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t-il résister? Combien alors ils redoublent de zèle! Quelle apparence qu'ils négligent leur feu, bien autrement sacré que celui de Vesta! Heureux le lendemain, s'ils ne découvrent à la surface des flots encore émus, aucun débris de naufrage! Ils disent que, pendant ces coups de tems terribles où tous les élémens semblent se confondre, leur solitaire demeure tremble sur ses fondemens, bien qu'au dedans rien ne soit jamais déplacé. L'ame en doit être vivement agitée, avant que l'habitude l'ait familiarisée avec ces secousses passagères. Un isolement si complet serait un vrai supplice pour celui dont l'éducation aurait. développé les facultés intellectuelles. Quelque sauvage que l'on soit, quelque douceur qu'on éprouve à ramener à soi ses affections et ses pensées, qui ne veut, de tems en tems, être libre de les communiquer à un être qui les partage ou qui leur réponde? L'esprit s'épuise et s'émousse à réagir sur lui-même et en présence des mêmes objets. Il en est peu qui sachent varier l'effet des sensations uniformes; et l'inconstance comme l'infidélité n'ont peut-être pas d'autre cause. Ne faut-il pas aussi assister aux scènes de ce monde dans lequel nous vivons, malgré ses déceptions, ses vices et son ingratitude,

ne fût-ce, comme l'on dit, que par curiosité? Espérons qu'il n'en est point ainsi des gardiens du phare de Bell-Rock; et contentons-nous de souhaiter qu'ils trouvent des jouissances à s'acquitter du service important qui leur est confié. Le jour finit. Une brume épaisse s'élève de la mer, et le vent commence à la répandre autour de nous. Quoique éclairée par la lune, la ville n'offre plus qu'une masse sombre, enveloppée dans des nuages de fumée, que percent à peine quelques lumières. Une fraîcheur humide a changé la température. Chaque marée, pour ainsi dire, fait subir des variations à l'atmosphère. Il va faire froid. Descendons. La ligne de roches aiguës que nous longeons se nomme Lang-Raw. De son extrémité septentrionale jaillit une source appelée la Fontaine de Saint-Antoine. L'eau en est limpide et peu abondante. Une ancienne ballade en a consacré la mémoire.

St Anthon's well shall be my drink,

Syn my fause luve's forsaken me1.

A une petite distance étaient une chapelle et un ermitage voués au même patron, et qui dé

La source de Saint-Antoine doit scule me désaltérer désormais, puisque ma perfide amie me délaisse.

pendaient du monastère de Saint-Antoine à Leith. Il n'en reste plus que deux pans de murs dont les bords sont déchirés et les assises supérieures ébranlées. Sur l'un on voit la base de deux arcs qui jadis soutenaient une voûte, et l'appui en forme de cul-de-lampe sur lequel ils reposaient. L'autre, d'une plus grande dimension, a conservé un arc tout entier, dont la coupe elliptique et les supports ont beaucoup de grâce. Dans le haut, le jour passe à travers les baies de quelques fenêtres. On aimerait à s'arrêter entre ces ruines pleines de souvenirs religieux, dans ce lieu désert et sauvage dont le silence contraste avec le tumulte de la ville: mais les alternatives dangereuses du climat et l'heure avancée commandent, aux étrangers surtout, des précautions qu'il serait imprudent de négliger.

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LE COLLEGE D'Édimbourg. — UNE LAITERIE. — LE PEINTRE NASMYTH.

WALTER SCOTT.

Edimbourg, le 15 juillet 1826.

Il nous faut prendre congé de ceux qui nous ont accueillis avec une cordialité dont il serait impossible de faire assez l'éloge. Après nos banquiers, notre première visite est pour le docteur B***, qui a bien voulu donner quelques soins à l'un de nous. Le cas n'était pas grave, et l'honorable membre de la faculté d'Édimbourg n'y a mis aucun charlatanisme. Rien en lui ne sent la morgue doctorale. Au renom d'une habileté consommée, il joint de l'enjouement et un esprit orné. Il y aurait sinon du plaisir, comme dit notre Molière, au moins quelque consolation à être de ses malades; car il est du petit nombre des médecins qui s'y intéressent et s'y attachent.

M. John M*** nous attendait. Il veut encore

diriger nos explorations. Son frère et lui habitent la même maison, modeste, telle que le sage la désire. Leurs traits ont peu de ressemblance; mais il y en a beaucoup dans leurs manières et leur urbanité, dans la réserve de leurs discours et de leur maintien, dans cette expression de bienveillance générale et cet air affectueux, qui caractérisent principalement la physionomie écossaise. Ils nous reçoivent dans le parloir, petit salon au rez-de-chaussée qui ne manque à aucune maison, qu'on trouve à l'entrée, près de la porte, et qui semble entièrement séparé du logement de la famille, du sanctuaire domestique. Il n'y a aucun luxe dans l'ameublement. Au milieu, sur une table d'acajou, sont quelques brochures et des journaux dont notre arrivée a interrompu la lecture : c'est ici, comme partout maintenant, la première occupation du matin. Chacun en effet n'a-t-il pas besoin de connaître la situation des affaires de l'Europe, avant de songer aux siennes propres? notion fallacieuse, trompeuse donnée qui renverse plus de fortunes qu'elle n'en élève. La bibliothèque, fermée de glaces, laisse voir des livres d'une reliure plus soignée que riche. Parmi les tableaux, je remarque une copie d'après Raphaël, admi

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