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Alors, on fait une médecine sage et rationnelle; on arrive peutêtre encore, dans beaucoup de cas, à l'empirisme, mais on ne s'expose à altérer la santé et la constitution du malade, pour obtenir la guérison de la maladie de la peau, qu'après avoir consacré l'impuissance des moyens ordinaires. C'est assez dire que, comme nos devanciers, nous attachons une grande valeur aux médications préconisées de tout temps; seulement nous en signalons l'abus et nous n'en demandons l'application que lorsqu'elle devient nécessaire. Tel est l'ensemble de nos doctrines en dermatologie. Pour en prouver le fondement, il nous faut étudier avec soin et d'une manière générale les causes, le développement, la marche et la terminaison de ces affections. Nous exposerons ensuite la thérapeutique générale à laquelle nous sommes conduit par nos idées, thérapeutique que nous formulerons sous le titre de Médications. Et comme nous relions les formes morbides à certaines conditions de tempérament et de constitution; comme nous groupons autour de ces médications les maladies en raison même des causes qui les font naître, nous espérons faire sortir les praticiens de la thérapeutique presque banale qu'ils ont suivie jusqu'alors.

I. DES CAUSES DES MALADIES DE LA PEAU.

Depuis 1841, nous avons mis entre les mains de nos élèves internes des feuilles de relevés en tête desquelles nous avons établi des colonnes d'entrée, de noms, d'âge, de profession, d'habi. tation, d'état, de tempérament et de constitution, de localité affectée, etc., etc., le tout pour chaque maladie; nous avions pu recueillir ainsi, il y a deux ans, dix-huit cents cas de maladies de toute sorte. C'était bien peu relativement à un service de cent trente lits, à raison de dix à quinze malades entrant par semaine; depuis cette époque ce chiffre d'ensemble a été confirmé par de nouveaux faits statistiques recueillis depuis la publication de la première édition de cet ouvrage. Nous ne les ajoutons pas à ce nombre, parce que, sans changer les rapports proportionnels, ils entraîneraient le changement des chiffres numériques applicables à chaque espèce de maladie. Ce chiffre d'ensemble est venu confirmer entièrement les

idées générales que nous nous étions formées d'après l'observat soutenue des malades confiés à nos soins, idées générales qui s devenues la clef de notre thérapeutique : à savoir, que certai formes morbides sont liées à certains tempéraments, à certaines c stitutions, de sorte qu'en employant des agents thérapeutiq connus pour être des modificateurs de ces tempéraments, on gu l'affection cutanée qui n'en est qu'un reflet. Ainsi, les mala sécrétantes, et surtout celles à forme purulente, l'impétigo, l'eczé l'eczéma impétigineux, l'intertrigo, etc., sont essentiellement liées tempérament lymphatique; le lichen et ses variétés, le prur affections papuleuses non sécrétantes, se trouvent toujours chez sujets à tempérament nerveux; le pityriasis versicolor, les ta hépatiques, chez les sujets bilieux: d'où la nécessité de l'usage ferrugineux, des amers, des antiscorbutiques, des sulfureux, d les maladies sécrétantes; des alcalins sous toutes les formes d les affections papuleuses ou lichénoïdes. Et comme sur dixcents cas de maladies cutanées on en trouve huit cent cinquan deux qui sont des affections sécrétantes, on conçoit commen médication amère et sulfureuse ait pu jouer de tout temps et l'absence de toute théorie un si grand rôle dans la thérapeutique affections de la peau. Cette liaison de la forme morbide avec tempérament a pour nous une telle portée, qu'à la vue d'un lade atteint d'une affection de la peau et chez lequel le tempéran est nettement dessiné, je pourrais pressentir la forme de mala cutanée dont il est atteint, sans voir la maladie elle-même.

D'une autre part, on ne peut nier, et c'est un fait d'observa commune à tous les médecins, qu'il est des maladies de certa âges, que l'àge seul peut guérir, et où il y a même quelque danger de guérir.

D'autres affections sont essentiellement liées à l'hérédité, te que l'ichthyose, la lèpre; pour celles-là la médecine est pres toujours impuissante.

Il en est qui dépendent de l'organisation même de la peau : a l'acné sébacée et plusieurs variétés d'acnés. Quelques-unes se rat chent essentiellement à la menstruation : l'erythema nodosum, exemple; à l'âge critique chez les femmes, l'intertrigo, l'eczéma

oreilles ; d'autres, à la misère, à la malpropreté, comme le rupia, le prurigo, le prurigo pédiculaire; ou bien à la mauvaise nourriture, au défaut de nourriture ou aux chagrins prolongés, comme le rupia, l'ecthyma cachecticum, le scorbut, le purpura. Il en est qui sont un reflet des lésions gastriques ou intestinales, et principalement de gastralgies, comme l'herpès et le pityriasis.

Les causes prédisposantes des affections cutanées doivent donc être rattachées :

1° Au climat;

2o A l'hérédité;

3o Au tempérament;

4° A l'àge;

5° A l'organisation de la peau;

6° Aux agents extérieurs mis en contact avec elle;

7° Aux affections morales;

8° Aux maladies, infirmités ou états acquis;

9o A un état soit des liquides, soit des solides de l'économie, que nous ne pouvons pas saisir, et qui à nos yeux doit constituer un huitième ordre, auquel nous donnons le nom de diathèses dans l'acception simple de ce mot.

Donnons quelque développement à ces huit ordres de causes.

Le climat engendre certaines maladies de la peau telles que la lèpre des Arabes, des Hébreux, des Grecs, le pian d'Amérique, comme il engendre dans d'autres contrées la peste et la fièvre jaune: sous ce rapport analogie parfaite.

L'hérédité est relative ou absolue. Absolue, quand l'enfant apporte en naissant, ou peu de temps après la naissance, la maladie de l'un de ses parents: exemple, l'enfant né avec une ichthyose. Relative, quand il naît avec les conditions d'organisation du père ou de la mère atteints l'un ou l'autre d'une maladie de la peau. Cette différence est capitale. Dans le premier cas, l'affection est innée, elle est incurable; dans le second, au contraire, l'enfant apporte en naissant la prédisposition à son développement; on peut souvent en prévenir la manifestation en soumettant l'enfant à des conditions hygiéniques données. Ainsi l'enfant né d'un père ou d'une mère affectée de psoriasis n'est pas condamné à avoir un psoriasis; il y est

prédisposé. Prenez plus de soin de sa peau que vous n'en pren pour tout autre; graissez-la de temps en temps; multipliez les b habituez l'enfant à se laver la surface du corps à l'eau froide les matins; employez, en un mot, les moyens hygiéniques vous mettriez en usage pour éviter le retour du psoriasis, et préviendrez le développement de cette maladie. On ne saur cet égard se dissimuler l'influence de l'hérédité; elle est imm On voit quelquefois une affection cutanée passer sur une génér sans l'atteindre et se refléter sur la génération suivante : c'es remarque que j'ai eu l'occasion de faire très souvent; c'est dire que le médecin a un grand intérêt à ne pas laisser sub les affections cutanées durant de longues années, chez les e et chez les jeunes gens, ainsi que le font encore aujourd'hui coup d'entre eux, puisqu'ils ouvrent la porte à l'hérédité: en ces maladies finissent par prendre tellement domicile sur le tis la peau qu'elles semblent s'identifier avec l'organisation tout e et devenir quelques années plus tard l'origine d'une transmissio parents à leurs descendants. Mais ce n'est pas seulement à l' des affections squameuses que se manifeste l'hérédité comme de maladies, l'eczéma et l'eczéma impétigineux du père se re fréquemment sur les enfants; il en est de même du lichen qu a été conservé pendant longtemps sous une forme chroniq l'égard de la syphilis constitutionnelle, elle se transmet de ge tion à génération sous deux formes ou sous celle de sy franche, ou sous celle de scrofule syphilitique. L'attention de decins n'a pas encore été suffisamment appelée sur ce passage syphilis à cette forme. Bon nombre d'enfants atteints de carie ont une scrofule syphilitique provenant d'une affection syphil constitutionnelle mal soignée chez les parents, ou bien cette modifiée revêt chez eux, en raison mème de leur tempérament leur constitution, une forme insidieuse du genre de celle qui térise les accidents tertiaires. J'ai vu un très grand nombre d de ce genre, et il est rare que je n'aie pas toujours dans mes deux ou trois personnes dans ces conditions; ce n'est plus la syp avec ses formes accentuées et régulières, c'est quelque d'anormal entre la scrofule et la syphilide. Ainsi trouve-t-o

nombre de lupus qui ne sont ni des lupus tuberculeux, ni des lupus exedens, et qui sont héréditairement syphilitiques. Les préparations mercurielles qui, dans le traitement de la scrofule, jouissent d'une certaine efficacité, ne la doivent probablement qu'à la nature syphilitique de cette forme scrofuleuse qui n'a pas encore été suffisamment étudiée et dont nous nous occupons depuis plusieurs années. M. Bazin partage notre manière de voir à cet égard.

Nous avons dit que la cause prédisposante de la généralité des maladies sécrétantes résidait dans le tempérament et dans la constitution du sujet. Nous avons établi par des données statistiques que la moitié des affections cutanées recevait une influence directe et puissante du tempérament lymphatique; et nous avons expliqué comment se trouvait justifié l'emploi, nous dirions presque l'abus que l'on fait depuis longues années des sulfureux dans le traitement des maladies de la peau. Cette remarque est importante, car si cette circonstance justifie l'emploi de ces médicaments, elle pose un terme à leur usage; elle prouve que les sulfureux doivent être exclus de la thérapeutique des maladies cutanées qui n'ont pas pour siége un sujet de tempérament lymphatique. Mais nous avons été plus loin, et nous avons avancé qu'à chaque tempérament se rattachait une série de dermatoses à élément uniforme. Or chaque tempérament ayant son modificateur: l'eau et les émissions sanguines pour le tempérament sanguin; les amers, les sulfureux, les. ferrugineux et l'iode pour le tempérament lymphatique; les alcalins pour le tempérament bilieux; les sédatifs externes et internes pour le tempérament nerveux, il en découle toute une thérapeutique nouvelle des maladies de la peau, thérapeutique plus rationnelle et qui ne repose plus sur la routine de l'empirisme. Ce sont des faits que nous développerons dans notre thérapeutique générale, et dont nous prenons acte dès à présent.

Après le tempérament invoqué comme cause prédisposante des affections cutanées, nous avons cité l'âge. Prouvons son influence sur le développement et l'entretien de certaines dermatoses. Mais auparavant allons au-devant d'une objection que l'on peut nous faire tout d'abord: Que peut le médecin, dira-t-on, contre l'age

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