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plusieurs plaques d'une couleur brune rougeâtre qui fait une légère saillie audessus du niveau de la peau et qui sont couvertes de squames. La peau de la face est dure, épaisse et roide; on aperçoit facilement la gêne que le malade éprouve pendant la conversation. Derrière les oreilles les squames sont plus larges et la peau plus rouge. « Le cou et la poitrine sont, de toutes les régions, les plus profondément affectées. Ces parties sont couvertes de squames : la peau est très rouge, fendue et roide. Dans les mouvements qu'il fait exé, cuter à ces parties, le malade éprouve une sensation fort désagréable causée par la sécheresse et la roideur des téguments; les autres parties du corps présentent le même état pathologique, mais à un degré moins marqué. En examinant la face dorsale des doigts, on voit de petites aspérités squameuses, isolées, parfaitement rondes, percées à leur centre par un poil. Au toucher, la peau couverte de ces petites aspérités est très dure, à peu près comme une lime. Ces aspérités existent seulement là où il y a des poils: c'est-à-dire au milieu de la face dorsale des premières et secondes phalanges. »

M. Rayer n'ayant pas décrit le pityriasis rubra, est embarrassé pour donner une place à cette observation qu'il met à côté du psoriasis, tout en disant qu'elle offre une apparence particulière.

PSORIASIS. Dartre squameuse sèche; dartre écailleuse; dartre squameuse lichénoïde; herpès furfureux.

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Le psoriasis est une affection essentiellement squameuse, et l'une des plus communes des maladies de la peau; aussi vient-elle pour le chiffre le plus élevé après l'eczéma dans notre statistique. Nous comptons en effet 280 malades atteints de psoriasis sur 1800 maladies de la peau. Cette circonstance doit appeler toute l'attention du médecin, qui sera bien souvent appelé à donner ses soins pour combattre une forme morbide trop souvent rebelle et si sujette à récidives.

Quelle que soit la partie du corps qu'elle affecte, elle est caractérisée par trois phénomènes: 1° la présence de squames épidermiques nacrées; 2o la rougeur de la peau sous les squames; 3° l'épais

sissement de la peau. Il n'y a pas en général de psoriasis sans trois conditions pathologiques: dans l'une, la présence de squames peut manquer, si le malade les a fait tomber par des bains ou par l'emploi de corps gras; mais comme du jour au lendemain ces écailles se forment, il est difficile que ce phénomène ne se traduise pas aux yeux du médecin dans un espace de temps fort court. Insistons sur ces trois caractères. Déjà nous avons dit que la squame était formée par la superposition irrégulière de lames épidermiques, qui, par leur réunion intime, donnaient naissance à des lames plus ou moins épaisses, qui prenaient alors un aspect nacré et argentin. Dans le psoriasis, ces lames ou productions épidermiques adhèrent à la peau; elles ne se détachent que très rarement, on ne peut les enlever qu'avec l'ongle. Elles masquent souvent la rougeur de la peau, parce qu'elles recouvrent le tissu malade; elles tombent assez facilement à l'aide des bains et mieux à l'aide des pommades.

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Rougeur. A moins d'un psoriasis aigu, la rougeur de la peau n'est jamais vive. Elle n'a pas cette teinte rosée des exanthèmes; elle est d'un rouge plus ou moins foncé. Elle est masquée par la squame.

Épaississement de la peau. - Il est constant; quelquefois peu appréciable à l'œil, mais toujours sensible quand les productions épidermiques sont tombées; le psoriasis mince pourrait seul faire exception à cette règle. D'ailleurs, pas de démangeaisons, pas de sensation quelconque qui incommode; car du moment que la démangeaison coïncide avec le psoriasis, c'est que celui-ci n'est pas simple, qu'il est à forme composée d'herpès ou d'eczéma. Il faut en excepter les cas de psoriasis palmaire ou plantaire qui se trouvent dans des endroits de flexion et qui sont parfois accompagnés de cassures douloureuses dépendantes de la pression exercée par l'épiderme. Mais déjà nous avons dit, article PITYRIASIS PILARIS, que nous sommes disposé à considérer ces psoriasis comme des pityriasis. Ces caractères morbides ainsi établis, nous dirons que le psoriasis peut être à forme aiguë ou à forme chronique. Le psoriasis aigu est très rare par rapport au psoriasis chronique, car nous croyons être dans le vrai, en disant qu'on l'observera une fois sur 80 ou 100 cas. Les hommes sont beaucoup plus sujets au psoriasis

que les femmes; sur 270 cas, nous en trouvons 245 chez l'homme et 25 chez la femme. Il est aussi plus propre à certains ages qu'à d'autres. Ainsi, lorsque le psoriasis n'est pas héréditaire, ce n'est guère que vers l'age de vingt à trente-cinq ans qu'il se développe. Sur 268 cas nous en trouvons 174 qui se sont montrés de vingt à trente-cinq ans ; puis nous voyons le développement de cette maladie diminuer de fréquence dans les époques suivantes de la vie. Ainsi 50 cas de trente-cinq à quarante-cinq ans ; 24 cas de quarante-cinq à cinquante-cinq; et 20 cas au delà de cinquante-cinq ans. On peut donc dire que cette maladie appartient essentiellement à l'age adulte. Les professions n'exercent aucune influence sur son développement; l'hérédité est, au contraire, très puissante. A cet égard nous ne pouvons fournir aucun chiffre de quelque valeur, attendu que la catégorie d'individus sur laquelle reposent nos relevés s'inquiète fort peu des maladies de leurs parents et surtout d'affections qui ne portent aucune atteinte à leur santé. Chose remarquable, le psoriasis se relie à la meilleure constitution et au meilleur tempérament. Sur 227 cas, nous trouvons notée 206 fois la constitution comme étant parfaite. 162 fois sur 200 on rencontre cette maladie sur des sujets d'un tempérament sanguin ou sanguin-lymphatique. C'est en été, en hiver, qu'elle se développe surtout; aussi ces deux saisons donnent-elles le chiffre de 103 sur 154 cas notés; restent donc 51 seulement pour les saisons de printemps et d'automne. La statistique démontre encore combien cette maladie affecte la forme chronique et combien elle est persistante; sur 224 cas on n'en trouve qu'un seul ayant moins d'un mois; 35 d'un mois à un an, 116 de plus d'un an, et 69 de plus de dix ans. C'est qu'en effet il n'est pas rare de trouver des sujets qui portent cette affection depuis vingt ou trente ans.

Ceci posé, il est important de dire ce que l'on doit entendre par psoriasis général; en effet, on pourrait être porté à croire qu'il s'agit d'une affection envahissant toute l'étendue de la peau du corps. Il n'en est rien, cette maladie, quelque aiguë qu'elle soit, ne recouvre jamais la totalité de la surface de la peau, et dans un psoriasis général ordinaire, on veut seulement énoncer ce fait, qu'il existe des plaques de cette affection qui sont disséminées sur tout le corps, et plus ou moins espacées d'ailleurs les unes des autres, contrairement

au psoriasis discret, qui n'atteint que quelques points de la surface des membres.

Psoriasis aigu.-Cette forme est rarement primitive, elle se montre plutôt après plusieurs mois ou plusieurs années de l'existence du psoriasis à l'état chronique; ceci n'est pas absolu, nous signalons seulement ce qui se passe le plus ordinairement. Quelquefois, sans cause connue, mais le plus souvent à la suite d'excès, l'affection, qui n'occupe que quelques centimètres de surface dans divers points du corps, prend tout à coup un développement considérable. Les plaques primitives s'enflamment, la peau se couvre çà et là de rougeurs successives nouvelles; ces rougeurs s'élargissent en même temps qu'elles deviennent le siége d'une chaleur insolite. Il ne se fait là aucune sécrétion de liquide, mais il se montre quelques petites écailles épidermiques épaisses qui recouvrent les surfaces malades, et rendent la peau sèche et rude. Si l'affection devient plus générale, ce qui exige alors plusieurs semaines de développement, elle s'étend aussi bien à la tête qu'au corps et aux pieds; elle envahit d'abord le cuir chevelu, gagne ensuite la figure; mais, chose remarquable, jamais elle n'existe, même au degré le plus élevé, sans laisser des parties de peau saine sur le tronc et sur les membres. Un peu plus tard, la sécrétion épidermique augmente et il se détache dans le lit des écailles, des squames petites et épaisses, en quantité plus ou moins considérable. En cet état, le psoriasis aigu, que l'on pourrait appeler rubra, ressemble beaucoup au pityriasis rubra aiyu que nous avons décrit page 262; car le corps est aussi rouge qu'une écrevisse (que l'on me passe cette comparaison); mais il en diffère en ce qu'il n'existe pas de sécrétion aqueuse, et en ce que le pityriasis, au lieu de fournir des écailles, donne surtout des lamelles épidermiques minces et plus ou moins larges. D'ailleurs, dans le pityriasis rubra aigu, il existe souvent de la démangeaison, tandis que dans le psoriasis il n'y a que de la chaleur à la peau dont le malade a le sentiment.

Arrivé à ce point, le psoriasis est une maladie longue et rebelle; il faut s'attacher à combattre la forme inflammatoire par les bains d'une heure, de deux heures, trois heures même, lorsque le malade peut les supporter; souvent on retire un très grand avantage, au

début, de la saignée générale. Localement, on ne peut que prescrire les corps gras simples: axonge, cold-cream, saindoux sans addition d'aucun médicament; régime hygiénique convenable, cessation complète de travail, le malade s'y trouvant d'ailleurs forcé.

Survient la période décroissante, qui s'annonce par la diminution de la chaleur de la peau et par celle de la rougeur inflammatoire, qui, d'un rose vif d'abord, devient moins intense ensuite. C'est le moment qu'il faut choisir pour entrer dans la voie de la résolution à l'aide de bains et de pommades. Ainsi, les bains d'alun d'abord, et plus tard ceux au sublimé; les pommades au tannin camphré, à l'huile de cade au 50. Mais ce qu'il est difficile de saisir, c'est le moment opportun pour l'emploi de ces moyens ; nous ajouterons qu'en cas d'insuccès, c'est encore à la solution de Fowler qu'il faut avoir recours. Cette affection ne peut guère être guérie dans un espace moindre de trois à six mois.

Psoriasis chronique. Formes morbides.

Les auteurs qui nous ont précédé ont attaché une certaine importance à des divisions du psoriasis chronique, basées sur la forme morbide. Ainsi, Willan et Bateman, et après eux les dermatologistes qui les ont suivis, admettent l'existence des variétés suivantes: Psoriasis guttata, diffusa, gyrata et inveterata. A part cette dernière distinction, qui conduit à une médication tout externe dans l'impossibilité où l'on est de guérir par d'autres moyens, les trois premières n'ont de valeur que comme indication de forme morbide; au point de vue pratique, elles ne conduisent à rien: il faut même ajouter que ces divisions sont incomplètes, puisqu'il est très commun d'observer deux autres espèces que nous avons fait connaître, avec plus de raison, car elles ne se comportent pas de la même manière. Ce sont le psoriasis nummularia, ou disposé par plaques arrondies de la largeur de pièces de 2 à 5 francs, et le psoriasis punctata, toujours limité à des surfaces malades de quelques millimètres d'étendue, susceptible de se multiplier et non de s'étendre; ajoutons que cette forme est, de toutes, la plus difficile à guérir. Les auteurs ont de plus négligé les formes composées de psoriasis, bien autrement importantes, puisqu'elles conduisent à des indications thérapeutiques spéciales. Nous croyons

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