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bon de donner à celle-ci le temps de se faire; d'ailleurs ces sortes de malades, en raison de leur tempérament, supportent parfaitement les bains prolongés. A Vichy on compte peu sur l'effet des bains, à cause du peu d'abondance des sources par rapport au nombre des baigneurs, et le plus souvent l'eau naturelle y est additionnée d'eau simple.

Les pommades alcalines des formulaires sont composées de: carbonate de potasse, 4 grammes; axonge, 30; plus un peu de chloroforme ou de camphre. Nous ferons observer d'abord que cette dose de carbonate est trop forte, et en second lieu qu'on doit en exclure le carbonate de potasse, à moins toutefois qu'on ne l'emploie comme moyen empirique dans quelques cas de lèpre vulgaire, dans certains psoriasis invétérés et qui ont résisté à tous autres moyens de traitement, même à l'usage interne des solutions arsenicales. Dans les cas de lichen, on ne doit pas dépasser 5 décigrammes à 1 gramme de carbonate de soude pour 30 grammes d'axonge; cette dernière duse ne sera prescrite que dans les lichens chroniques en agissant autrement, on s'exposerait à surexciter la maladie qui commence à s'éteindre. Une précaution pratique qu'on ne devra pas omettre en formulant la pommade, c'est de recommander au pharmacien de dissoudre le carbonate de soude dans quelques gouttes d'eau avant de l'incorporer à l'axonge; s'il se bornait à l'incorporer en poudre, il y aurait contact direct des molécules du sel libre avec la peau, et par suite irritation plus ou moins vive de ce tissu.

Parfois on se sert aussi de lotions alcalines, c'est surtout dans les cas ou l'on craint que la graisse ne rancisse. Ainsi, chez les femmes qui ont les cheveux longs, on ne peut guère employer une pommade pour le cuir chevelu; car la graisse, emprisonnée au milieu des cheveux plus ou moins serrés et couverts, s'échauffe, rancit, se mele avec l'exsudation morbide, et forme un corps étranger dont la présence irritante perpétue la maladie au lieu de la guérir. Même chez les personnes qui ont les cheveux assez courts, on doit user avec discrétion des pommades, et en tous cas prescrire tous les deux jours un lavage avec une solution alcaline ou au moins savonneuse, car l'usage prolongé des solutions alcalines décolore les cheveux et les fait rougir. (Voy. Formulaire, LOTIONS.)

Les agents de la médication alcaline, que nous venons de faire

connaître d'une manière sommaire, peuvent être appliqués à trois ordres différents de maladies de la peau : l'état papuleux principalement, ou les diverses variétés de lichen chronique, le lichen agrius excepté; au moins réclame-t-il de préférence un autre agent médicamenteux; en second lieu, certaines formes de psoriasis; en troisième lieu, la teigne.

Survenant presque constamment sur des sujets nerveux et sanguins, ou nerveux et bilieux, se montrant tantôt sous la forme aiguë, tantôt sous la forme chronique, le lichen est souvent lié à des gastralgies avec productions acides, qui guérissent sous l'influence des alcalins en entraînant la guérison de l'affection de la peau qu'elles ont fait naître. C'est là, il faut bien le dire, la cause la plus commune des succès de cette médication, mais en dehors même de ces conditions les alcalins réussissent encore.

On sait d'ailleurs qu'en thèse générale les alcalins conviennent parfaitement aux sujets de tempérament nerveux et bilieux, les opiacés exaspérant à la longue ces démangeaisons. L'aconit est employé par certains praticiens dans ces sortes de cas; notre collègue M. Cazenave le prescrit souvent; il ne nous a jamais amené d'amélioration notable dans l'état général ou local.

Dans certaines formes squameuses de psoriasis ou de lèpre vulgaire qui ont résisté au goudron, ou pour lesquelles les malades répugnent à l'usage de cet agent, on emploie avec avantage la médication alcaline; mais, tandis que dans le lichen la peau est d'une irritabilité extrême, dans les affections squameuses, au contraire, elle est épaisse et presque insensible. L'affection squameuse n'amène aucune démangeaison, de sorte que les doses alcalines peuvent être fort élevées sans inconvénients; ce n'est même qu'à cette condition que l'on obtient la guérison de la maladie de la peau.

Quant à la teigne, on sait que les alcalins forment la base de la poudre, ou cendre, ainsi que de la pommade employées par les frères Mahon. Leur traitement est généralement suivi de succès, mais à la condition, d'une part, qu'il soit mis en usage pendant un temps qui varie de huit à quinze mois, et qu'il soit employé avec des soins de propreté tout particuliers; aussine réussit-il pas entre toutes mains, et nous aurons plus tard occasion de faire connaître les ré

sultats comparatifs de diverses méthodes propres à guérir la teigne, méthodes essayées sur des sujets malades depuis longues années, et chez lesquels la médication par les alcalins a été tout à fait insuffisante. (Voy. TEIGNE.)

Parmi les sédatifs les plus puissants de la démangeaison dans les affections papuleuses, on peut citer le chloroforme, l'éther et le camphre. Le médecin retire des avantages immenses de l'emploi de ces agents, en les associant à l'axonge dans la proportion de 1 à 2 grammes pour les deux premiers, et de 25 centigrammes à 5 décigrammes pour le dernier. Mais ces trois médicaments ne doivent pas agir de la même manière : les deux premiers sont, en effet, très volatils; le second est fixe comparativement aux deux autres. Or le chloroforme et l'éther, en se volatilisant, amènent un refroidissement de la peau, entraînant une soustraction très grande de calorique qui doit exercer une influence très puissante sur la démangeaison; d'une autre part, ils doivent agir aussi par leur influence sédative sur le système nerveux, quand le malade est couché et placé dans une atmosphère de chloroforme. Aussi est-il bon de recommander l'usage de la pommade, le malade étant au lit et parfaitement couvert.

Quant au camphre, il a certainement un autre mode d'action, mais il nous échappe. Quoi qu'il en soit, nous ne saurions trop préconiser ces médicaments qui s'associent parfaitement aux alcalins, et, en général, à tous les agents que l'on incorpore aux graisses. Teinture de cantharides. Biett est celui qui a surtout mis en vigueur l'emploi de ce médicament, et nous devons lui en savoir gré, car il rend de grands services. C'est dans les lichens chroniques qu'on en tire des avantages. Je le prescris fort souvent. Je le donne aux enfants comme aux jeunes gens, et loin d'en redouter les effets, je n'ai qu'à m'applaudir tous les jours de son usage.

Le mot teinture de cantharides impressionne généralement d'une manière fâcheuse les parents et les malades qui sont en âge d'en connaitre les effets aphrodisiaques possibles. Une mère craindra d'éveiller dans sa fille des plaisirs précoces, ou de voir surgir des accidents durant son emploi. C'est pour remédier à cette opposition si grande que l'on trouve auprès des malades ou auprès des per

sonnes qui les entourent, que je prescris cette teinture sous le nom de teinture de meloe vesicatorius. Je la donne par gouttes en commençant par 1 goutte le matin, 1 goutte le soir, augmentant d'une seule goutte pour la journée et pour chaque jour, de manière à arriver à 10 gouttes pour les enfants de sept ou huit ans, 15 gouttes pour un âge plus avancé, et 20, 25 et même 30 gouttes pour l'âge de vingteinq à trente ans. C'est dans un julep simple, ou dans un verre d'eau sucrée, ou dans une tasse de tisane, que je fais prendre ce médicament; la dose de la journée toujours en deux fois, moitié le matin, moitié le soir. Ces sortes de gastralgies en vertu desquelles un enfant a, comme on le dit communément, l'estomac capricieux, ne s'accommodant que de friandises ou de mets qui excitent l'appétit, cessent comme par enchantement sous l'influence de cet agent. Un appétit franc se dessine, et l'usage des viandes et des aliments ordinaires devient un besoin pour le petit malade. En même temps, s'il s'agit d'un enfant lymphatique, pàle, décoloré, porteur d'ailleurs d'un lichen agrius si souvent lié à un pareil état, l'affection lichénoïde diminue peu à peu et se guérit à merveille.

Je ne nie pas les accidents possibles qui peuvent résulter de l'emploi de doses exagérées de ce remède, même de son usage continué à 20 ou 25 gouttes, tels que de la difficulté à uriner, allant parfois même jusqu'à rendre un peu de sang avec les urines; mais cet effet est tellement passager, en même temps qu'il est si peu fréquent, qu'il ne saurait arrêter dans l'administration de cette teinture. Au surplus, ce n'est pas l'érethisme qu'il amène, mais la dysurie douloureuse allant jusqu'à la suppression de l'urine. Il suffit de cesser tout à coup son emploi pour voir disparaitre en quelque temps tous ces accidents, surtout si l'on enduit les parties génitales d'un peu de pommade camphrée. En résumé, c'est un de nos moyens les plus héroïques et dont je ne saurais trop préconiser l'usage dans les affections papuleuses à forme chronique, et surtout quand il s'agit de jeunes gens et de jeunes filles.

IV. MÉDICATION ANTISQUAMEUSE.

Préparations arsenicales. - Les préparations arsenicales sont pour le médecin dermatologiste une source très puissante de médi

cations. Elles s'appliquent à un grand nombre de maladies; il en est certaines qui les réclament d'une manière spéciale: ce sont les affections à forme squameuse, psoriasis, lepre vulgaire, pityriasis, que ces maladies soient a l'état chronique ou à l'état aigu, mais dans ce dernier cas à une période décroissante. A l'égard des autres affections de la peau, c'est ordinairement l'ultimatum de la généralité des médecins, c'est-à-dire que lorsque les autres agents médicamenteux ont échoué, on recours en dernier ressort aux préparations arsenicales, et l'on ajoute: J'ai tout employé, voire même l'arsenic. Il faut convenir que si ces préparations sont le médicament par excellence pour combattre les affections squameuses, elles sont aussi d'une grande ressource dans certaines formes morbides cutanées, notamment dans celles eczémateuses.

Nous croyons avoir contribué, pour notre part, à préciser et à régulariser le mode d'emploi des préparations arsenicales par l'expérimentation que nous avons faite de ces préparations sur une grande échelle. C'est en solution qu'on les donne ordinairement, et deux surtout sont usitées: la solution de Fowler, la solution de Pearson. La première est un arsenite de potasse; la seconde, une arséniate de soude.

La solution de Fowler se compose de:

Acide arsénieux..

Carbonate de potasse.

Eau....

Alcoolat de mélisse composé.

5 grammes. 5 grammes. 500 grammes. 12 grammes.

La composition de celle de Pearson est telle qu'il en faut 5 gouttes pour faire l'équivalent d'une goutte de solution de Fowler. Il en résulte un inconvénient pour son administration, car on est obligé de pousser la dose jusqu'à 40, 50, 60, 80 gouttes par jour, et il est difficile et long de compter un si grand nombre de gouttes. C'est une raison de préférer la solution de Fowler, puisque d'ailleurs elle a les mêmes propriétés que l'autre. Mais un autre motif de préférence pour nous, c'est que nous n'avons jamais pu porter la solution de Pearson à des doses proportionnellement aussi élevées que l'autre, sans provoquer des accidents; aussi nous n'employons plus que la solution de Fowler. 18 gouttes de solution de Fowler contiennent

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