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rieur des pierres, ou dans des creux d'arbres. Et, cette fois, il a bien raison. D'ailleurs, rien n'est moins prouvé que ces faits-là; mais comment, après avoir admis la génération spontanée pour le poisson, peut-on être reçu à la nier pour le crapaud ou pour la grenouille? Si l'on admet la génération spontanée pour le poisson, pour le polype, pour une seule espèce animale, et pour une quelconque, je défie qu'on me donne une raison philosophique de ne pas l'admettre pour toutes les espèces.

Vers le milieu du xvIe siècle, l'erreur des générations spontanées parut céder un moment devant les belles expériences de Redi.

On disait que la viande corrompue, que le fromage engendraient des vers. Redi mit de la viande fraîche dans des vases couverts d'une gaze qui donnait passage à l'air : sans cette précaution, on n'aurait pas manqué d'objecter que, dans un vase où l'air ne pénétrait pas, les vers n'avaient pu naître. La viande se corrompit et ne produisit pas de vers. Même expérience pour le fromage, même résultat négatif. Les expériences prirent un dernier caractère de démonstration quand on vit les mouches, attirées par la putréfaction des vian

des, venir déposer leurs œufs sur la gaze. A peu près à la même époque, Vallisnieri trouvait, jusque dans les vers intestinaux, les organes de la génération et des œufs. Ainsi, ces animaux avaient en eux tous les moyens de se reproduire.

Aujourd'hui, la génération spontanée est encore supposée, mais seulement pour les espèces les plus inférieures, pour les infusoires. Les mêmes physiologistes qui admettent la mutabilité des espèces admettent la génération spontanée. Certains esprits sont sympathiques à toutes les erreurs.

Je le demande encore quelle raison, j'entends quelle raison valable, de rejeter la génération spontanée dans les animaux supérieurs, si on l'admet pour les infusoires, pour les vers intestinaux, pour les polypes? La difficulté, l'impossibilité est la même : il s'agit toujours d'êtres organisés. Le polype n'a-t-il pas une organisation propre, des tentacules pour saisir sa proie, un estomac pour la digérer? N'a-t-il pas jusqu'à un instinct?

Des observations récentes ont complété celles de Vallisnieri; M. Van Beneden, professeur à l'Université de Louvain, devait porter le dernier

coup à la génération spontanée'. Dans un mémoire fort remarquable, et couronné par l'Institut, il étudie l'anatomie, les fonctions, le mode de génération des trématodes et des cestoïdes, groupes de vers intestinaux. Il décrit avec précision leurs organes génitaux, et, chose remarquable, la complication de ces organes est portée très-loin.

M. Van Beneden a surpris, dans les vers intestinaux, un autre fait non moins curieux. Certains d'entre eux subissent des métamorphoses très-nombreuses et complètes, métamorphoses qui se compliquent de migrations, et des migrations les plus singulières. Un helminthe commence son développement dans une espèce et le finit dans une autre. Il la commence dans un herbivore et la finit dans un carnivore. Le cysticerque du lapin (cysticercus pisiformis) devient ie tænia du chien (tænia serrata). Jusque-là, on avait pris le cysticerque du lapin pour un animal distinct, complet, propre au lapin; point du tout, ce n'est qu'une larve, et c'est la larve du tænia, lequel, de son côté,

1. Je le croyais alors (1854). La question des générations spontanées vient d'ètre reprise avec une nouvelle ardeur, mais aussi combattue avec un savoir nouveau.

passait aussi pour un animal distinct, complet et propre au chien. Un cycle semblable de métamorphoses se retrouve dans l'histoire de la plupart des helminthes.

ONZIÈME LEÇON

Hypothèse de la préexistence des germes, imaginée par Leibnitz; adoptée par Haller, Bonnet, Cuvier; contredite par mes expériences sur les métis.

J'ai fait l'historique de la génération spontanée. Quoi de plus absurde que d'imaginer qu'un corps organisé, dont toutes les parties ont entre elles une connexion, une corrélation si admirablement calculée, si savante, puisse être produit par un assemblage aveugle d'éléments physiques? Ce corps organisé aurait puisé sa vie dans des éléments qui en sont dépourvus! On fait venir le mouvement de l'inertie, la sensibilité de l'insensibilité, la vie de la mort!

De toutes les erreurs sur la formation des êtres, la plus absurde, c'est-à-dire la génération

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