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UNE SOIRÉE CHEZ LADY K***. — ENTRETIENS DIVERS.

Edimbourg, le 13 juillet 1826.

J'ai visité ce matin les banquiers auxquels je suis recommandé, MM. William Hull et compagnie. Leur accueil m'a confirmé dans l'opinion que j'ai conçue de la civilité tout hospitalière de l'Écosse. Il ne tiendrait qu'à moi de disposer de leur obligeance et de la majeure partie de leur tems. Leur maison, qui est une des premières de la ville, a des relations très-étendues.

Ses correspondans se classent, comme elle, au premier rang de la confiance et du crédit; et

pourtant elle se plaint de la situation des affaires. L'oisiveté que j'ai remarquée dans les ports, n'est pas moindre dans l'intérieur des terres. Négocians et commis, industriels et ouvriers n'ont rien ou presque rien à faire. De tous les pays où des expéditions avaient été adressées, elles reviennent invendues; et les magasins sont presque insuffisans pour pour les contenir. Les banques ont surtout contribué à accroître l'engorgement général, par la prodigalité de leurs émissions de papier et de leurs escomptes. Prêteurs et emprunteurs se sont laissé égarer par l'appât du gain; et tous en subissent la peine. La banque de Stirling expie en ce moment sa facilité ou son imprudence, par la suspension de ses paiemens; et elle vient d'augmenter la gêne qui déjà paraissait extrême. On assure que les porteurs de ses billets ne perdront rien; mais les actionnaires éprouveront des dommages considérables. La carrière restera libre aux possesseurs de capitaux réels. Tous ceux qui exploitaient des circulations succomberont, comme on voit dans les batailles, les plus faibles ou les plus malheureux tomber et abandonner leur dépouille aux vainqueurs.

L'aristocratie écossaise est appelée aujour

d'hui, à exercer la fraction de souveraineté que l'union ne lui a pas ravie. Elle va nommer les seize pairs qu'elle envoie au Parlement. L'assemblée se tient dans la galerie du palais d'Holyrood. Déjà les curieux y courent, et les avenues en sont obstruées. On ne l'a point décorée pour cette solennité électorale. Un grand nombre de femmes assistent à la séance. Les électeurs siégent autour d'une table couverte d'un drap vert. Aucun costume ne les distingue. Parmi les candidats, quatorze ont d'avance la certitude d'être choisis: ce sont les partisans connus du ministère, et la majorité ne leur manquera pas. L'opposition a la chance d'obtenir deux défenseurs. Il paraît que les suffrages sont encore incertains à leur égard, ou qu'ils se partagent à peu près également entre les concurrens. La séance s'ouvre. Chacun garde le silence et demeure immobile. Après la prière, on fait l'appel nominal. En s'entendant nommer lord R*** se lève; il a des prétentions à être élu, et demande à les justifier. Si elles sont accueillies, il s'engage à solliciter l'intérêt du gouvernement en faveur du commerce et des manufactures. Entrant dans quelques détails peu saillans, il indique sommairement les remèdes qu'il croit

propres à réparer les pertes déjà faites, et à en éviter de nouvelles. Son élocution est haute et claire, mais monotone. La pàleur de son visage, sa physionomie et son regard empreints d'une expression mélancolique, ses bras pendans à ses côtés, tout en lui refroidit singulièrement le discours qu'il prononce. On s'aperçoit qu'il s'énonce avec facilité; cependant, soit que le sujet prêtât peu aux mouvemens oratoires, soit que son esprit eût peu de disposition à les ameil s'est tù après avoir reproduit trois ou quatre fois le thème étroit de généralités qu'il s'était prescrit. Malgré cela, on l'écoutait avec attention; et quelques signes d'approbation graves et modérés, lui ont été donnés quand il a cessé de parler.

ner,

Pour nous, à qui le résultat de cette élection importe peu, allons plutôt visiter le village de Rosslyn. Il est à sept milles, au midi d'Édimbourg. L'Esk septentrional y descend des hauteurs sauvages de Portland, et va se jeter à Musselbourg dans le golfe du Forth. En 1066, Malcolm Canmore, roi d'Écosse, cherchait à attirer dans ses états, par des concessions territoriales, les barons anglo-normands qui avaient accompagné Guillaume-le-Conquérant. L'un

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