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mence « L'enfant voudrait se tenir tranquille, mais >> trop agité pour y réussir, il agace sa mère et la comble » de caresses. Un autre enfant emprunte un bel éventail, >> et dans l'espoir de le faire oublier, il apporte au prê>>teur des fleurs, de vieux jouets. Un troisième demande >> des bonbons pour son frère (1). »

L'abbé Girard, dans l'opposition des mots cacher, dissimuler et déguiser, a fait admirablement ressortir la différence qui existe entre la dissimulation et la ruse active. « On cache par un profond secret... on dissimule >> par une conduite réservée... on déguise par des appa»rences contraires. Il y a du soin et de l'attention à >> cacher... du travail et de la ruse à déguiser. L'homme » caché veille sur lui-même pour ne se point trahir par >> indiscrétion. Le dissimulé veille sur les autres pour ne >> les pas mettre à portée de le connaître. Le déguisé se » montre autre qu'il n'est pour donner le change..... » Lorsque la nécessité des circonstances et la nature des >> affaires engagent à déguiser, c'est politique; mais lors» que le goût de manège et la tournure d'esprit y déter>> minent, c'est fourberie (2). »

$ 19. Critique de la sécrétivité.

Gall avait remarqué cette disposition à la tromperie, sous sa double face de simulation ou de dissimulation et il l'avait nommé ruse, finesse, savoir faire (3). Spur

(1) Education progressive ou Étude du Cours de la vie, 1re édition, t. 1, p. 280-1.

(2) Dictionnaire des synonymes.

(3) Anat., t. 3, p. 200.

zheim reconnaît les mêmes faits, mais il les rapporte à une cause qui ne leur suffit plus; c'est à la dissimulation qu'il appelle sécrétivité (1). « Les hommes rusés, dit-il, » décèlent de mille manières l'instinct à cacher, ils plai>>dent souvent le faux pour connaître le vrai ; ils exagè>> rent le bien pour apprendre le mal; ils donnent des >> vertus supposées à ceux dont ils désirent connaître les » défauts. >>

Plaider le faux, exagérer le bien, donner des vertus supposées, tout cela c'est plus que dissimuler, que cacher, c'est simuler, c'est feindre, c'est agir. Il y a une grande différence entre cacher ce qui est, et inventer ce qui n'est pas. La simulation et la dissimulation sont donc deux modes différents de l'instinct de ruse qui se rencontrent fort souvent dans le même homme, mais qui peuvent se séparer et constituer des caractères différents. Nous pensons donc qu'on doit revenir ici à la terminologie de Gall. Il est important aussi, pour bien constater la nature instinctive de la ruse, de ne pas donner d'exemples où elle soit intentionnelle, raisonnée; car il suffit alors de l'expérience et de l'induction pour l'expliquer. Si vous avez remarqué que la contradiction excite les hommes à dire leur secret et que vous mettiez à profit cette remarque en plaidant le faux pour savoir le vrai, vous raisonnez, c'est-à-dire, vous vous souvenez de vos expériences et vous induisez qu'elles réussiront encore, il n'y a là ni l'instinct, ni le goût de la ruse pour la ruse elle-même.

La ruse ne se montre comme l'effet d'une tendance naturelle, que chez les hommes qui ne se rendent pas

(1) Obs., p. 182.

compte des simulations et des dissimulations qu'ils emploient, ou chez les animaux à qui la nature inspire de faire du bruit ou de se cacher avant qu'ils aient pu prévoir le profit qu'ils retireront de ce manège; il est donc nécessaire de réformer sur ce point l'analyse et la terminologie de Spurzheim.

Mais nous avons à lui reprocher une faute plus grave qui retombe en partie sur son prédécesseur, c'est la confusion de la faculté de circonspection, non-seulement avec l'induction, comme nous l'avons vu tout à l'heure, mais encore avec la faculté qu'ils appellent, l'un penchant à la ruse, l'autre sécrétivité.

« La circonspection, dit Spurzheim, contribue à la >> conservation; elle fait prendre les précautions, fait » placer les sentinelles, retient l'activité des penchants » et semble toujours dire: Prenez garde (1). »

« La secrétivité, dit le même, est un instinct dont les >> animaux ont besoin pour se cacher, et pour s'y prendre » de manière à n'être pas aperçus. Un chat fait semblant » de dormir, il guette la souris sans faire aucun mouve» ment; le chien pour s'assurer un os le cache dans la >> terre (2). »

Je crois que l'œil le plus pénétrant n'apercevrait pas ici de limite et ne pourrait découvrir pourquoi la force qui retient l'activité des penchants est plutôt la circonspection que la secrétivité, et pourquoi le manège du chat qui s'abstient de tout mouvement est dû plutôt à la secrétivité qu'à la circonspection.

M. Vimont a encore augmenté la confusion en inter

(1) Manuel, p. 43. (2) Manuel, p. 36.

calant entre la circonspection et la ruse une troisième faculté qu'il appelle sentiment de la conservation, et å laquelle il attribue des effets semblables à ceux des deux premières. Ainsi il dit d'une part :

<< L'oiseau qui ne s'approche qu'obliquement de l'ap>> pât qu'on lui jette, n'obéit pas à la ruse, mais à la cir» conspection, il ne cherche pas à tromper, il est seu»lement sur ses gardes (1). »

Et ailleurs il ajoute : « La ruse qui nous porte à >> deviner les projets des autres, contribue à rendre » très-défiants ceux qui la possèdent dans un haut >> degré (2). >>

:

Et ailleurs encore « L'impulsion instinctive qui >> porte les animaux à fuir ou à se tenir sur leurs gardes » est l'instinct de la conservation (3). »

Dira-t-on encore que l'organologie fixera la psychologie lorsque l'analyse des faits psychologiques n'est pas mieux faite et qu'on attribue un même résultat à trois organes différents? Que devient la prétendue démonstration de la faculté par l'organe? que devient l'espoir même de démontrer l'organe par la faculté? psychologie et organologie, tout est enseveli dans un même tombeau.

:

Il faut donc reconnaître comme facultés préservatrices 1o Des appréhensions instinctives, à priori, devançant l'expérience et distinctes de l'appréhension raisonnée qui est le résultat de l'induction, et qui mêrite seule le nom de circonspection; 2° un instinct de ruse

(1) T. 2, p. 582. (2) Ibid., p. 196. (3) Ibid., p. 160.

dont les deux modes quelquefois séparés et le plus souvent réunis, sont la dissimulation et la simulation.

$ 20. Confiance en soi-même.

Nous arrivons à un groupe d'affections comprises dans la langue vulgaire sous le nom d'amour-propre, mais qui n'en sont pas moins distinctes les unes des autres. L'acception la plus commune du terme amour-propre, signifie la disposition d'un homme qui a pris de lui-même une plus haute opinion que son mérite ne le permet. Mais on dit encore qu'un homme a de l'amour-propre lorsqu'il redoute de se voir surpasser par d'autres, ou qu'il recherche la louange, ou qu'il est jaloux de son indépendance et ne souffre pas qu'on lui fasse la loi, ou qu'enfin il veut commander. Il y a pourtant ici des tendances fort diverses et qui sont souvent séparées.

Reid avait dit : « Il est une confiance qui vient de ce » qu'on s'attribue des talents ou des vertus qu'on n'a >> pas, ou qu'on attache une trop grande valeur à quel>> que avantage de l'esprit, du corps ou de la fortune >> qu'on possède. Cette confiance est l'orgueil proprement >> dit, qui est la source d'une foule de vices odieux, tels >> que l'arrogance, l'injuste mépris des autres, la pré>> somption et l'amour-propre (1). »

« L'opinion que les hommes prennent d'eux-mêmes >> dit Spurzheim, ne dépend pas des circonstances exté

(1) T. 6, p. 108.

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