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cette affection pendant des mois et des années, les unes par incurie, les autres pour cacher une maladie incommode, mais dont le siége est tel qu'elles répugnent à la montrer au médecin, et alors tous les jours en se couchant elles se livrent à des frottements qui rendent bientôt la surface eczémateuse. Si l'intertrigo siége au voisinage des parties génitales, il finit par éveiller, comme le prurigo vulva, une surexcitation des organes génitaux extrêmement pénible.

Ainsi, loin d'être un érythème ordinaire, l'intertrigo peut arriver à troubler l'existence d'un malade. J'ai vu des dames qui, depuis douze à quinze ans, avaient cette maladie, à la suite de laquelle était survenu un amaigrissement très notable par le trouble porté dans le moral et dans les fonctions digestives.

La maladie n'a pas, en général, d'autres résultats plus fâcheux. Nous allons esquisser les règles de son traitement.

La première condition à remplir, à quelque époque que soit arrivée la maladie, qu'elle soit de date récente ou ancienne, c'est l'isolement le plus complet des surfaces malades. Tout ce que nous venons de dire doit faire comprendre l'importance de ce moyen; c'est la cause que l'on combat alors, et la cause permanente. L'affection est-elle récente, il suffit ordinairement de ce moyen, associé à l'usage de la poudre d'amidon, de lycopode, de tan, de vieux bois, pour en obtenir la guérison, à la condition que la séparation des parties sera maintenue bien au delà du terme de celle-ci, pour éviter le retour du mal. C'est à l'aide de linges de toile bien appliqués que l'on arrive à ce résultat. Quant aux poudres, elles doivent être très fines et obtenues par des tàmisations parfaites, et de plus il faut en employer dans une proportion très faible, de manière à ne pas faire des couches qui s'humectent et forment pâte; il faut saupoudrer très légèrement et très souvent avec une houppe à poudrer, sauf à repéter l'emploi de ce moyen. Mais, à chaque pansement, il est nécessaire de laver la surface malade à l'aide d'une eau au 25° ou au 20 de son poids de chlorure de soude. Cette liqueur agit et par sa nature astringente, et par la réaction chimique qu'elle exerce sur les fluides sécrétés.

Toutefois ces moyens, qui sont généralement utiles dans tous les

cas d'intertrigos récents, sont insuffisants quand les intertrigos sont anciens, ou quand il s'agit d'intertrigo purifluens. Je ne connais pas de moyens plus propres à attaquer les premiers que les douches sulfureuses, sulfo-alcalines et de Plombières. (Voy. le Formulaire.) A cet égard, il faut un peu sonder la sensibilité des surfaces malades. Les douches artificielles de Plombières sont les moins irritantes. C'est en arrosoir qu'il faut les donner; faiblement d'abord, puis de plus en plus fortes, et sous le rapport de la force d'impulsion de la douche, et sous celui du diamètre des trous de l'arrosoir. II faut rendre les douches de plus en plus fortes aussi par rapport à leur composition, mais il faut aller graduellement. Ces douches seront données tous les jours. On y joindra soit l'usage des poudres indiquées plus haut et les lotions chlorurées, comme eau de toilette, et l'on pourra sonder la sensibilité de la surface malade en appliquant quelques pommades résolutives (voy. POMMADES, Formulaire); mais le plus souvent les corps gras réveilleront des démangeaisons. Tout cela varie suivant la sensibilité de la peau des sujets, et il est impossible d'en juger à l'avance. Toute surexcitation produite soit par une douche, une lotion, une pommade, sera calmée par des émollients ou tombera d'elle-même. Il arrive quelquefois que tout en obtenant un succès marqué, il reste certains points plus rebelles, et notamment les places qui ont été affectées les premières. Alors on se servira avec avantage d'huile de cade en application tous les deux trois jours, dont on laisse à peine une trace en essuyant avec du coton la couche d'huile qu'on y a mise. Mais ce qui termine le mieux ces plicatures érythémateuses si rebelles, ce sont les lotions tous les cinq jours avec la solution de nitrate d'argent n° 1 (voy. Formulaire). Ce moyen est d'un emploi d'autant plus utile qu'il donne la mesure de la guérison. A peine si dès le lendemain des premières applications il reste une teinte noire, tandis que lorsque la maladie touche à son terme, il faut trois, cinq et six jours pour faire tomber cette coloration. On peut aussi employer des lotions à l'alun, au sublimé, plus ou moins fortes (voy. Formulaire). On voit, en résumé, que tous ces moyens puissants tendent à agir de deux manières, et comme résolutifs, et comme modificateurs de la vitalité du tissu malade. C'est qu'en effet, il y a dans ces mêmes tissus malades

une telle habitude de vitalité morbide, qu'il faut diriger le traitement dans ce sens pour obtenir une guérison.

L'intertrigo purifluens étant une maladie essentiellement liée au tempérament lymphatique et à une peau blafarde atonique, c'est par un régime intérieur antiscrofuleux dans lequel prédominent cependant les sulfureux, c'est par les bains sulfureux et les autres moyens locaux précédemment indiqués, qu'on arrête les progrès de cette maladie. Mais il faut, en général, craindre de supprimer trop vite cette sécrétion si abondante, et je préfère la laisser suivre son cours un peu plus longtemps, de manière qu'elle disparaisse graduellement sous l'influence d'un bon régime intérieur, plutôt que de tarir trop rapidement une source si considérable de suppuration. Il est même convenable, dans ces sortes de cas, d'appliquer un exutoire au bras sain, pour opérer une dérivation, et de le maintenir même après la guérison.

Que s'il s'agissait de prescrire une eau minérale contre un intertrigo ayant siége dans plusieurs points du corps, je conseillerais les eaux de Louesche qui réussissent parfaitement, excepté dans le cas de prédominance lymphatique, où les eaux des Pyrénées, d'Aix en Savoie, d'Aix-la-Chapelle et d'Enghien, devraient être préferees.

UBTICAIRE, urticaria, d'urtica, ortie; cnidosis de xvion, ortie (Alibert); essera (des Arabes); febris urticata (Vogel); porcellenæ Lieutaud); scarlatina urticata (Sauvages); purpura urticata Junker).

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Cette maladie exanthémateuse ne me parait pas avoir suffisamment fixé l'attention des pathologistes sous le rapport de sa chroni

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cité et des conséquences qu'elle entraîne alors. On en a tracé le tableau le plus exact sous la forme aiguë, aussi nous y arrêteronsnous peu; mais le dermatologiste n'est réellement appelé à la traiter que lorsqu'elle est arrivée à l'état chronique : c'est donc surtout cette forme qu'il nous faut retracer, et à la thérapeutique de laquelle nous devons nous attacher plus particulièrement, ne fût-ce que pour signaler notre impuissance dans quelques cas. Alibert, d'ailleurs, ce peintre si habile à décrire et à saisir le point de vue pratique des dermatoses, avait, par des observations rapidement esquissées, fait pressentir toutes les difficultés qui se rattachent au traitement de l'urticaire.

L'urticaire est un exanthème qui se caractérise par des élevures à forme plus ou moins arrondie, mais irrégulières, disséminées çà et là à la surface de la peau, et caractérisées par trois phénomènes : la couleur érythémateuse rosée, disparaissant par la pression du doigt; la décoloration centrale de la rougeur érythémateuse; la sensation de cuisson et de picotement, qui rappelle la douleur de la piqûre d'ortie.

Suivant qu'on envisage cet exanthème sous divers aspects, on peut établir des divisions différentes. Relativement à la forme qu'il affecte à la peau: on le dit simplex, quand il est étendu en plaques irrégulières, distinctes et discrètes; conferta, quand les plaques nombreuses sont groupées les unes auprès des autres, de manière à être confluentes; tuberosa, lorsque les élevures que présente l'urticaire sont tellement en relief qu'elles donnent l'image de tubercules; nodosa, lorsque l'érythème, au contraire, est peu saillant, mais que le tissu cellulaire sous-jacent à la peau est assez tuméfié pour représenter des nodosités. Ces quatre formes peuvent appartenir à l'urticaire qui est accompagnée de fièvre.

Eu égard à la durée de l'éruption, on appelle l'urticaire evanida ou perstans; c'est qu'en effet elle peut ne durer que quelques heures, ou persister sans disparaître durant un ou deux septénaires et même plus.

Par rapport au moment où l'éruption apparaît, on l'appelle diurne, quand elle s'opère au lever du malade et lors de l'exposition au frais; nocturne, lorsqu'elle se développe le soir, quelques instants

après le coucher de l'individu, et lorsque la chaleur s'établit dans le lit; vague, quand il n'y a rien de précis dans la manifestation de l'éruption et qu'elle se montre à divers moments de la journée, soit sous l'influence du froid ou de la chaleur, soit sous celle d'une impression morale quelconque.

Enfin, elle est dite aiguë, lorsque cet exanthème parcourt ses périodes dans un ou deux septénaires; chronique, lorsqu'elle dure des mois et des années. Ces diverses divisions sont entièrement fondées sur l'observation; mais la plus importante d'entre elles est celle qui repose sur l'état aigu ou chronique de l'affection. En effet, la forme de l'éruption, le moment où elle apparaît, la saillie plus ou moins considérable de ses élevures, tout cela n'est que secondaire; et comme, sous le nom d'aiguë, on comprend l'urticaire avec fièvre, tandis que, sous celui de chronique, la santé générale se conserve souvent parfaite, il s'ensuit qu'il faut nous arrêter essentiellement à l'urticaire fébrile et à l'urticaire non fébrile.

L'urticaire fébrile est généralement l'apanage de l'enfance; elle apparait avec tous les prodromes des éruptions exanthémateuses, seulement ils sont généralement peu intenses; ils ne consistent que dans la lassitude dans les membres, de la courbature, de l'anorexie, cephalalgie, parfois quelques nausées, de la fièvre. Après vingtquatre à trente-six heures, l'éruption, précédée d'une moiteur ou d'une sueur générale, se déclare. C'est surtout sur les membres, et principalement sur les membres inférieurs, qu'elle se montre, quoiqu'elle puisse envahir le tronc et la figure. Elle affecte alors des formes diverses, quoique les variétés dites tuberosa et subcutanea soient plus spécialement applicables à l'urticaire chronique. Les elevures sont plus ou moins rosées, avec décoloration centrale assez dessinée; quelquefois elles sont même entourées d'un cercle rosé assez vif, la peau saine restant avec sa couleur assez naturelle entre les élevures; leur étendue est d'ailleurs très variable, depuis quelques millimètres jusqu'à plusieurs centimètres de diamètre. Inutile de dire qu'elles sont accompagnées des sensations de fourmillement et de cuisson propres à cette éruption, qui peut être confluente ou discrète.

Dans l'urticaire ab ingestis, ou provenant d'aliments ou de médi

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