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C'est aux organologistes à vider entre eux ce débat. J'ajouterai seulement que des deux hypothèses, celle d'un appareil moteur accordée à chaque organe pour sa fin particulière, et celle d'un organe moteur unique, placé sous l'influence de toutes les autres facultés, la seconde paraît la moins compliquée, et par conséquent la véritable, puisque la nature procède toujours par la voie la plus simple et la plus courte. Nous exposerons en leur lieu les raisons qui nous font croire que la force motrice a son siège à la place même du prétendu organe de la destructivité.

TROISIÈME PARTIE.

SOUS-DIVISION DES FACULTÉS INTELLECTUELLES.

CHAPITRE PREMIER.

Facultés expérimentales ou facultés d'observation.

S 1er Des différences de nature et des différences de degré.

Des quatre grandes classes des faits psychologiques, il en est deux, les volitions et les impulsions, qui ne sont pas susceptibles d'être sous-divisées. Les dernières sont sous l'influence des facultés intellectuelles et des facultés affectives. Nous les énumérerons à propos de la faculté qui les détermine, et nous éviterons ainsi une classification des mouvements qui ne ferait que rẻpéter celle des facultés intellectuelles ou affectives. Quant

aux volitions, bien qu'elles puissent s'appliquer à différents actes, quand on en produit une, on peut les produire toutes, et en conséquence, d'après les règles de la méthode psychologique, nous ne devons les attribuer qu'à une seule et même faculté indivisible, à la libre volonté.

Nous n'aurons donc à sous-diviser que les facultés intellectuelles et les facultés affectives, parce qu'elles ne se trouvent pas toutes dans le même homme, ou qu'au moins elles n'y sont pas toutes au même degré.

« Les facultés affectives, dit Spurzheim, ne connaissent » pas les objets de leur satisfaction (1). » M. Broussais ajoute « Il a fallu percevoir l'aliment par les sens, avant » de le désirer; voir une femme ou un homme avant » d'éprouver, au souvenir de l'une ou de l'autre, des af>>>fections qui y sont appropriées; être témoin d'un mal>> heur pour ressentir de la commisération, etc. (2) » Ainsi, de l'aveu des phrénologistes, les facultés. affectives sont aveugles et attendent pour entrer en exercice l'avertissement d'une ou de plusieurs facultés intellectuelles (3). Il est donc d'une bonne méthode de commencer l'exposé de la psychologie par les facultés qui se mettent en jeu les premières, c'est-à-dire, par les facultés intellectuelles, et de ne pas imiter l'exemple des phrenologistes qui traitent d'abord des facultés affectives.

La division ordinaire de l'intelligence comprend la perception, l'attention, le jugement, le raisonnement, la mémoire et l'imagination. L'école phrénologique at

(1) Manuel, p. 26.

(2) Cours de phrén., p 729 30.

(3) Obs, sur la phrén., p. 331-3, ct Manuel, p. 26.

taque cette distribution: elle avance qu'il ne faut pas classer les facultés intellectuelles par la nature de la fonction, mais par celle de l'objet auquel plusieurs fonctions se rapportent. Ainsi on ne doit pas considérer la perception comme une faculté indivisible, s'appliquant en chacun de nous, à tous les objets, ni la mémoire comme une faculté indécomposable, donnant à tous le souvenir de toute chose. Il n'y a pas non plus une seule attention, un seul jugement, un seul raisonnement et une seule imagination; mais il faut reconnaître, par exemple, une faculté du coloris, comprenant à la fois la perception, l'attention, le jugement, le raisonnement, la mémoire et l'imagination des couleurs, puis une faculté de la mélodie renfermant les mêmes degrés, et ainsi autant de facultés qu'il y a d'objets distincts de la pensée humaine(1). La phrénologie a fait grand bruit de cette nouvelle manière d'envisager l'intelligence, et elle l'a regardée comme un avantage par lequel surtout elle était en droit de proclamer sa victoire sur la philosophie. Je pense qu'elle n'a ni tout à fait tort, ni tout à fait raison.

On ne doit certainement pas accuser les philosophes d'avoir regardé les perceptions comme inséparables les unes des autres : ils ont toujours distingué, par exemple, les perceptions des cinq sens. Ils ont de même reconnu plusieurs genres de mémoire. Gall en a fait luimême l'aveu : « Avant moi, dit-il, on avait déjà distingué >> la mémoire des choses (memoria realis), la mémoire » des mots (memoria verbalis), et la mémoire des lieux » (memoria localis) (2). » Dans ces derniers temps, Reid

(1) Gall, t. IV, p. 15 et 323; et Spurzheim, Obs., p. 331-4. (2) Anat., t. IV, p. 14.

disait qu'un homme peut avoir reçu de la nature une mémoire très-nette et très-prompte des objets individuels, et moins de facilité, moins d'exactitude pour le souvenir des abstractions et des généralités (1). Dugald-Stewart parle d'une mémoire qui associe les idées par les ressemblances physiques, par la continuité de temps et de lieux, et d'une autre qui enchaîne les objets par la relation de cause et d'effet, de principe et de conséquence (2). Cependant il est impossible d'absoudre entièrement les philosophes, et même celui dont nous venons de parler, d'une tendance à envisager chacune des facultés qu'ils admettent dans l'intelligence comme une faculté indécomposable. Ils allèguent que la nature de la fonction est absolument la même, quel que soit l'objet auquel la fonction s'applique; que percevoir un son, ou percevoir une couleur c'est toujours percevoir, de même que se souvenir d'un édifice ou d'une mélodie, c'est toujours produire un acte de mémoire. Ils inclinent donc à penser qu'avec une attention également répartie sur tous les objets, chacun de nous deviendrait capable de les percevoir avec un égal succès. Ils traitent le plus souvent de la mémoire comme d'une faculté propre à tout chez tous (3), et quand ils décrivent l'imagination, ils ont l'air de la regarder comme susceptible de produire chez le même individu, suivant son choix ou les circonstances extérieures, la conception d'une statue, d'un temple, d'un tableau, d'une symphonie, d'un discours ou d'une épopée. Or, l'expérience dément

(1) T. IV, p. 131.

(2) Philosophie de l'esprit humain, trad. fr., t. 2, p. 218. (3) Ibid., t. I, p. 210.

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