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promptement en état, afin de ne suspendre que le moins possible la pêche des harengs et le cabotage des parages circonvoisins. On avait accordé à l'entrepreneur douze mois pour ses travaux. Contre l'usage ou l'abus français, il n'en employa que neuf. Pendant cet espace de tems, toutes les portes des écluses avaient été enlevées, réparées ou refaites à neuf, et replacées. On avait rétabli six ponts en fer. Les bassins avaient été débarrassés des envasemens et des éboulemens qui les obstruaient. Quelques portions du canal, et ses bords surtout, avaient été creusés plus profondément. Enfin rien n'avait été négligé pour rendre cette navigation plus sûre et plus commode; et la jetée qui en protége l'entrée, avait été prolongée, afin d'abriter les vaisseaux qui seraient obligés d'y stationner pour attendre la marée ou le vent. Dès l'ouverture de ce canal, ses produits augmentèrent. Ils ont diminué en même tems que ceux du canal Calédonien. Les commissaires se plaignaient chaque année, de ne pouvoir faire sur la compensation des recettes et des dépenses, une réserve assez considérable pour parer aux accidens graves qui surviendraient. Néanmoins fidèle à son système, interrompu cependant quelquefois, de ne point intervenir dans les affaires

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particulières, le gouvernement a proposé depuis au Parlement, de rendre à la compagnie des titulaires de cette entreprise, l'administration qui lui avait sans doute été retirée pour cause de négligence; et il est probable que le bill aura passé sans discussion.

Bien que la manoeuvre des écluses se fasse avec dextérité et promptitude, il faut quatre heures pour parcourir le canal Crinan. A gauche s'étendent des marais immenses, baignés par la rivière d'Add et ses affluens. Quelques bouquets d'arbres ornent la rive opposée. Plusieurs rivières y aboutissent. Le premier village se nomme Ballenoch: c'est l'un des rendez-vous les plus fréquentés par les pêcheurs de harengs, pendant la seconde saison de leurs expéditions, qui commence en septembre et finit dans les premiers jours de janvier. Puis se succèdent une chaumière isolée, les hameaux de Tynaleckan, de Dell, de Cairndhu et la ferme de Craiglass, entremêlés de bassins, de réservoirs, des maisons des éclusiers, et de tous les accessoires d'un fleuve artificiel. Un bois couvre le penchant du coteau d'Oakfield. Il touche presque à une habitation rurale dont les jardins embellissent les bords du canal. Parmi le gazon et les

LE PARC DE SIR J. MAC-N

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fleurs serpentent des sentiers charmans. De beaux arbres assortis avec goût répandent dans le paysage une agréable variété. Ce luxe champêtre récrée notre vue. C'est le premier parc soigné et dessiné à l'anglaise, que nous rencontrons depuis Édimbourg. Ici finit la nature sauvage des Highlands: nous retournons à la civilisation. Ce domaine est la propriété de sir J. Mac-N*** à qui nous étions recommandés par son ami, M. John M*** d'Édimbourg. Il nous était libre d'y descendre, et de réclamer l'hospitalité qui nous était promise. Nous avons passé outre. Dans le plan des voyages que l'on entreprend, il y a une sorte d'obligation, d'engagement qu'on n'aime pas à rompre. Arbitre de sa propre volonté, on a peine à enfreindre la loi qu'on s'est imposée, d'aller d'un lieu à un autre sans s'arrêter. Cet arrangement est lui-même une jouissance qui repose l'esprit et s'accorde avec la raison. On craint aussi de trop prolonger l'absence de la patrie. Que sais-je? Mille causes imperceptibles nous déterminèrent ; et nous poursuivimes le cours de notre navigation.

ARDRISHAIG.

LE LAC GILP. LE LAC FYNE. DANSES ET CHANTS. LA NUIT.

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LE CAP D'ARDLAMONT.-L'ILe d'ellen-grEIG.—SOUVENIRS HISTORIQUES. LE LAC STREVIN. ROTHSAY.-L'EMBouchure de LA CLYDE.

GREENOCK. JAMES WATT. LE LEVER DES PASSAGERS.

LA BRUME. DUMBARTON ET SON CHATEAU.

SOUVENIRS HISTORIQUES.-LES BORDS DE LA CLYDE.-DIVERS ENTRETIENS.

LE CANAL DE LA CLYDE AU FORTH. GLASGOW.

SOUVENIRS DE BORDEAUX.

ARRIVÉE A GLASGOW.

Glasgow, le 28 juillet 1826.

Le canal Crinan débouche dans le port du village d'Ardrishaig, sur le lac Gilp. Un fanal en indique l'entrée. Du lac Gilp on passe dans celui de Fyne, vaste bras de mer qui s'étend au nord-est dans les terres jusqu'à Ardkinglass audessus d'Inverary, et se divise au midi sur les côtes de l'île d'Arran, entre le détroit de Kilbrannan et l'embouchure de la Clyde. Par le tems calme que nous avons, rien n'égale la beauté du spectacle qui se déploie à nos yeux. Du sommet de chaque rivage, s'inclinent des coteaux

boisés, dominés au loin par de hautes montagnes que la verdure des sapins teint d'une sombre nuance d'azur. Celles de l'ouest sont déjà dans l'ombre, tandis que la cime de la chaîne orientale est encore éclairée des derniers rayons du soleil couchant. Nous naviguons désormais sans rencontrer le moindre obstacle, sans qu'aucun nouvel arrivant nous retienne. A la proue du paquebot, les pibrocs, les lais et les reels qui n'avaient cessé de retentir dans le détroit de Mull, recommencent. Les chanteuses dont la voix est la plus belle et la mémoire la mieux ornée, les meilleurs danseurs viennent à la poupe exercer leur talent, et recueillir nos applaudissemens et nos éloges. La fin du jour ne suspend point ces jeux. Mais l'air est devenu plus vif. On se réfugie dans l'entrepont. L'infatigable ménétrier calédonien a suivi la troupe joyeuse. Des lampes brûlent. On s'assied le long des bordages, sur des bancs, sur le plancher. Des curieux regardent par les écoutilles. Le bal s'anime. L'équipage y prend part; et la plus cordiale gaîté préside à cette fête improvisée. Cependant l'heure est avancée. Il fait froid et humide. Tour à tour chacun se retire, et s'arrange pour passer la nuit le moins incommodément possi

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