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et l'ouvrage, mais encore parce que celuici m'a servi de guide dans une partie de mes cours (1). On y trouve un si grand nombre d'observations utiles, qu'il est difficile de traiter les mêmes matières sans venir puiser à cette source. J'en ai ̧ usé ainsi, et j'ai à cœur qu'on connoisse l'ensemble d'un ouvrage dont j'ai employé de la sorte quelques parties détachées (2).

Je n'entends pas toutefois souscrire implicitement à toutes les opinions de l'auteur. Je me suis prescrit dans cette traduction de rendre fidellement ses pensées, et je n'ai pas cru devoir toujours lui opposer les miennes, dans les cas rares où je ne me trouvois pas d'accord avec lui. J'en donnerai un seul exemple. L'auteur envisage comme contraire aux principes d'une saine philosophie la recherche de la cause ou du mécanisme de

(1) Voyez mes Essais de philosophie, à Genève, chez J.J. Paschoud, 1804. T. I. Préface. p. xxvi. (2) J'ai joint à la suite quelques fragmens d'un autre ouvrage de M. Dug. Stewart, destiné à faire connoître l'ensemble d'un cours dont il a publié l'esquisse.

la gravitation. Ceux qui ont connoissance des travaux entrepris et exécutés par G. L. Le Sage (1) sur cette matière savent qu'une telle recherche est compatible avec la méthode philosophique la plus rigoureuse. Je suis pleinement d'accord avec Mr. Dug. Stewart, quant à la règle générale à laquelle cette maxime particulière se rapporte. Il y a une limite, que le philosophe doit reconnoître, et audelà de laquelle il ne doit pas pousser ses recherches. Mais je diffère sur la place où cette limite doit être posée; en convenant toutefois, que la recherche du mécanisme de la gravitation a été l'occasion d'une multitude d'erreurs, et que c'est un véritable écueil qui doit être soigneusement évité par ceux qui débutent dans la carrière des sciences philosophiques. Quoique cette question soit trèsintéressante en physique, elle l'est moins en métaphysique, ou plutôt en logique;

(1) Voyez la Notice de sa vie et de ses écrits, à Genève, chez J. J. Paschoud. 1805.

puisque dans cette dernière science ce n'est qu'un exemple d'une règle qui a beaucoup d'applications. Par cette raison, je m'abstiendrai d'entrer ici dans la discussion de ce point contesté (1).

Il y a aussi des sujets qui, dans l'état progressif de la science, présentent sans cesse de nouvelles faces. Tels sont la plupart de ceux qu'embrasse l'économie politique. Ces sujets se trouvent compris dans le plan général du cours de philosophie morale dont Mr. Dug. Stewart a publié l'esquisse (2); et se présentent d'ailleurs, sous forme d'exemples, dans les parties de ce cours que l'auteur a développées. Les principes de l'économie politique ont été fort discutés et quelquesuns ont été établis d'une manière fort

(1) J'ai tâché ailleurs de bien distinguer la loi de la cause, et de faire voir l'utilité de s'appliquer à la recherche de celle-ci. C'est l'objet principal de deux chapitres de ma Logique. Voyez Essais de phil. T. II. p. 168. 173.

(2) Voyez l'extrait que j'en ai donné à la fin du second volumne.

que

satisfaisante. Il est à désirer cependant l'on reprenne sous oeuvre la théorie de la population et tous les sujets qui en dépendent. Car depuis qu'un ouvrage récent (1) a donné sur les effets de la population des idées précises; depuis qu'il a montré la limite d'accroissement dont elle est susceptible, et indiqué les moyens d'approcher sans danger de cette limite, en substituant l'action conservatrice de la vertu à l'action destructive du vice et des souffrances; il convient de combiner ces principes, nouvellement discutés, avec ceux qui ont été précédemment établis, et d'examiner avec tout le soin qu'exige une matière aussi importante, les modifications qui peuvent résulter du concours de plusieurs principes reconnus vrais, lorsqu'ils viennent à se compliquer. Ainsi les opinions des anciens économistes de France, d'Adam Smith et de ses successeurs, doivent être

(1) L'ouvrage de Mr. Malthus sur le principe de population que j'ai traduit, et qui paroîtra dans peu chez le même libraire qui publie celui-ci.

l'objet d'une nouvelle étude. Et il est à souhaiter qu'elle soit entreprise par un homme qui réunisse aux lumières et au génie le zèle du bien public, et ce véritable esprit de liberté qui s'élève au-dessus des considérations personnelles, sans dégénérer jamais en licence ou en inquiétude, Tant qu'un tel travail reste à faire, il faut traiter avec réserve les questions qui touchent à de tels sujets. C'est bien ainsi qu'en use Mr. Dug. Stewart; et cependant ce n'étoit pas sans une sorte de crainte que je suivois, en le traduisant, des discussions liées à la théorie économique. Ce genre d'application des principes de la philosophie est le plus attrayant peut-être, et sans doute un de ceux qui ont le plus d'importance. Mais il est aussi l'un des plus difficiles, non-seulement parce qu'il est compliqué, mais parce qu'on s'est souvent plu à l'obscurcir.

Le point de vue même sous lequel l'auteur envisage le système des économistes, quoiqu'il soit juste et beau tout à la fois, est une raison de plus de se

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