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est absolue Nul animal du midi de l'un des deux continents ne se trouve dans le midi de l'autre.

Je quitte un moment Buffon et ses grands travaux pour vous parler d'un point de vue nouveau, et que je crois digne de votre attention'.

Sans doute, les espèces d'Amérique ne sont pas les mêmes que celles de l'ancien monde; mais elles sont parallèles. Prenons pour exemple la tribu des singes: nous trouvons dans l'ancien continent le chimpanzé, l'orang-outang, le babouin, etc. Le nouveau continent ne nous offre ni champanzé, ni orang-outang, ni babouin, mais il a le sajou, le saïmiri, l'ouistiti, etc. Ce sont toujours des singes. Les espèces sont différentes, mais le type est le même.

Ce phénomène de parallélisme se reproduit pour une foule d'autres espèces. Parmi les animaux du genre félis, nous trouvons dans l'ancien continent le lion, le tigre, la panthère; nous trouvons dans le nouveau : le puma, le jaguar, l'ocelot. De même pour les ruminans, nous avons, d'un côté : le chameau, le bœuf, etc.; de l'autre l'alpaca, le lama, etc.

1. Voyez mon livre intitulé: Histoire des travaux et des idées de Buffon, p. 148. (Seconde édition).

Si, après avoir comparé entre elles les espèces vivantes, nous les comparons toutes ensemble avec les espèces fossiles, nous retrouvons encore dans ce rapprochement la loi du parallélisme. Les fossiles nous donnent des ruminants, des félis, des pachydermes qui se classent, comme groupes, à côté des ruminants, des félis, des pachydermes actuels.

Ainsi les espèces varient, mais elles sont parallèles. Espèces vivantes ou espèces mortes, espèces d'un continent ou espèces de l'autre, c'est toujours un même retour, un même fonds de types et un même cadre : Le règne animal est un.

VINGT-CINQUIÈME LEÇON

Suite des travaux de Buffon sur la localisation des espèces animales. Animaux du nord de l'Amérique et du nord de l'Europe. Vérification de la loi du parallélisme des espèces.

Les populations animales sont, comme nous avons vu, réparties et localisées dans les différentes régions du globe. L'étude des localités, par rapport aux animaux qui les habitent, forme la géographie zoologique. On appelle faune une population animale groupée dans une certaine région, de même qu'on appelle flore l'ensemble des plantes spéciales à telle ou telle contrée. Vous savez que c'est à Linné que nous devons ces noms gracieux, tirés de la Fable.

J'ai dit que Buffon avait posé cette règle qu'au

cun animal du midi de l'un des deux continents ne se trouve dans le midi de l'autre ; règle que tous les faits confirment. Mais si l'on passe du midi au nord de l'Amérique, la règle n'est plus aussi complétement applicable. Le nord de l'ancien continent et celui du nouveau ont, dans leur population, quelques animaux de même espèce on trouve dans les deux régions l'élan, le renne, le loup, le renard, le castor, etc. Buffon explique le fait par le voisinage des deux continents au pôle nord. Et, en effet, tandis qu'au midi les deux continents sont séparés par des mers immenses, ils ne le sont, au nord, que par un passage étroit, le détroit de Behring. Il faut ajouter que ce détroit étant presque toujours couvert de glaces, la solution de continuité n'existe pas, à proprement parler; les animaux peuvent passer, sur les glaces, d'un continent à l'autre. Le détroit de Behring, produit de la rupture des deux continents, est, d'ailleurs, de formation relativement récente. Primitivement les deux continents n'en faisaient qu'un.

Toutes ces raisons sont bonnes sans doute, mais Buffon ne donne pas la véritable, la grande. On pourrait lui objecter, en effet, que l'Europe et l'Asie ne sont point séparées par des mers;

elles font continent, et cependant la population animale de l'une et celle de l'autre sont très-distinctes.

La grande raison ici, c'est la loi des climats: où les climats sont différents, les populations animales sont différentes; où ils sont analogues, elles sont analogues.

Mais partout les populations, différentes comme espèces, peuvent être ramenées, je l'ai dit, à la loi de parallélisme comme genres, comme ordres, etc., à l'uniformité des types. Nos cadres zoologiques étaient faits quand la découverte de l'Amérique vint enrichir l'histoire naturelle d'une masse d'êtres nouveaux; les mêmes cadres les reçurent, ils entrèrent naturellement dans les groupes déjà formés. L'unité du règne animal pouvait-elle se manifester d'une manière plus évidente?

Nous avons pu facilement ranger dans des groupes parallèles les ruminants, les pachydermes, les félis de l'ancien et du nouveau continent. Pour retrouver les analogues de quelques autres espèces, il a fallu plus d'attention. Par exemple, l'ancien monde possède les fourmiliers. Ce sont de singuliers animaux, complétement édentés, pourvus d'une langue filiforme,

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