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Lucius chercher au Capitole des nouvelles de son

mari.

ACTE TROISIÈME.

SCÈNE PREMIÈRE.

Le Capitole. Assemblée du sénat.

César, sans faire attention aux avis qu'Artémidore et le devin lui donnent, entre dans le sénat au milieu des conspirateurs.

Métellus Cimber se jette à ses genous pour obtenir la grâce de son frère, condamné à l'exil; Brutus et les autres conjurés se joignent à sa prière. César les refuse durement et avec un orgueil despotique.

Dans le même moment, Casca le frappe; il lui saisit le bras; les autres conjurés lui portent plusieurs coups de poignard; il tombe et expire en prononçant en latin le fameux et toi, Brutus, aussi ! dont l'authenticité paraît fort douteuse aux savants.

Le trouble est dans le sénat. Brutus et Cassius cherchent à rétablir le calme, et prennent des mesures pour ranimer le peuple.

Antoine envoie demander s'il peut sans crainte se rendre au sénat; Brutus lui fait annoncer qu'il ne court aucun danger.

Antoine paraît, déplore le trépas de César, et verse des larmes sur son corps. Brutus approuve et

partage sa douleur, et lui permet de prononcer, devant le peuple, l'éloge funèbre du dictateur, après qu'il aura lui-même raconté à la tribune l'œuvre qui

vient d'être accomplie pour le rétablissement de la liberté.

SCÈNE SECONDE.

Le Forum.

Les harangues de Brutus et d'Antoine ont une grande réputation; nous ferons donc ici de nombreuses citations, afin que le lecteur puisse juger si, dans ces harangues, tout est bien naturel et en harmonie avec les formes et les habitudes de l'éloquence romaine (c).

Les citoyens crient à Brutus de leur rendre compte de ce qui a été fait; il monte à la tribune et prend la parole:

« (8) Romains, compatriotes, amis, entendez-moi dans ma cause, et faites silence pour que vous puissiez entendre. Croyez-moi pour mon honneur, et ayez égard à mon honneur, afin que vous puissiez que vous puissiez me croire. Jugezmoi dans votre sagesse, et faites usage de votre raison, afin de pouvoir mieux juger. S'il est dans cette assemblée quelque ami tendre de César, je lui dis que l'amour de le sien. Si cet

Brutus

pour

César n'était

moindre pas

que

(8) Romans, contrymen, and lovers! Hear me for

my cause;

and be silent, that you may hear: believe me for mine honour; and have respect to mine honour, that you may believe : censure me in your wisdom; and awake your senses, that you may the better judge. If there be any in this assembly, any dear friend of Caesar, to him I say, that Brutus' love to Cæsar was no less than his. If then that friend demand, why Brutus rose against Cæsar, this is my answer, - Not that I loved

T. II.

3

ami demande pourquoi Brutus s'est élevé contre César, voici ma réponse : Ce n'est pas que j'aimasse moins César; mais j'aimais Rome davantage. Aimeriez-vous mieux voir César vivant, et mourir tous esclaves, que de voir César mort, et de vivre tous libres ? César m'aimait, je le pleure ; il fut heureux, je m'en réjouis; il était vaillant, je l'honore; mais il fut ambitieux, et je l'ai tué. Il a de moi des larmes pour son amitié, du respect pour sa vaillance, des applaudissements pour sa fortune, et la mort pour son ambition. Quel est ici l'homme assez bas pour vouloir être esclave? S'il en est un, qu'il parle : c'est lui que j'ai offensé. Quel est ici l'homme assez stupide pour ne pas vouloir être un Romain? S'il en est un, qu'il parle : c'est lui que j'ai offensé. Quel est ici l'homme assez vil pour ne pas aimer sa patrie ? S'il en est un, qu'il parle: c'est lui que j'ai offensé. Je m'arrête pour attendre une réponse.

LES CITOYENS.

Personne, Brutus, personne.

Cæsar less, but that I loved Rome more. Had you rather Cæsar were living, and die all slaves, than that Cæsar were dead, to live all free men ? As Cæsar loved me, I weep for him; as he was fortunate, I rejoice at it; as he was valiant, I honour him : but, as he was ambitious, I slew him: there is tears, for his love; joy, for his fortune; honour, for his valour; and death, for his ambition. Who is here so base, that would be a bondınan ? If any, speak; for him have I offended. Who is here so rude, that would not be a Roman? If any, speak; for him have Ioffended. Who is here so vile, that will not love his country? If any, speak; for him have I offended. I pause for a reply.

CITIZENS.

None, Brutus, none.

BRUTUS.

Je n'ai donc offensé personne. Je n'ai rien fait contre César que ce que Vous avez droit de faire contre Brutus. Les motifs de sa mort sont écrits au Capitole, sans atténuer la gloire qu'il méritait, sans exagérer ses fautes pour lesquelles il a subi la mort.

(Entrent Antoine et plusieurs autres, conduisant le corps de César.)

Voici son corps qui s'avance, entouré d'un appareil de deuil par les soins de Marc-Antoine, qui, sans avoir participé à sa mort, recueillera les fruits de son trépas, une place dans la république. Et qui de vous n'en recueillera pas? Voici ce que j'ai à vous dire en vous quittant: Ainsi que j'ai tué mon meilleur ami pour le bien de Rome, de même je garde ce poignard pour moi, dès patrie voudra juger ma mort nécessaire. »

que ma

Tous les citoyens crient à Brutus de vivre, parlent de le reconduire en triomphe jusque dans sa maison, de lui élever une statue parmi celles de ses

you

BRUTUS.

Then none have I offended. I have done no more to Cæsar, than should do to Brutus. The question of his death is enrolled in the Capitol : his glory not extenuated, wherein he was worthy; nor his offences enforced, for which he suffered death. (Enter Antony and others with Cæsar's body.)

Here comes his body, mourned by Mare Antony: who, though he had no hand in his death, shall receive the benefit of his dying, a place in the commonwealth; as which of you shall not? With this I depart; that, as I slew my best lover for the good of Rome, I have the same dagger for myself, when it shall please my country to need my death.

ancêtres; et l'un de ces enthousiastes, révélant, par un mot sublime de naïveté, à quoi tient l'admiration populaire pour le meurtrier du tyran, s'écrie:

« (9) Qu'il remplace César. »

Brutus se retire, après les avoir invités à écouter l'éloge funèbre qui va être prononcé par Marc-Antoine sur le corps sanglant du dictateur.

Les citoyens consentent à entendre Antoine, tout en disant que César était un tyran, et qu'Antoine fera bien de ne pas mal parler de Brutus. Antoine monte à la tribune et commence ainsi :

« (10) Amis, Romains, compatriotes, prêtez-moi l'oreille. Je viens pour inhumer César, nou pour le louer. Le mal que font les hommes vit après eux; le bien est souvent enseveli avec leurs cendres : qu'il en soit ainsi de César. Le noble Brutus vous a dit que César était ambitieux s'il l'était, ce fut une faute grave, et César en a été gravement puni. Ici, par la permission de Brutus et des autres (car Brutus est un homme honorable, ils le sont tous, tous des hommes honorables), je viens pour parler à l'occasion des funérailles de César. Il était mon (9) Let him be Cæsar.

(10) Friends, Romans, countrymen, lend me your ears

I come to bury Cæsar, not to praise him.
The evil, that men do, lives after them,
The good is oft interred with their bones;
So let it be with Cæsar. The noble Brutus
Hath told you, Cæsar was ambitious :
If it were so, it was a grievous fault :
And grievously hath Cæsar answer'd it.
Here, under leave of Brutus, and the rest,

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