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atteinte réelle à la santé. Mais le pemphigus diutinus chronique est toujours grave, et d'autant plus grave qu'il naît d'une cause générale asthénique physique et le plus souvent morale et que nous n'avons aucune médication interne bien efficace à lui opposer ; que nos moyens externes, étant tous plus ou moins résolutifs, tendent à supprimer une éruption bulleuse et une sécrétion abondante de la peau, qui, dans la généralité des cas, se reporte alors sur la membrane muqueuse intestinale, et y fait naître une sécrétion diarrheique considérable qui épuise rapidement les forces du malade et le conduit au tombeau.

C'est d'ailleurs dans des conditions analogues, c'est-à-dire par le fait d'une diarrhée non provoquée, que le malade succombe; c'est là le phénomène contre lequel il faut lutter sans cesse dans le cours de la maladie; qu'il faut prévenir, qu'il faut arrêter à tout prix quand il se manifeste.

Mais si la généralité des affections cutanées n'est pas grave, on peut établir comme proposition générale que la disparition brusque, répercussion accidentelle provoquée ou non provoquée, de la plus simple maladie de peau, est un fait d'une grande gravité.

Il se manifeste alors des phénomènes généraux ou locaux variables suivant la force et la constitution du sujet, suivant son idiosyncrasie, c'est-à-dire suivant qu'il a ou qu'il a eu un organe souffrant, ou enfin un organe plus faible, et vers lequel se reflète la répercussion, comme se reflète la douleur d'une impression morale vive.

Le danger de la répercussion dépendra, soit de l'état général développé, soit de l'importance de l'organe affecté. En fait d'état général il est difficile de le décrire: il s'annonce par la fièvre, mais sans intensité, de l'abattement, du malaise, de l'affaissement; un état, en un mot, qui n'est pas franchement dessiné et qui se rapproche un peu de ces formes insidieuses typhoïdes que l'on voit survenir sous l'influence d'une tout autre cause. Le cerveau et les organes gastriques sont pris à la fois; ce n'est pas une arachnitis avec fièvre, délire, etc., c'est un état de somnolence fébrile qui dénote que le cerveau et ses enveloppes sont malades. Qui n'a vu, par exemple, les conséquences funestes de la suppression brusque des poux chez un enfant? Celui-ci est à deux doigts de sa perte, si dans

quelques cas même il ne succombe. Vous employez des sangsues, de la glace sur le front, des vésicatoires aux extrémités, les moyens les plus énergiques, et dans certains cas vous n'enrayez pas les accidents. Eh bien, la suppression d'une sécrétion à la surface d'une petite étendue de peau malade peut amener le même état que la suppression des poux.

Ici ce sera le tube intestinal qui se prendra, là les organes biliaires, ailleurs les poumons, mais jamais d'état phlegmasique nettement dessiné. Et comme je le faisais observer précédemment pour les poumons, ce sont des congestions à moitié sanguines, à moitié séreuses, subinflammatoires, que les antiphlogistiques ne font qu'exaspérer; et l'on ne guérit généralement ces affections qu'en rappelant à la peau l'éruption là où elle existait, et cela par des moyens artificiels, à la tète desquels je place l'huile de croton tiglium, parce que cette huile développe toujours une inflammation sécrétante. Heureux encore quand la révulsion peut être opérée; dans quelques cas j'ai employé en vain l'huile de croton, la pommade épispastique, les sinapismes répétés, les vésicatoires. Il semble que la peau soit tombée dans un état d'insensibilité qui la rende inaccessible aux irritants les plus énergiques.

Singulier phénomène que celui de la répercussion ou de la métastase, car il peut y avoir l'une ou l'autre, suivant les circonstances. Ainsi un malade sort d'un bain chaud; il reçoit l'impression de l'air froid, l'affection cutanée disparaît ou s'atténue notablement: il y a répercussion. Mais dans beaucoup de cas, sans cause appréciable connue, la maladie cutanée s'éteint pour être remplacée par un état morbide général ou local plus ou moins grave: c'est alors de la métastase dont la cause nous échappe.

C'est ici le lieu de faire connaître un fait que nous avons établi presque en axiome depuis quelques années: à savoir, que toute maladie de peau disparaît ou peut disparaître sous l'influence d'un état morbide général de l'économie. Et, chose remarquable, si cette affection cutanée donne lieu à quelque production animale ou végétale, tous les insectes ou les productions organiques disparaissent à un tel point que le malade se croit guéri de sa maladie de peau, et que le médecin est disposé à entrer dans cet ordre d'idées. Ainsi,

plus de traces de gale ou d'acarus, ou de poux, si la maladie était la gale ou une affection pédiculaire; plus de productions végétales de la teigne, de l'herpès tonsurant, si ces affections préexistaient à l'état fébrile général. Les maladies sécrétantes et non sécrétantes sont dans le même cas.

Tant que durera cet état morbide interne, qui pourra être avec ou sans fièvre, l'affection de la peau sera maintenue à l'état de disparition ainsi, soit une fièvre typhoïde, qui dure cinq à six septénaires, la gale, la teigne ou toute autre maladie cutanée, auront complétement disparu durant ce laps de temps.

Le malade vient-il à entrer en convalescence, celle-ci n'est réellement franche que lorsque l'affection de la peau reparaît. J'ai pris pour exemple la gale et la teigne, parce qu'il est fort surprenant qu'une maladie produite par un insecte s'anéantisse durant une maladie générale pour se réveiller ensuite à la convalescence: telle est donc la puissance de cet état général qu'elle enchaîne l'évolution même d'un animal parasite; à plus forte raison enchaîne-t elle l'évolution d'une maladie de la peau. Mais dans l'un comme dans l'autre cas la maladie sommeille, que l'on me passe cette expression; puis à la convalescence elle se montre avec les mêmes caractères, sauf l'intensité, qui généralement est moindre.

Telle est d'ailleurs la ténacité de certaines affections cutanées chroniques, qu'une maladie exanthemateuse n'en fait pas toujours justice, et cependant c'est une nouvelle affection cutanée générale, succédant à une affection cutanée toute locale et limitée à une très petite surface. L'exemple suivant en est une démonstration bien évidente.

Un homme est depuis trois mois traité dans nos salles pour une urticaire chronique datant de dix huit mois; il est pris de phénomènes généraux ou prodromes d'une affection exanthémateuse, et, en effet, au bout de deux jours on voit apparaître une roséole générale. Néanmoins l'urticaire persiste, les prodromes ne cèdent cependant pas, et le surlendemain apparaît un purpura aigu ; puis au cinquième jour se montre une variole confluente: alors cesse l'urticaire. La variole parcourt toutes ses phases, et sa gravité est si grande, qu'elle met les jours du malade en danger à cause des phé

nomènes cérébraux qui accompagnent la fièvre de suppuration. Deux larges vésicatoires aux cuisses en font justice, et la convalescence s'établit. La desquamation arrive. Le malade se croyait débarrassé de son urticaire diurne, ce dont il se réjouissait beaucoup, lorsqu'un matin, à la visite, il nous montre des petites plaques rosées et surélevées au-dessus du niveau de la peau, qui se sont développées à l'état discret: c'était l'urticaire qui revenait, et qui peu à peu a repris son intensité première.

Ce cas est fort remarquable; il prouve toute l'influence de la chronicité sur la continuité des maladies de la peau. Et que l'on ne suppose pas qu'il existait chez cet homme une cause interne, un organe souffrant qui perpétua! l'affection cutanée. Non, la santé générale a toujours été excellente et les organes digestifs avaient pu supporter sans inconvénient plusieurs médications énergiques.

Après un tel exemple, qu'on ne soit pas surpris non plus de la disparition des dartres durant une maladie générale quelconque ; alors toute l'économie est en souffrance et l'état local cède en présence de l'état général.

Disons actuellement que cet état général est le plus souvent un bien pour la maladie de la peau, et dans quelques cas même il en diminue très notablement l'intensité, il en permet la guérison dans un espace de temps beaucoup plus court. C'est ce qui a lieu même pour les maladies les plus rebelles: l'érysipèle de la face, par exemple, contribue puissamment à la guérison du lupus; et si dans le cours d'un traitement de lupus il se montre deux, trois érysipėles, chacun d'eux procure au malade un certain bénéfice pour la guérison. Nous avons été à même d'observer très fréquemment ces faits à l'hôpital Saint-Louis. Si l'érysipele n'y est pas épidémique, il est cependant des saisons où il se montre sur beaucoup d'individus à la fois, surtout chez ceux qui séjournent à l'hôpital. Il est rare que dans une salle de cent lits, quand des érysipèles se déclarent, ils n'affectent pas successivement sept, huit ou dix malades: c'est ainsi que nous avons pu juger de l'influence de cette affection sur diverses maladies cutanées. S'agit-il d'une affection d'une tout autre nature, la maladie de peau reparait lors de la convalescence, mais toujours à un plus faible degré d'intensité.

VI. ANATOMIE DE LA PEAU COMPARÉE A LA PATHOLOGIE.

Pendant longtemps la peau fut regardée comme un tissu composé de deux couches superposées, l'épiderme et le chorion. Après les travaux de Malpighi, les anatomistes s'accordèrent à reconnaître comme intermédiaires à ces deux tissus le corps muqueux et le corps papillaire.

Le derme était le canevas de la peau; le corps papillaire s'y trouvait superposé et résultait d'un assemblage de petites éminences formées par les extrémités des nerfs et des vaisseaux, qui, après avoir passé par les trous dont était criblé le chorion, se groupaient en petits pinceaux dans un tissu spongieux érectile; organes essentiellement nerveux suivant les uns, nerveux et vasculaires suivant les autres, parce qu'ils y admettaient l'existence de vaisseaux exhalants et absorbants.

Quant au corps muqueux, c'était un produit sécrété par les papilles et destiné à les lubrifier. Il renfermait en outre la matière colorante.

Bichat mit en doute l'existence du corps muqueux comme tissu propre, et le considéra comme une couche vasculaire chargée de la triple fonction d'exhalation, d'absorption et de production de matière colorante.

Gaultier émit sur le corps muqueux de nouvelles idées. Il le regarda comme étant formé de quatre couches: la plus profonde, à bourgeons vasculaires ou sanguins; la deuxième, albuginée profonde; la troisième, membrane brune; et la quatrième, albuginée superficielle. La première et la troisième seules douées d'organisation et remplissant les fonctions d'exhalation et d'absorption.

Chaussier a constamment nié l'existence de ces quatre couches. Enfin, MM. Breschet et Roussel de Vauzème furent conduits à revenir aux idées anciennement émises en considérant la peau comme formée de deux feuillets superposés, le chorion et l'épiderme.

Quoi qu'il en soit de ces divergences sur les tissus lamelleux de la peau, on admettait l'existence de vaisseaux exhalants et absorbants. On avait même mesuré leurs orifices dans un espace donné, et

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