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siles qui présentent de grandes analogies avec un squelette humain. Il se hâte de les aller voir et ne doute pas, dès l'abord, qu'il n'ait devant les yeux un homme fossile. Dans l'explosion de sa joie, il écrit tout d'un trait, sur sa découverte, un livre intitulé: Homo diluvii testis, où il dit : « Il est indubitable que le schiste d'OEningen con<< tient une moitié ou peu s'en faut du squelette << d'un homme; que la substance même des os, « et, qui plus est, des chairs, y est incorporée « dans la pierre; en un mot, que c'est une des reliques les plus rares que nous ayons de cette « race maudite qui fut ensevelic sous les eaux. » L'opinion de J.-J. Scheuchzer dominait encore lorsque Cuvier, ayant étudié ces ossements, reconnut que l'homme fossile d'OEningen était une salamandre.

«

Rien dans l'ensemble des êtres fossiles, comparé à l'ensemble des étres vivants, ne paraît plus fait pour donner l'idée de deux règnes séparés, que l'extrême dissemblance qui se trouve entre certains reptiles fossiles et la plupart des reptiles vivants.

Mais d'abord, parmi ces anciens reptiles, si différents des nôtres, il s'en trouvait beaucoup

qui en différaient très-peu : des lézards, « très<< semblables, dit Cuvier, aux grands monitors <«< qui vivent aujourd'hui dans la zone torride; » des crocodiles, des tortues, soit de mer, soit d'eau douce, etc., etc., qui ne se distinguaient de nos crocodiles et de nos tortues qu'à titre de genres et d'espèces; et, en second lieu, à s'en tenir même aux dissemblances les plus extrêmes, que prouvent-elles? qu'il y a deux règnes? Non, puisque, bien comprises, elles rentrent dans le plan suivi d'un seul et unique règne, et viennent, comme dit M. de Blainville, « relier entre eux les «groupes vivants par des groupes fossiles. »>

TRENTE-QUATRIÈME LEÇON

Vue physiologique des mammifères fossiles. Idées fausses auxquelles la découverte de leurs ossements a donné lieu. Animaux du Midi découverts en Sibérie par Gmelin, Pallas, Adams. La paléontologie créée par Cuvier.

Des ossements fossiles de grands mammifères ont été trouvés de bonne heure; mais les premiers observateurs les prirent pour des restes de géants humains. C'étaient les débris d'une race de géants qui nous avait précédés. Nous étions une race dégénérée.

En 1613, on découvrit dans le Dauphiné des os gigantesques. Un chirurgien du pays, nommé Mazurier, les achète et les apporte à Paris. Là il en fait une exhibition publique; et, pour exciter la curiosité, il assure qu'on les

a trouvés dans un tombeau de trente pieds de long qui portait pour inscription: Teutobochus rex. Ces ossements n'étaient donc rien moins que les restes du fameux Teutobochus, roi des Cimbres, que Marius défit dans le midi de la Gaule. Nous avons aujourd'hui, au Muséum, les prétendus os du roi Teutobochus. C'étaient les os d'un mastodonte'.

Il n'est pas jusqu'à la ridicule idée des jeux de la nature qui n'ait reparu à propos des ossements fossiles des mammifères. En 1696 on découvrit à Tonna, dans le duché de Gotha, des dents, des vertèbres et des côtes d'éléphant. Les médecins du pays, consultés par le duc de Gotha, déclarèrent unanimement que ces os étaient des jeux de la nature.

Avec le XVIIIe siècle commencent enfin les études sérieuses.

En 1733, Gmelin (Jean-Georges) explore la Sibérie, par ordre du gouvernement russe. Il y

1. Tout près de nous, l'hypothèse des os de géants régnait encore dans le siècle dernier. Le garde-meuble de la couronne de France possédait, comme une de ses raretés les plus curieuses, un os qu'on supposait avoir appartenu à un géant. Daubenton montra qu'il fallait n'y voir qu'un radius de girafe.

trouve un nombre énorme d'ossements fossiles

de mammifères.

Gmelin était un excellent observateur, et, de plus, il savait saisir les grands points de vue. C'est par un de ces points de vue supérieurs qu'il fixe aux monts Ourals la ligne zoologique qui sépare l'Europe de l'Asie. « C'est, dit-il, au delà << des monts Ourals et du fleuve Jaïk que l'aspect <«< du pays, les plantes, les animaux, l'homme << enfin, et tout ce qui l'entoure, prennent une «< physionomie nouvelle. »

En 1768, Pallas succède à Gmelin dans l'exploration de la Sibérie. Son voyage dure six années. Parti de Saint-Pétersbourg le 21 juin 1768, il y rentre le 30 juillet 1774. Avant de partir, il avait soigneusement étudié les ossements fossiles rassemblés au musée de Saint-Pétersbourg; il s'était, en quelque sorte, orienté pour les recherches qu'il allait faire.

Pallas trouva, comme Gmelin, une prodigieuse quantité d'ossements d'éléphants, de rhinocéros, d'hippopotames, etc. La relation de son voyage parut, et l'on y vit ce fait, à peine croyable, d'un rhinocéros, trouvé tout entier, près du fleuve Wiliouï, avec sa peau, ses chairs, ses tendons, etc. Ce corps s'était conservé dans la terre gelée.

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