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pose la faculté de rappeler à volonté une classe particulière d'idées, et d'idées liées entr'elles par certains rapports particuliers. Cette faculté est nécessairement le résultat de certaines habitudes d'association. Une telle faculté n'est donc pas précisément la même chez tous les individus; c'est un tour d'esprit qui est propre à chacun d'eux. On peut demander quels sont les rapports par lesquels se lient les idées qui servent de matériaux à l'imagination, et en particulier à l'imagination poétique. Sans m'occuper encore de ce sujet, je me contenterai de dire que ces relations me paroissent être principalement celles qui se fondent sur la ressemblance ou l'analogie. Mais quels que soient ces rapports, la faculté de rappeler à volonté les idées qu'ils unissent est la base ou le principe sur lequel repose le génie poétique. C'est donc une partie assez importante de notre constitution intellectuelle, pour mériter qu'on lui donne un nom particulier. Et je l'appellerai mémoire imaginative. (1)

(1) Toutes les fois qu'il est question de déterminer Je sens des mots, surtout des mots destinés à exprimer des idées métaphysiques, toutes les fois qu'il s'agit

Ainsi la mémoire imaginative est la faculté qui recueille les matériaux qu'emploie l'ima

de limiter le sens de deux synonymes, et de synonymes voisins, vagues, confondus dans l'usage vulgaire; on doit renoncer à l'espérance de trouver dans toutes les langues deux mots propres à exprimer exactement les mêmes nuances; et par conséquent la traduction, strictement parlant, devient impossible. Les Anglois ont un mot synonyme d'imagination; c'est le mot fancy. Ce mot a la même étymologie que notre mot fantaisie. Mais il n'a pas le même sens. Mr. Dug. Stewart envisage le mot fancy comme exprimant la faculté de conserver et de rappeler au besoin des conceptions ou des assemblages de conceptions; (ou, comme je me suis exprimé ailleurs des images simples ou composées. Essais de phil., T. I, p. 124.). L'imagination est la faculté qui fait emploi de ces matériaux et en forme de nouvelles associations. II m'a semblé que je ne pouvois mieux faire que de remplacer le mot fancy, qui nous manque, par cette expression, mémoire imaginative. Elle me semble rappeler suffisamment par elle-même ce qu'elle est destinée à désigner. Toutes les fois que ce mot reviendra, il remplacera le mot anglois fancy. Je prie donc le lecteur de se souvenir que la mémoire imaginative est cette faculté par laquelle nous conservons le souvenir des objets qui ont affecté nos sens, et non-seulement de ces objets simplement tels qu'ils ont été perçus, mais de divers assemblages ou groupes de ces objets. Si, par exemple, j'ai dans mes souvenirs, toute

gination. Celle-ci suppose la première, mais ne lui est pas toujours associée. Il y a des hommes qui ont contracté des habitudes d'association, en vertu desquelles il s'offre à eux, pour éclairer ou embellir un sujet, nombre d'idées analogues ces hommes-là ont de la mémoire imaginative. Mais tout effort d'imagination exige le concours de plusieurs autres facultés, en particulier du goût et du jugement, sans lesquels rien ne sauroit plaire. C'est la mémoire imaginative qui fournit au poëte le langage métaphorique, et toutes les analogies sur lesquelles se fondent les allu→ sions poétiques. C'est l'imagination qui crée les scènes compliquées que le poëte décrit, et les personnages ou caractères fictifs qu'il trace. La mémoire imaginative peut être riche, féconde; l'imagination, belle, sublime.

prête à être employée, l'image d'un centaure, ou d'une chimère; ou celle du jardin d'Eden; ou celle d'une certaine bataille d'Homère, ou d'une tempête de Virgile; c'est à ma mémoire imaginative que j'en suis redevable. P. P. p.

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LES

Es faits que j'ai rassemblés dans la section précédente, pour montrer la tendance d'une perception ou d'une idée à suggérer d'autres idées qui ont avec elle certains rapports, sont familiers à tout le monde. Mais avant Mr. Hume, on s'étoit peu occupé de la recherche des diverses espèces de relations qui unissent entr'elles nos pensées et qui en règlent la succession.

Tous ceux qui ont quelque connoissance de l'état actuel de la métaphysique savent, que Mr. Hume a tenté de ranger ces relations sous certains chefs, et qu'il a réduit à trois classes les principes sur lesquels se fonde l'association des idées; la ressemblance, la contiguité de tems et de lieu, et la relation de cause ou d'effet. Cette première tentative est digne d'un aussi grand esprit. Mais plusieurs écrivains ont fait voir que l'énumération qu'elle présente n'est pas complète, et

qu'elle n'est pas même assez distincte (1). Il n'entre pas dans mon plan de discuter cette partie du système de Hume, ni de rechercher les principes d'association qu'il a pu omettre. Et véritablement, il ne me semble pas que cette espèce de problème puisse se résoudre d'une manière satisfaisante; car on ne sauroit imaginer une relation entre les objets de notre connoissance, qui ne puisso servir à les unir dans notre pensée; et par

(1) Voyez lord KAIMES, Elements of criticism et GERARD, Essay on genius. CAMPBELL, Phil. of Rhetorics, Vol. I. p. 197.

Le Dr. Beattie observe qu'on trouve dans Aristote une tentative faite pour énumérer les lois de l'association des idées. En parlant du rappel volontaire, ce philosophe observe avec sa concision ordinaire, que «<les relations par lesquelles nous sommes conduits >> d'une pensée à une autre, en poursuivant une pensée » particulière qui ne s'offre pas à nous immédiate>>ment, sont principalement celles de ressemblance, » d'opposition, ou de rapprochement. »

Voici le passage auquel le Dr. Beattie fait allusion. Όταν οὖν αναμιμνησκώμεθα, κινούμεθα τῶν προτέρων τινὰ κινήσεων, ἕως ἂν κινηθώμεν μεθ ̓ ἣν ἐκείνη ἔιωθε. Διὸ καὶ τὸ εφεξῆ θηρεύομεν νιήσαντες ἀπὸ τῶν νῦν, ἢ ἄλλου τινός, καὶ ἀφ' ομόνου, η εναντίου, ἢ του συνέγγυς.

ARISTOT. de memor. et reminisc.

Vol. I. P. 681. edit. DUVAL.

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