plumet, 4 bis, et au bureau du journal L'Armée, rue Sainte-Anne,46.

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« Alexandre, pour se reposer des fatigues du combat et satisfaire en même temps sa sollicitude, ne voulant pas quitter Ptolémée (un de ses généraux blessés), fit apporter son propre lit auprès du sien. Dès qu'il y fut couché il s'endormit profondément. A son réveil, il conta qu'il avait vu en songe un dragon portant dans sa gueule une herbe qu'il lui avait montrée comme un spécifique contre le poison; il dépeignit même la couleur et la forme de l'herbe, assurant qu'il la reconnaitrait bien si on pouvait la trouver. On la trouva bientôt, parceque plusieurs se mirent à la chercher. Le roi lui-même l'appliqua sur la plaie; aussitôt la douleur s'apaisa, et la plaie se cicatrisa en peu de temps. >>

Le Secrétaire perpétuel, EUGÈNE DE MONGLAVE.

TROISIÈME CONGRÈS HISTORIQUE.

SUITE ET FIN DE LA QUINZIÈME ET DERNIÈRE SÉANCE.

(Mercredi 4 octobre 1837.)

Présidence de M. Dufey (de l'Yonne.)

Discours

Discours de M. Armand Fouquier sur cette question: Quelles sont les modifications qu'a subies l'histoire comme science philosophique depuis son origine jusqu'à nos jours? — Discussion. de clôture du Congrès historique de 1838.

En écrivant ce mémoire, dit M. Fouquier, je n'ai pas eu la prétention de faire une dissertation savante, digne de l'Académie des inscriptions et belles-lettres; cette œuvre eût été au-dessus de mes forces, et, je le crois, en dehors du vrai but du Congrès historique. L'érudition, les recherches particulières destinées à augmenter les résultats positifs de l'histoire, sont l'objet des travaux intérieurs de l'Institut Historique et la matière de son immense correspondance; mais le vrai but du Congrès historique, c'est de mettre en présence, d'éclairer et surtout d'éprouver les généralisations, les systèmes, les idées. Je ne viens donc pas vous soumettre une longue liste d'historiens, mais seulement arrêter quelques instants vos regards sur les résultats les plus élevés des travaux de quelques hommes de génie.

A quelle époque est née l'histoire considérée comme science philosophique, ou, pour user d'une expression consacrée par la philosophie de l'histoire, quels ont été 50% Livraison. Septembre 1838.

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ses progrès, quelle en a été la raison et la mesure? Voilà ce que je me suis proposé d'examiner. Mais surtout, ce que je veux chercher à établir, c'est quelle est, selon moi, la destinée de l'histoire au dix-neuvième siècle, la valeur du dernier progrès de cette science philosophique et les chances de progrès nouveaux qui lui restent à faire. C'est là, je le crois, la question la plus intéressante que nous puissions nous poser. Qu'a-t-on fait, que fai. sons-nous, que nous est-il réservé de faire? C'est tout à la fois une question de gloire présente et d'avenir; et, vous le savez, c'est la question qui agite tous les esprits à cette heure, qui préside à toute étude, à toute production, à toute institution contemporaine, et en particulier à celle de l'Institut Historique.

L'histoire, Messieurs, est en même temps et le premier besoin et la première production de l'esprit humain. Quand une littérature s'éveille, l'histoire apparaît à son berceau, avec des formes qu'elle perdra sans doute, avec un nom qu'elle ne

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