Imagens das páginas
PDF
ePub

d'images, et que ces images se présentent d'elles-mêmes, toutes les fois que l'esprit est occupé d'un sujet avec lequel elles ont de l'analogie. De là vient sans doute, que presque toujours le génie poétique se trouve joint à une sensibilité exquise aux beautés de la nature.

Je ne quitterai pas ce sujet, sans faire remarquer, que l'on peut attribuer à la mémoire imaginative deux qualités distinctes, la vivacité et la richesse. La vivacité se rapporte à la promptitude de l'association. La richesse à la multitude et à la variété des idées associées.

IV. De l'invention dans les arts et dans les sciences.

La faculté d'inventer dans les arts et les sciences a beaucoup de rapport avec celles dont dépendent l'esprit et la mémoire imaginative appliquée à la poésie. Toutes ces facultés supposent un empire acquis sur cèrtaines classes d'idées, qui chez les hommes ordinaires ne sont pas aussi dociles et soumises à la volonté. Cet empire est pour toutes le résultat de l'habitude et non une disposition primitive.

Le procédé de l'esprit dans l'invention scientifique sera pris en considération sous l'article du raisonnement; ici, je me bornerai à quelques remarques détachées liées au sujet dont nous venons de nous occuper.

Avant tout, il est à propos d'insister sur la distinction à faire entre l'invention et la découverte. La première produit quelque chose qui n'existoit pas auparavant. La seconde met en lumière quelque chose qui existoit, mais qui jusqu'alors avoit échappé à l'observation. Otto de Gérike, et Sanctorius ont inventé, l'un la pompe pneumatique,

[merged small][ocr errors]

l'autre le thermomètre; Newton et Gregory ont inventé le télescope à réflexion; Galilée a découvert les taches du soleil; Harvey découvert la circulation du sang. Ainsi, ce sont les perfectionnemens des arts que l'on nomme proprement des inventions; on appelle découvertes des faits mis en lumière au moyen de l'observation.

Ces mots, appliqués aux objets purement intellectuels, conservent par analogie le double sens que nous venons de déterminer. Comme la vérité est éternelle; immuable; comme son existence ne dépend nullement de notre opinion; lorsqu'un homme met en lumière quelque vérité inconnue jusqu'à lui, on dit qu'il la découvre. Mais lorsqu'un homme imagine une méthode nouvelle. pour arriver à la découverte de la vérité, on l'appelle inventeur. Pythagore, dirons-nous, décou→ vrit la quarante-septième proposition du premier livre d'Euclide; Newton: découvrit le théorème binomial : mais il a inventé la méthode des premières et dernières raisons; il a aussi inventé la méthode des fluxions (1).

(1) C'est comme on sait le nom, par lequel Newton

En

[ocr errors]

En général, toute espèce de progrès ou d'avancement dans la connoissance est envisagé comme une découverte. Tout procédé nouveau, par lequel nous produisons quelque effet, ou par lequel nous atteignons une fin proposée, est considéré comme une invention. Par conséquent, les découvertes dans la science, à moins qu'elles ne soient l'effet du hasard, supposent l'exercice de l'invention. Voilà pourquoi ce mot invention s'emploie communément pour exprimer l'originalité du génie dans les sciences, aussi bien que dans les arts. C'est dans ce sens général qu'il est pris dans les observations suivantes.

Toutes les fois qu'il y a invention, il y a, disions-nous, quelque idée nouvelle, ou quelque nouvelle combinaison d'idées anciennes, produite et mise en lumière par l'inventeur. Et quoique celui-ci puisse ignorer ce qui se passe en lui et n'être pas en état d'en rendre compte, nous pouvons néanmoins affirmer, qu'un homme, qui jouit d'une fertilité d'invention habituelle, dans un art

et les géomètres anglois désignent le calcul appelé différentiel par les allemands et par la plupart des mathématiciens du continent. P. P. p.

ou dans une science particulière, et qui peut s'y fier au besoin, doit avoir acquis, par ses habitudes studieuses, un certain empire sur cette classe d'idées qu'il met en jeu et dont il se sert à volonté. Comment a-t il acquis cet empire? C'est là peut-être ce qu'il est impossible de dire et d'expliquer d'une manière complète. Il me semble cependant que ce doit être principalement par les deux moyens suivans; premièrement, il peut, par quelques habitudes spéculatives, avoir ordonné ses connoissances, de manière à faciliter la combinaison des idées relatives à l'objet qui l'occupe; secondement, il peut avoir appris, par expérience, certaines règles générales, au moyen desquelles il dirige la suite de ses pensées de la manière la plus propre à lui faire rencontrer ce qu'il cherche.

I. Je n'insisterai pas ici sur le premier moyen, dont j'aurai occasion de parler en traitant de la mémoire. Il suffit à mon but de faire remarquer, que l'habitude de réfléchir et de se livrer à des vues spéculatives tend à classer nos idées, en rapportant les faits et les verités particulières à des principes généraux; or c'est le plus souvent du rapprochement et de la comparaison des idées,

« AnteriorContinuar »