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vengeance: considérée isolément, elle nous déplaît, elle nous semble odieuse; il faut qu'on nous ait fait prendre parti contre les outrages qui l'ont précédée, il faut que nous l'ayons souhaitée nous-mêmes, pour la voir arriver sans une espèce d'horreur.

Le caractère de Coriolan est un de ceux que Shakspeare a tracés avec le plus de force; il excellait à peindre ces personnages, pour ainsi dire, hyperboliques, qui dépassent les proportions ordinaires de la nature humaine, qui se sont jetés dans un des extrêmes de la société ou de l'ordre moral. Cette inflexibilité d'orgueil aristocratique, qui ne recule devant aucun danger, ne cède à aucun intérêt, et a plutôt encore besoin d'humilier le vulgaire que de l'asservir, a été transportée, dans le Coriolan de la tragédie, aussi entière, aussi vivante qu'elle l'était dans le Coriolan de l'histoire.

On peut s'étonner que Shakspeare n'ait pas su trouver des couleurs aussi vraies et plus vives encore pour peindre ce doux et noble sentiment de l'amour filial dont il a offert ailleurs un si touchant tableau. La tendresse de Coriolan pour Volumnie ne nous est presque connue que par des récits, au lieu de nous être montrée, d'être changée pour nous en réalité, par ces traits caractéristiques dont nul auteur n'a fait un usage plus fréquent et plus heureux que le poëte anglais.

On doit remarquer qu'il n'a point porté dans cette tragédie son impartialité ordinaire. Il peint les tribuns comme de vils hypocrites, et le peuple comme

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un troupeau d'hommes aussi lâches que stupides. Leur cause est, à ses yeux, celle de l'opprobre et de la versité. L'histoire partage plus équitablement, et les fautes et les vertus, et les abus et les droits, entre le parti des plébéïens et celui des familles patriciennes. Mais l'art obligeait Shakspeare à cette violation de la vérité historique; et, s'il n'eût fait, des adversaires de son héros, d'insolents et méprisables factieux, il n'eût pu vaincre la répugnance des spectateurs pour un homme qu'on leur montre armé contre sa patrie.

ACTE PREMIER.

SCÈNE PREMIÈRE.

Les plébéïens mutinés se rassemblent dans une rue de Rome, et murmurent à haute voix contre la dureté des patriciens, qui les laissent en proie aux horreurs de la famine, tandis qu'ils recèlent des amas de blé dans leurs greniers. Le mépris de Marcius pour eux n'est pas moins l'objet de leurs plaintes.

Ménénius essaie de les apaiser par le fameux apologue des membres et de l'estomac. Il est interrompu par l'arrivée de Marcius, indigné de la faiblesse du sénat, qui, pour calmer la révolte, vient d'accorder au peuple le droit de choisir cinq tribuns pour ses représentants et ses défenseurs.

On annence que les Volsques ont pris les armes pour attaquer Rome. Marcius part pour les combattre.

sous les ordres de Cominius et de Titus Lartius, les deux généraux romains.

Deux des tribuns nouvellement élus, Brutus et Sicinius, expriment entr'eux leur haine contre Marcius, et le desir qu'ils ont de lui nuire.

SCÈNE SECONDE.

Corioles.

Tullus Aufidius va se mettre à la tête des Volsques.

SCÈNE TROISIÈME.

Maison de Marcius.

La mère de Marcius, Volumnie, et son épouse Virgilie, sont occupées à leurs ouvrages de femmes. Virgilie montre une profonde tristesse de l'absence de son époux, tandis que Volumnie, au contraire, s'applaudit de savoir que son fils combat les ennemis de Rome.

Une dame romaine vient les visiter, et veut les emmener chez elle. Mais Virgilie se refuse à toute distraction jusqu'au retour de Marcius.

SCÈNE QUATRIÈME.

Devant Corioles.

Un combat. Les Romains sont repoussés. Marcius, furieux, cherche à les rallier, charge les Volsques, les poursuit jusqu'aux portes de Corioles, et y entre avec eux. Les portes se ferment sur lui. On le croit

déjà tué, lorsqu'on le voit paraître combattant sur

les remparts.

SCÈNE CINQUIÈME.

L'intérieur de la ville.

Grâce à la valeur de Marcius, les Romains ont pénétré dans Corioles. Lui-même, malgré ses blescherche Aufidius pour se mesurer avec lui. Lartius comble d'éloges le guerrier auquel il doit la victoire.

sures,

SCÈNE SIXIÈME.

Le camp de Cominius.

Cominius apprend l'échec qu'ont essuyé d'abord les troupes de Lartius son collégue. Mais bientôt il voit accourir Marcius tout sanglant, qui lui annonce la prise de Corioles, et demande qu'on lui donne une poignée de soldats pour marcher contre Aufidius et les Antiates.

SCÈNE SEPTIÈME.

Les portes de Corioles.

Titus Lartius donne les ordres nécessaires pour se garantir d'une surprise.

SCÈNE HUITIÈME.

L'autre camp des Romains.

Marcius et Aufidius se rencontrent et s'attaquent l'un l'autre. Ils sont séparés par des Volsques qui viennent au secours de leur général.

SCÈNE NEUVIÈME.

Le camp romain.

Les Volsques se sont retirés. Les deux généraux romains prodiguent à Marcius des récompenses qu'il refuse, et des louanges dont il se défend avec une noble brusquerie. Cominius et toute l'armée lui décernent le surnom de Coriolan.

SCÈNE DIXIÈME.

Le camp des Volsques.

Aufidius s'indigne de sa défaite, et proteste dans sa rage que nul moyen désormais ne lui répugnera pour se venger de Coriolan, et que, le trouvât-il dans ses propres foyers, il l'immolerait, au mépris des lois de l'hospitalité.

ACTE SECOND.

SCÈNE PREMIÈRE.

Rome.

Ménénius et les deux tribuns se renvoient entr'eux des paroles injurieuses, dans lesquelles le sénateur a l'avantage par son esprit et par la gaieté maligne de son caractère.

Volumnie et Virgilie vont au-devant de Coriolan, qui revient avec les généraux et l'armée de Rome. Son entrée est un triomphe qui envenime encore le dépit de Brutus et de Sicinius.

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