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dirons dès à présent que le chiffre moyen de l'infection générale avec formation de tumeurs cancéreuses secondaires est de 0,56, c'est-àdire, de près des trois cinquièmes.

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§ IV. Des altérations non cancéreuses que l'on observe chez les cancéreux.

L'habitude extérieure du corps et l'aspect général des tissus attirent avant tout notre attention, et nous y trouvons encore la confirmation pleine et entière de notre manière de nous rendre compte du dépérissement cancéreux que nous regardons, du reste, comme dépourvu tout à fait de caractères spécifiques et comme étant dû essentiellement à une atteinte profonde de la nutrition en vertu de laquelle le sang, par l'augmentation de l'agent cancéreux, est devenu incapable de nourrir les organes. La masse du sang lui-même est ordinairement en petite. quantité en comparaison de celui des cadavres qui succombent dans un bon état de nutrition; il est liquide ou mollement coagulé, n'offrant guère dans le cœur ces caillots denses et fibrineux que nous observons si souvent dans d'autres circonstances. L'analyse chimique nous a démontré sa pauvreté en globules et sa richesse en parties aqueuses. Des coagulations spontanées ont souvent lieu dans plusieurs parties du système veineux, et surtout dans les veines des membres. Ces caillots sont ordinairement intimement adhérents aux parois épaissies des vaisseaux, et constituent ce que l'on a décrit sous le nom de phlébite adhésive, dont la conséquence est l'œdème partiel d'un membre supérieur ou inférieur, dû souvent aussi à la compression des veines par des tumeurs cancéreuses, sans qu'il y ait oblitération de leur calibre. L'infiltration plus générale est ordinairement aussi en rapport avec la compression veineuse : c'est ainsi que le cancer du foie provoque fréquemment l'ascite, tandis que le

cancer des glandes lymphatiques du bassin ou des ovaires provoque de préférence l'œdème des membres inférieurs.

Lorsque l'enflure hydropique ne vient pas masquer l'état de l'embonpoint, on trouve ordinairement ces cadavres réduits au dernier degré de marasme, et nous n'avons rencontré d'exceptions à cette règle générale que chez les malades qui mouraient d'une affection intercurrente ou d'une opération à une période peu avancée de la maladie, ou lorsque le cancer était localisé de telle façon que les plus importantes fonctions de la vie fussent gravement compromises, comme, par exemple, pour une tumeur cancéreuse de la protubérance annulaire ou pour des cancers multiples primitifs et volumineux dans les poumons. L'émaciation et le marasme extrême sont donc la règle générale. Il y a décoloration des tissus, surtout de la peau, qui n'offre la teinte ictérique que quand un obstacle quelconque s'est opposé à l'écoulement de la bile. La teinte de la peau est tantôt celle de la décoloration purement anémique lorsque de grandes pertes sanguines ont précédé la mort, tantôt la teinte d'un blanc jaunâtre que l'on a désignée sous le nom de jaune-paille et que l'on a regardée à tort comme spécifique du cancer. Les muscles sont très amaigris, mous et faciles à rompre. Les os également sont très amincis et beaucoup plus fragiles qu'à l'état normal, ce dont on peut se convaincre pendant l'autopsie en ouvrant le crâne. Cette fragilité des os est indépendante tout à fait des dépôts cancéreux secondaires. Les organes parenchymateux contenus dans les cavités viscérales sont ordinairement exsangues, à moins d'être le siége d'une hypérémie inflammatoire accidentelle, point sur lequel nous reviendrons plus loin. Le cœur est bien souvent d'une mollesse, d'une petitesse et d'une flaccidité remarquables. Il n'est pas rare enfin de trouver une pneumonie terminale à l'autopsie, sans que pendant la vie on ait pu la reconnaître et sans que des dépôts secondaires dans la cavité thoracique aient pu la motiver.

Jetons à présent un coup d'œil sur les altérations non cancéreuses de l'organe cancéreux. Il est impossible de formuler une règle générale. Il n'y a de constant que la disparition des tissus organiques à la place même que le cancer occupe; mais quant au reste de l'organe, il peut avoir conservé en grande partie ses qualités naturelles, il peut avoir notablement augmenté de volume et être vraiment hypertrophié, ou être raréfié et atrophié, être le siége d'une hypérémie, d'une inflammation exsudative, ou d'un épanchement hémorrhagique à divers degrés d'intensité. Nous allons citer quelques exemples pour montrer

la variété de ces altérations secondaires, Dans le cancer de l'utérus, le col est souvent tellement rongé qu'il ne reste qu'une partie du corps; d'autres fois il est généralement infiltré de matière encéphaloïde et offre en tous sens le double et le triple de ses dimensions normales; sa cavité alors est notablement élargie et recouverte à sa surface interne d'un muco-pus d'origine inflammatoire lorsque la muqueuse utérine est encore conservée. Le tissu de l'utérus dans beaucoup d'endroits a complétement disparu, et là où il persiste, il est mou et friable. Deux fois nous avons noté l'existence d'abcès multiples dans l'utérus cancéreux, et une fois ces abcès renfermaient de nombreuses filaires. Dans le cancer des ovaires nous avons trouvé la partie non cancéreuse ratatinée ou atteinte au contraire d'une hypertrophie spongieuse et comme caverneuse; de plus, tous les auteurs qui ont observé le cancer des ovaires ont noté sa complication avec un développement kysteux considérable. Dans le cancer du sein, nous avons été frappé de la disparition totale du tissu glandulaire partout où le cancer était déposé, et dans son voisinage le reste de la mamelle avait la tendance la plus prononcée à s'atrophier. Les conduits galactophores seuls résistent. Des kystes se rencontrent quelquefois au milieu du tissu encéphaloïde. Nous y avons plusieurs fois trouvé une infiltration ou une collection purulente, et dans des cas plus rares des concrétions d'apparence ostéoïde, mais non formées de vrai tissu osseux. Dans le sarcocèle, on cherche quelquefois vainement les traces du testicule, et d'autres fois on le rencontre à la surface de la tumeur presque intact et accusant encore fort bien au microscope ses conduits séminifères, mais on n'y observe point dans ce cas de travail hypertrophique. Dans le tube digestif, le cancer un peu avancé provoque ordinairement un travail inflammatoire dans la muqueuse ambiante qui favorise l'ulcération, en outre un rétrécissement plus ou moins notable, et au devant de ce rétrécissement une dilatation avec hypertrophie des tuniques portant essentiellement sur la tunique musculaire. Cependant, dans le cancer de l'estomac nous trouvons la cavité de cet organe quelquefois extrêmement diminuée. Les portions situées audessous d'un rétrécissement dans le tube digestif sont ordinairement atrophiées. La distension au-dessus et le travail ulcéreux au niveau de ces cancers engendrent ces communications anormales que nous décrirons avec beaucoup de détails dans les chapitres spéciaux. Le cancer du foie provoque une augmentation notable du volume de cet organe, qui remplit quelquefois la cavité abdominale presque en entier; cependant dans un cinquième de nos observations, cet en

gorgement a manqué, et plusieurs fois le volume était au-dessous du volume normal. Lorsque le cancer siége dans la vésicule du fiel, la formation des calculs biliaires est constante. Que le foie soit augmenté de volume ou non, son tissu est toujours mou et friable. Le péritoine cancéreux subit rarement un épaississement notable et étendu; le cancer y a, par contre, presque toujours pour conséquence une affection inflammatoire de cette membrane séreuse, des épanchements séreux ou purulents, des abcès circonscrits, etc. Dans le cancer cutané on constate quelquefois une hypertrophie des glandules et des papilles autour des dépôts cancéreux, et un observateur inattentif croit alors avoir affaire à une tumeur mixte. Dans le cancer des os nous observons tantôt une hypertrophie et une véritable hypérostosie, surtout lorsque le cancer siége dans le voisinage du périoste, tantôt une atrophie telle, que le tissu compacte peut devenir d'une minceur presque transparente et que le moindre effort en produit la fracture. Dans le cancer cérébral, nous observons une plus grande intégrité de l'organe, lorsque la tumeur se développe du côté de la surface et perfore les os du crâne, tandis que quand elle reste concentrée dans le voisinage de la pulpe cérébrale, elle y provoque une compression, un ramollissement simple ou inflammatoire, une altération quelquefois comme gélatineuse, des épanchements séreux dans les méninges et les ventricules, et pendant les derniers temps. de la vie elle peut provoquer une méningo-encéphalite promptement mortelle. Dans le cancer de l'œil, nous observons souvent une altération des membranes superficielles qui se termine plus tard par une hypertrophie simple ou fibro-plastique; les parties directement comprimées disparaissent par usure, et dans l'intérieur de l'œil surtout nous observons plutôt l'atrophie des parties normales, sans produit phlegmasique, tandis que des altérations bien plus diverses, atrophie, hypertrophie, phlegmasie à divers degrés, se rencontrent dans les parties extra-oculaires. Dans les reins, un état d'hypérémie et des épanchements sanguins s'observent dans les parties non encore atteintes de la substitution cancéreuse, tandis que les calices et le bassinet sont plutôt le siége d'une inflammation catarrhale; lorsque la maladie a fait de grands progrès, on ne reconnaît presque plus la structure primitive de la glande. Le cancer de la vessie, qu'il soit infiltré ou sous forme de champignon, provoque ordinairement un état inflammatoire de la muqueuse et un état hypertrophique de la tunique musculaire. Dans le cancer des poumons, enfin, que nous choisissons comme dernier exemple, on rencontre autour des dépôts

cancéreux l'état le plus varié du tissu pulmonaire: son altération est presque nulle lorsqu'on a affaire à un semis cancéreux secondaire; mais lorsque les tumeurs sont essentielles, on peut y trouver des altérations phlegmasiques, hémorrhagiques, gangréneuses, des oblitérations vasculaires, la dilatation ou la disparition des ramifications bronchiques.

Un des caractères les plus fréquents du cancer est de faire contracter à l'organe qui en est primitivement atteint des adhérences avec les parties ambiantes, adhérences au moyen desquelles la propagation du cancer est singulièrement facilitée. C'est ainsi que les organes abdominaux et ceux du petit bassin entraînent les organes même placés à une certaine distance dans la propagation irradiante par l'intermédiaire du péritoine. La glande mammaire cancéreuse, en infiltrant le sternum, auquel elle finit par adhérer, est souvent ainsi en connexion directe avec les tumeurs cancéreuses du médiastin, après que le tissu cellulaire et les muscles pectoraux sont devenus de plus en plus adhérents à la glande malade, et c'est de proche en proche que l'infiltration cancéreuse a gagné le sternum, pour former ainsi des tumeurs irradiantes à sa face postérieure. C'est au moyen de ces adhérences que le cancer de l'estomac se propage au foie et aux épiploons, que le cancer du foie peut atteindre le rein ou la rate, que le diaphragme devient secondairement cancéreux par l'affection primitive de plusieurs organes abdominaux ; que les communications les plus anormales s'établissent, comme celles que nous avons vues, entre l'estomac et le côlon, entre l'œsophage et la trachée-artère, entre le rectum et la vessie. Ces adhérences, qui jouent un rôle si important dans l'extension du cancer, sont à la fois la cause et l'effet de la substitution progressive: la cause, en ce sens qu'elles rapprochent les parties distantes; l'effet, par le travail de phlegmasie adhésive auquel elles doivent leur origine, et qui lui-même a été provoqué par la compression et l'état d'hypérémie dans lequel un tissu accidentel diffus et toujours croissant entretient nécessairement les parties qui l'entourent.

Parmi les altérations non cancéreuses plus éloignées, nous citerons les affections subinflammatoires des diverses portions du tube digestif, de l'estomac, de l'intestin grêle et des gros intestins; et nous constaterons de nouveau le fait, que toute altération profonde de la nutrition réagit sur la circulation générale dans les parties même les plus éloignées du siége primitif de la maladie. Nous sommes de plus en plus frappé de la fréquence de ces inflammations

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