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tables, et l'on craint de développer chez eux une surexcitation trop vive; dans ce cas il faut les faire doucher, recevoir l'eau de la douche dans la baignoire, et faire couler aussitôt un bain simple dans lequel le malade séjourne une demi-heure pour diminuer la surexcitation causée par la douche. En effet, toute douche donne toujours lieu à un certain ébranlement du système nerveux, que le bain calme immédiatement.

Mais la douche peut être locale ou générale. Lorsqu'elle doit être locale, on a un puissant intérêt à garantir quelquefois les autres parties du corps du contact de l'eau, surtout en hiver. D'ailleurs il arrive souvent que, faisant doucher la figure avec une douche froide, on fait en même temps placer le malade dans un demi-bain très chaud pour appeler le sang aux extrémités. Dans ces sortes de cas, on garantit efficacement le malade à l'aide d'un petit manteau de taffetas gommé. Dans les établissements de bains il existe divers instruments propres à préserver certaines parties du corps de l'eau de la douche: des éventails de bois pour la figure, quand la douche est donnée sur les épaules, ou d'autres écrans analogues. Un moyen que nous préconisons souvent dans les cas de couperose où la douche est reçue en pleine figure, c'est un ajutage de caoutchouc qui s'adapte a la bouche et qui se termine par un tuyau un peu long et un peu large, à l'aide duquel le malade respire facilement. Cet ajutage se fixe par deux cordons derrière la tête en passant au-dessus des oreilles.

3° Bains et douches de vapeur.

Les médecins, en général, connaissent peu la puissance des bains et des douches de vapeur. Nés à l'hôpital Saint-Louis, installés sous la direction de Darcet, ces bains ont pris à Paris une grande extension, car il existe peut-être dans la ville une vingtaine d'établissements de ce genre. On peut mesurer l'efficacité de ces bains par ce qui s'est passé autrefois à l'hôpital Saint-Louis et par ce qui s'y passe encore aujourd'hui. Autrefois de nombreux équipages stationnaient à la porte de l'hôpital, y conduisant les personnes les plus riches de la ville, qui venaient chercher dans ces bains le sou

lagement à leurs souffrances. Aujourd'hui sur plus de cent cinquante mille bains que l'on délivre seulement aux personnes du dehors, sur ce nombre cent mille peut-être sont des bains de vapeur; ajoutons que huit cents malades de l'hôpital prennent tous les jours leurs bains dans cet établissement où ils séjournent. Si à ce chiffre énorme on joint celui des bains de vapeur que l'on délivre à la Maison de santé, à l'hôpital de la Charité, à l'hôpital Beaujon, tant aux malades de ces hôpitaux qu'aux personnes du dehors, puis ceux que l'on prend dans les établissen.ents publics de la ville: Tivoli, les Néothermes, bains Sainte-Anne, bains d'Alger, etc., etc., on arrive à un chiffre considérable relativement à la population. Ces bains sont aujourd'hui si répandus, qu'ils sont préférés par beaucoup de personnes aux bains d'eau. On sort en effet d'un bain russe dans un état de bien-être que ne procure pas un bain simple; en hiver surtout, où il fait fonctionner la peau, amène la souplesse des membres, relache les tissus engourdis et contractés par le froid. Eh bien, en présence de cette révolution qui s'opère dans les bains, la province reste stationnaire, et ceci est tellement la faute des médecins, que nous pourrions citer deux des principales villes de Fr. nce, parmi les plus commerçantes, où l'on a cré des bains de vapeur et où il ne s'en prend qu'une proportion si faible que ce bain ne coûte pas moins de 6 francs, alors que, dans quelques établissements à Paris, il revient a 60 centimes. Qu'on me permette donc d'entrer ici dans quelques détails qui fassent comprendre toute leur importance, toute leur efficacité. Heureux si je puis conduire nos confrères des départements à préconiser leur emploi, a favoriser leur fondation, car j'aurai rendu d'immenses services à la population!

Et d'abord qu'est-ce qu'un bain de vapeur? Quelles sont ces variétés de bains de vapeur portatifs, en étuve, bains russes, bains ottomans? Un bain de vapeur a pour but de faire naître une sudation artificielle abondante. Cette sudation, quand elle est opérée par la chaleur sèche, constitue une fumigation en boite que l'on peut rendre aromatique, sulfureuse, cinabrée ou simple. On fait les fumigations dans des boîtes cubiques dites à la Darcet, où le malade est assis, ayant la tête seule dehors qui passe par une ouverture pratiquée à cet effet, de sorte qu'il ait la respiration libre. Ici la suda

tion se fait par la peau stimulée au moyen du calorique de l'atmosphère dans laquelle elle se trouve.

Dans certains établissements d'eaux minérales il existe quelque chose d'analogue, au moyen de l'eau qui s'échappe de la terre à une température élevée de 50, 60 et 70 degrés. Ainsi, à Néris, à Plombieres, a Aix en Savoie et dans d'autres localités, on a construit autour de la source, qui est enveloppée par des murs disposés comme ceux d'un puits, une série de cabinets dans lesquels se répand un air échauffé par l'eau, air qui procure rapidement une sudation abondante. Ces étuves naturelles des eaux minérales prenne..t en général le nom d'enfer. Mais ici les conditions sont bien meilleures; et avec une température beaucoup plus Lasse, on peut avoir une sudation plus rapide, tout aussi abondante et moins fatigante que dans les boltes. Toutefois les détails dans lesquels nous allons entrer serviront à faire comprendre la supériorité des bains de vapeur en étuve sur les bains précédents et sur ceux de vapeur dits portatifs. - Dans les boîtes à fumigation on n'obtient de sueur que par la chaleur que l'on porte a la peau: plus celle ci est excitée, plus le malade transpire; mais cette chaleur art ficiellement répandue autour de la peau active fortement la respiration, porte le sang aux poumons et a la tête, amene des palpitations et de la céphalalgie Quand, au contraire, le malade respire l'air échauffé qui doit le mettre en sueur, alors la sudation pulmonaire facilite singulièrement la sudation cutanée, et la circulation en est moins excitee. Cela est si vrai, qu'il suffit de placer la figure au-dessus d'un vase contenant de l'eau chaude pour mettre tout le corps en sueur. Or, puisque la sudation pulmonaire entraîne très rapidement la sudation cutanée et sans incommodité aucune, il s'ensuit par conséquent que le concours d'action et sur la peau et sur la membrane muqueuse pulmonaire, doit être beaucoup plus avantageux pour le malade et pour la production de la

saeur.

De même qu'il existe des bains de vapeur portatifs dont nous allons parler tout à l'heure, de même il y a de petits appareils à air chaud qui peuvent remplacer en partie les boites à fumigation. Le conseil d'hygiène publique et de salubrité de la Seine, à l'époque du cholera de 1849, s'est préoccupé de la pensée de fournir aux

classes malheureuses un moyen puissant, rapide et peu dispendieux, de procurer la réaction dans la période algide des cholériques. M. Cadet de Gassicourt a proposé un appareil fort simple qui a été adopté, et dont l'emploi est aujourd'hui répandu dans la plupart des hôpitaux de Paris, notamment à l'hôpital Saint-Louis, où l'on a souvent un intérêt puissant à faire naître une sudation abondante à la peau, soit dans des cas de répercussion des maladies cutanées, soit dans les rhumatismes, soit dans les accidents cholériformes. Cet appareil consiste dans un cône de tôle plus large que les grandes formes de pains de sucre, où se trouve à sa base une petite porte de poèle pour introduire une lampe à esprit-de-vin à trois mèches, cône qui est terminé à son sommet par un tuyau de poêle coudé et évasé en entonnoir à son extrémité; ce tuyau est disposé à s'allonger ou à se raccourcir à volonté, les bouts de tuyaux entrant à frottement les uns dans les autres. Pour se servir de cet appareil destiné aux malades qui ne peuvent pas être déplacés de leur lit, on met à terre sur le plancher la base du cône; on y adapte les tuyaux coudés dont on introduit l'extrémité dans le lit du malade; on tient les couvertures soulevées au-dessus du corps à l'aide de deux demi-cerceaux à fractures placés à distance le long et en travers du lit. Les choses étant en cet état, on introduit la lampe à esprit-de-vin sous le cône, on allume les trois mèches, et quand le malade est en sueur, si la chaleur est trop forte, on éteint une ou deux mèches à l'aide de petits couvercles faits exprès pour cet usage.

En six ou sept minutes la transpiration est ordinairement établie; on peut la faire naître dans l'espace de temps que l'on veut, et la modérer comme on le veut. On la facilite en faisant boire au malade de l'eau à une température qui n'est ni froide ni chaude.

Arrivons maintenant aux bains de vapeur. Ceux-ci sont dits portatifs ou en étuve. Les premiers ont pris dès l'abord une certaine extension, en ce sens qu'ils peuvent être donnés, ou dans le lit du malade, ou sur une chaise dans sa chambre. On peut même acheter à bas prix un de ces petits appareils. Ici, comme dans l'appareil Adam, c'est une sphère de cuivre terminée par un tube de 25 à 30 centimètres, sphère dans laquelle on met de l'eau que chauffe une lampe à esprit-de-vin, et dans cette eau on peut introduire des plantes aro

matiques. Là c'est le même système, mais avec des modifications de forme. Ailleurs une petite marmite de tôle, de 2 à 3 litres de capacité, placée sur un fourneau à charbon et entrant en ébullition sous une pression un peu plus forte que celle de l'atmosphère, de manière à fournir, par un tube très long, de la vapeur à volonté et dans un point donné de l'appartement. Le réchaud a un tuyau d'évent qui s'introduit dans la cheminée. Ce dernier appareil répand autant de vapeur qu'il en est besoin, mais tous les autres laissent souvent le malade à court ou le chauffent trop. Il est plus dispendieux, car son prix s'élève à 80 ou 100 francs, les autres variant de 20 à 50.

Tous ces appareils ne sont que des joujoux de bains de vapeur; tous amènent la sudation par la température à laquelle ils élèvent la peau, et par conséquent c'est une sudation difficile, plus ou moins fatigante, qui n'est pas comparable à celle du bain d'étuve.

Le bain d'étuve exige un ensemble d'appareils propres, non pas à servir un seul bain, mais un certain nombre de bains dans la journée. Et d'abord il faut un générateur de vapeur ou chaudière à pression, de manière à mettre l'eau à 120 degrés de température. De ce générateur part un tube qui se rend dans une petite chambre ordinairement de bois blanc, qui peut cuber 10 à 12 mètres. Sur un des côtés de cette pièce existe un lit de camp de bois ou de jonc, sur lequel se couche le malade; c'est sous ce lit de camp et au voisinage des pieds que doit s'ouvrir le robinet de vapeur. Il ne doit jamais être laissé à la disposition du baigneur ; il doit être ouvert par un garçon de bain qui ne quitte pas le malade. A la portée de la vue du malade se trouve un thermomètre centigrade; il est bon qu'il soit à alcool coloré en rouge sur émail blanc, de manière que les degrés qu'il marque soient très apparents. On doit aussi mettre à la portée de la main du baigneur une cuvette où l'eau ne séjourne jamais; dans cette cuvette à tuyau d'écoulement, une grosse eponge, et au-dessus un petit robinet d'eau froide. Cette éponge ! ainsi imbibée d'eau renouvelée est destinée à mouiller fréquemment le front et la figure du baigneur pour éviter la congestion à la tête.

Dans un point de la salle opposé au lit de camp, et vers le pla

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