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Dans l'espèce humaine, les organes de la vie d'adulte' étant formés à sept mois, le fœtus, né à cette époque, peut être viable, mais il demande les plus grands soins.

Il n'existe pas un seul fait authentique d'un fœtus né viable à six mois. A plus forte raison, faut-il rejeter, comme autant de fables, ces naissances, suivies de vie, qui auraient eu lieu à cinq et même à quatre mois.

Le terme de la naissance, j'entends de la naissance d'un fœtus viable, peut donc être avancé. Mais peut-il être retardé? C'est ici une des questions qui ont été le plus vivement débattues en médecine.

Le terme de la naissance est quelquefois retardé du 60me au 64me jour pour le chacal, le chien et le loup; du 28me au 30me jour pour le canard. J'ai vu ces variations. L'analogie porte à penser que, dans l'espèce humaine, la naissance peut aussi être retardée, mais certainement de bien peu, de quelques jours tout au plus.

Tout dans la nature, et très-particulièrement tout ce qui se rapporte à la fécondité,

1. On verra plus tard qu'il y a des organes distincts pour la vie fatale et pour la vie d'adulte.

est soumis à des lois. Ces lois nous échappent souvent, mais elles existent. Une expérience faite par Aristote va nous en révéler une des plus délicates.

Le pigeon produit deux œufs, l'un mâle, l'autre femelle cela est invariable, ou à fort peu près. Aristote voulut savoir quel était celui des deux sexes qui naissait le premier. Il trouva que toujours le premier œuf donnait le mâle, et le second la femelle.

J'ai répété cette petite et jolie expérience. J'ai observé les pontes d'un même couple de pigeons jusqu'à onze fois de suite dix fois consécutives, l'œuf mâle est sorti le premier. A la onzième fois, il y a eu une production anormale de trois œufs, mais il s'est trouvé un œuf clair, et c'est le premier sorti qui a donné la femelle.

Ainsi donc, dans l'espèce du pigeon, la loi générale est que le mâle naît le premier.

Le philosophe, ou plutôt celui qui se croit philosophe, dédaigne ces faits qu'il regarde comme petits, comme puérils. Savoir quel est celui des deux sexes qui naît le premier. Eh! qu'importe? Les plaisants de l'antiquité se moquaient d'Aristote et de son école. Lucien nous représente un péripatéticien qui s'applique à

rechercher quelle peut être la durée de la vie d'un cousin ou la nature de l'âme d'une huître. Le naturaliste peut répondre au satirique comme au philosophe que, dans l'observation scientifique, rien n'est petit, rien n'est inutile. Un des plus beaux priviléges de la pensée est de s'élever, par l'étude comparée des faits, même les plus petits, à la connaissance de quelque loi de la nature, chose toujours très-grande.

NEUVIÈME LEÇON

Exclusivité de l'espèce humaine.

Son unitė.

Égalité de toutes les races humaines.

Nous sommes arrivés au terme de cette grande question : la spécification des êtres. Permettezmoi de la résumer en quelques mots.

Nous voyons le globe couvert d'êtres vivants. Comment la nature les a-t-elle distingués, groupés? On dit tous les jours: la nature ne fait que des individus.

Nous avons pourtant vu que la nature fait quelque chose de plus, qu'elle groupe les individus par parenté, par consanguinité, qu'elle a fait les espèces. Mais quel est le signe extérieur de cette parenté, laquelle est de soi très-cachée? La parenté des êtres, a dit Buffon, est le plus pro

fond mystère de la nature. Elle est si cachée qu'elle existe malgré toutes les dissemblances, et peut ne pas exister malgré toutes les ressemblances.

Je rappellerai les exemples que j'ai déjà cités : l'âne et le cheval sont semblables, ils sont parents, mais comme genre seulement; le chien et le renard sont semblables, ils ne sont pas parents même comme genre; le lévrier et le barbet sont dissemblables, ils sont parents comme espèce.

Nous avons trouvé le caractère extérieur qui trahit, qui accuse la parenté, savoir la fécondité. Continue, elle nous révèle l'espèce; bornée, elle nous révèle le genre.

Enfin nous avons étudié les lois de la fécondité.

Nous avons traité toutes ces questions dans leurs rapports avec les êtres vulgaires. Il nous reste à les examiner relativement à une espèce privilégiée, supérieure à toutes, en dehors de toutes, relativement à l'espèce humaine.

Dans cette leçon, je prouverai: 1o l'exclusivité de l'espèce humaine; 2o son unité; 3o l'égalité de toutes les races humaines entre elles.

1o Exclusivité de l'espèce humaine.

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