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par des sentiers plus ou moins rapides. Les sinuosités de celui qui commence derrière le Jardin Botanique en facilitent l'ascension. Arrivé au sommet, le spectateur peut à peine embrasser le vaste panorama qui se déploie. Sa vue s'arrête d'abord sur les vallons, les coteaux, les lacs, les précipices et les pâturages dont il est environné. C'est sur le plateau le plus élevé d'Arthur's-Seat, qu'en 1778 le régiment écossais du comte de Seaforth se révolta contre l'ordre de passer dans l'Inde. On n'avait consulté ni le goût ni les convenances des soldats. Leur paie. était arriérée ; et l'on ne parlait pas de la mettre au courant. Retranchés sur ce nouveau Mont Sacré, ils défiaient les menaces des officiers et dédaignaient leurs promesses. Deux lords qui jouissaient d'une grande popularité dans la Haute-Écosse, les amenèrent à un accommodement. L'un d'eux était un Macdonald : ainsi de nos jours, un général du même nom se chargea d'apaiser la juste indignation de notre glorieuse armée, et eut besoin de toute la sympathie qu'il inspirait, pour remplir par la seule persuasion, une mission bien pénible et bien délicate.

Vers le couchant, entre des ravins profonds, surgissent les pics de Salisbury, Salisbury's

Crags, ainsi nommés d'un comte de Salisbury qui accompagnait Édouard III dans l'une de ses expéditions contre l'Écosse. Cette ceinture naturelle décrit une courbe qu'on prendrait pour une ligne de fortifications. Plus bas, vers la gauche, sont des rochers dont les échos attirent les amateurs des phénomènes de la nature. Durant les nuits d'été, des joueurs de cor ou de flûte s'amusent à leur faire répéter de mélodieux accens. Plus près pointent les tronçons d'une colonnade basaltique légèrement inclinée, semblable à un portique renversé par un orage. Ils ont quarante à cinquante pieds de haut, et la forme régulière d'un pentagone ou d'un hexagone de six pieds de tour : leur teinte d'un brun sombre se détache sur la verdure d'une prairie. Au-delà, dans la plaine, le lac de Duddingston étend sa surface azurée. Les coteaux que vous apercevez au-dessous de Dunsapie-Rock, furent le camp de l'armée royaliste avant et après la bataille de Prestonpans. Les hauteurs plus rapprochées se nomment Halk-Hill, Crow-Hill, Whiny-Hill et Sampson's-Grave. Des carrières sont ouvertes de côté et d'autre : les blocs qu'on en a retirés ont servi à paver les rues de Londres. Des moutons et des chèvres paissent l'herbe touffue et

fleurie des versans abrités du nord. A chaque instant passent et repassent des nuées de corneilles qui se plaisent à fendre l'air et le frappent de leurs cris lugubres. Dans ces lieux sauvages, combien de chemins solitaires, de retraites favorables à la méditation! Hume y venait souvent se délasser de sa vie studieuse et de ses travaux littéraires, oublier la violence de la censure qu'avait excitée sa pitié pour Charles Ier et pour le comte de Strafford. Aujourd'hui, quoique dépourvus d'ombrages, ils ne sont pas moins fréquentés. La beauté des sites qu'on y rencontre, surpasse tout ce que pourrait créer l'imagination du plus habile paysagiste. D'autres plaisirs y sont réservés à ceux qui cultivent les sciences naturelles. S'ils aiment, s'ils étudient les fleurs, un champ fertile s'ouvre à leurs herborisations de nombreuses plantes alpines croissent sur les sommités, tandis que les bas-fonds prodiguent les trésors de la flore des marais. Le minéralogiste trouve à chaque pas le gypse, le spath, le grès, des substances métalliques. Peutêtre même le hasard lui offrira-t-il quelques améthystes ou d'autres pierres précieuses.

Maintenant portons au loin nos regards. Quel immense et riche horizon! Du côté de la terre,

à droite sur le premier plan, le palais d'Holyrood et les ruines de sa chapelle; Calton-Hill et ses monumens; la ville nouvelle, ses squares, et les flèches de ses clochers; le mont sur lequel la vieille ville est bâtie, ses maisons enfumées, et son château qui se détache sur les collines de Corstorphine et de Bathgate, entourées des riches campagnes de l'Ouest-Lothian. A gauche, vous dominez tout le Lothian oriental, ses nombreuses cités, ses villages, ses vieux manoirs, ses champs dont la fécondité est attribuée à des élémens volcaniques, et les rivières qui les coupent et les arrosent. En face, dans la plaine, des lignes régulières indiquent l'emplacement d'un camp romain; puis des coteaux épars vous conduisent jusqu'à ceux de Pentland, témoins des premières armes des covenantaires contre le parjure Charles II. Vers la mer, un plus magnifique spectacle vous attend. Au-delà de Leith se dessine le golfe auquel le Forth donne son nom, et qui s'avance dans l'intérieur des terres jusqu'auprès de Stirling. La rive opposée appartient au comté de Fife. Sur ses montagnes colorées d'un bel azur, ressortent comme autant de points lumineux, ses villes et les demeures réunies ou isolées de sa population. Plusieurs

iles flottent à la surface des eaux : elles ressemblent, selon l'expression poétique du barde écossais, à des émeraudes enchâssées dans de l'or'. En avant de Crail, à l'embouchure du Forth, le point obscur qui se détache du rivage est l'île de May. Elle était jadis fréquentée par des pélerins qui allaient visiter la tombe d'un ermite mort en odeur de sainteté ; on ne la connaît plus que pour ses gras pâturages.

A douze ou quinze milles en mer, dans la direction du nord, est le Rocher de la Cloche, Bell-Rock. D'anciennes traditions expliquent l'origine de son nom. Elles veulent que les moines d'Arbroath y aient autrefois fait suspendre une cloche qu'agitait le mouvement du flux et du reflux. C'est un massif de grès rouge, pareil à celui qui forme le promontoire de Red-Head. On le voit à fleur d'eau à la marée basse. Sa longueur ne dépasse guère quatre cents pieds. II en a deux cent vingt de large. Par un tems calme, les plantes marines qui le couvrent, et dont quelques-unes sont étrangères au rivage le plus proche, le signalaient encore quand la mer était haute. Il n'était pas rare d'apercevoir

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WALTER SCOTT, Marmion, chant iv, st. 31.

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