Imagens das páginas
PDF
ePub

produits par la parthénogenèse, tandis que les femelles résultent de la génération ordinaire. Évidemment la parthénogenèse est en rapport avec la formation des sexes. Il est entièrement probable que quand les observations se seront multipliées, quand le monde nouveau qui s'ouvre aux yeux étonnés des naturalistes aura été scientifiquement exploré, on arrivera à des résultats inattendus qui répandront une vive lumière sur la question encore si obscure et si mystérieuse de la détermination des sexes, l'une des plus belles, et aussi l'une des plus ardues de la physiologie.

Il faudra également étudier avec beaucoup de soin ces phénomènes de la vie propre des œufs en dehors de la fécondation, phénomènes qui ont été signalés par M. de Quatrefages, et dont les observations de M. de Siebold nous révèlent aujourd'hui l'importance, en nous y faisant voir les premières indications, les premiers essais, en quelque sorte, de développements qui peuvent ailleurs arriver jusqu'à leur terme. Pourquoi certains germes non fécondés s'arrêtent-ils presque au début de leur route, tandis que d'autres parcourent toute la carrière du développement?

Enfin quel est le véritable rôle physiologique de la fécondation? Ona cru, dans certaines théories qui ont eu cours pendant longtemps, que le spermatozoïde était le véritable germe, et que l'œuf n'était qu'une machine à incubation. L'opinion qui semblait prévaloir dans ces derniers temps, c'est que le véritable germe serait l'œuf, et que le spermatozoïde posséderait seulement la propriété de vivifier le germe, d'y allumer en quelque sorte le flambeau de la vie. Mais déjà les observations de M. de Quatrefages ont démontré qu'il n'en est rien, et que l'œuf possède une vie qui lui est propre, et qui se manifeste souvent par un commencement de phénomènes embryogéniques. Si maintenant on tient compte des observations de M. de Siebold, qui nous montrent un développement complet s'accomplissant en dehors de toute fécondation, on est conduit à se demander quel est le rôle physiologique des spermatozoïdes, et pourquoi, dans certaines générations, mais non dans toutes, la fécondation doit intervenir.

Ce qu'il y a de très-remarquable, c'est que tandis que ces problèmes sont posés en zoologie, ils le sont également en botanique. Quelque nombreuses et quelque frappantes que soient les différences qui séparent le règne végétal du règne animal, ces deux règnes présentent cependant, à beaucoup d'égards, une remarquable analogie, principalement en ce qui concerne les phénomènes de reproduction. Il est inutile de rappeler l'existence des sexes, et par suite celle de la fécondation chez les

plantes. Ces faits sont connus depuis longtemps, et ils sont en quelque sorte devenus des notions vulgaires. Mais les analogies entre la génération des plantes et celle des animaux ont été poussées beaucoup plus loin. Tandis que l'on retrouvait dans les plantes cryptogames des phénomènes tout à fait comparables à la génération alternante des animaux, on observait dans certaines plantes phanérogames une véritable parthénogenèse, et c'est là un fait sur lequel nous devons donner quelques détails.

Dès le siècle dernier, le célèbre Spallanzani, qui a fait sur presque toutes les parties de la physiologie animale et végétale de si curieuses et si importantes expériences, avait observé la formation de graines fécondes, sur des pieds femelles de chanvre, qu'il avait préservés avec un très-grand soin de l'influence du pollen des pieds måles. Mais ce résultat était quelque chose de si insolite, de si paradoxal, il heurtait si vivement toutes les idées admises, qu'il ne fut point accepté. On chercha de tous côtés à le réfuter, et Volta lui-même, abandonnant pendant quelque temps ses expériences sur l'électricité, descendit dans l'arène pour défendre la théorie de la fécondation des plantes. On supposa que les expériences n'avaient point été faites avec toute l'attention nécessaire, et que les pieds femelles qui avaient fructifié portaient, comme cela arrive quelquefois, quelques étamines fécondes dont le pollen aurait contribué à la formation des graines. Toutefois, il était bien difficile d'admettre qu'un expérimentateur comme Spallanzani eût commis une si grossière erreur. La réalité des faits énoncés par Spallanzani a été depuis cette époque démontrée en diverses circonstances. C'est ainsi que M. Lecoq, professeur à la faculté des sciences de Clermont, a constaté, en 1820, l'existence de faits de cette nature dans un certain nombre de plantes dioïques. Mais on n'avait pas donné plus de créance aux observations de M. Lecoq qu'à celles de Spallanzani. Or, il y a trois ans, M. Naudin, aide-naturaliste au muséum, a repris ces expériences, et il a mis le fait dans la plus complète évidence. Le nom de M. Naudin et celui de M. Decaisne, sous les yeux duquel les expériences ont été faites, ne permettent pas de douter que les précautions les plus minutieuses aient été prises. Aussi devons-nous considérer comme un fait définitivement acquis à la science, la production de graines fécondes chez certaines plantes dioïques, en l'absence de toute fécondation.

Si d'ailleurs il pouvait rester encore quelque incertitude dans les esprits sur ce point important de physiologie végétale, elle serait bientôt dissipée par ce que l'on a observé dans une euphorbiacée de

la Nouvelle-Hollande, dont un pied femelle a été importé, il y a quelques années, en Angleterre. Cette plante a fructifié en serre, et elle est devenue la souche d'un certain nombre de plantes que l'on a cultivées dans plusieurs jardins botaniques de l'Europe. Or tous les pieds que l'on a observés se sont trouvés être jusqu'à présent des pieds femelles. La plante qui présente ce phénomène remarquable a été, pour ce motif même, désignée sous le nom de Calebogyne. Elle vient d'être en Allemagne étudiée avec beaucoup de soin par trois botanistes habiles, MM. Alexandre Braun, Deecke et Radkofer, qui ont constaté, de la manière la plus certaine, la formation de graines fertiles en dehors de l'influence du pollen, et observé ainsi des résultats tout à fait comparables à ceux de MM. Leuckart et de Siebold.

La parthénogenèse existe donc dans le règne végétal comme dans le règne animal. Il est facile de prévoir qu'elle y soulève les mêmes problèmes, et qu'elle y offre également une ample moisson de découvertes à faire. Quand on pense à ces modifications profondes que les études récentes amènent dans les théories généralement admises, on ne peut se défendre d'un sentiment profond de découragement. Dans les sciences, nous ne pouvons faire un pas en avant sans que de nouveaux horizons, sans que des mondes inexplorés ne se découvrent à notre vue, sans que le but que nous voulons atteindre ne recule sans cesse devant nous. Mais il ne faut pas oublier que le plus grand attrait peut-être que nous présente l'étude des sciences consiste dans ces aspirations vers l'inconnu; dans les efforts incessants de l'intelligence pour soulever quelques parties du voile qui nous dérobe la vérité complète. « Si j'avais à choisir, disait Lessing, entre la recherche de la vérité et la possession de la vérité, je choisirais la recherche de la vérité. »

CAMILLE DARESTE.

MYTHOLOGIE COMPARÉE.

Le savant éditeur du Rig-Véda, M. Max Müller, a publié l'année dernière dans les Oxford Essays un morceau intitulé Comparative Mythology, où l'auteur s'est proposé de faire connaître au public anglais quelques-uns des plus importants résultats obtenus par la méthode comparative appliquée aux mythologies. J'ai pensé que ce remarquable essai pourrait être lu avec non moins de profit par notre public, encore peu initié aux belles recherches qui ont fait, dans ces dernières années, envisager sous un jour nouveau l'histoire des religions de l'antiquité. J'ai donc engagé une personne zélée pour ces études à traduire le morceau entier. On a ensuite retranché les développements qui paraissaient les moins intéressants pour le lecteur français, et on a cherché à ramener l'exposition de certaines parties à une forme accommodée à notre goût; mais les opinions de M. Müller n'ont été modifiées sur aucun point. J'aime à croire que l'essai de M. Müller inspirera à quelques personnes le désir de lire les grands ouvrages originaux où sont démontrés les résultats exposés ici d'une manière sommaire, et en particulier les travaux de M. Kuhn. C'est là, suivant moi, la grande veine des travaux contemporains. On a souvent dit que la découverte du sanscrit et de la philologie comparée serait regardée dans un ou deux siècles comme un événement aussi considérable que le fut pour le monde latin la découverte de la littérature grecque au quinzième siècle. Je crois cela vrai, non dans l'ordre classique (les littératures grecque et latine ne seront jamais détrônées dans les écoles ni privées du droit exclusif qu'elles ont de présider à notre éducation grammaticale et littéraire), mais dans l'ordre de la science et de la critique. Or, je n'hésite pas à égaler presque à la découverte des Bopp

1 Et de son côté, la Revue ne croit pas sortir de son cadre en empruntant à une publication anglaise un travail essentiellement germanique, et par l'origine des idées qu'il développe, et par son auteur même, que l'Angleterre a enlevé à l'Allemagne.

(Note de la rédaction.)

et des Schlegel, celle des jeunes et ingénieux philologues qui ont les premiers aperçu dans les Védas et la littérature qui s'y rapporte, la clef des antiquités religieuses de notre race, et prouvé que la famille · indo-européenne n'a d'abord eu qu'un seul système de traditions religieuses et poétiques, comme elle n'a d'abord eu qu'un seul idiome. Dans vingt ans, si la série de ces belles études n'est pas interrompue par l'indifférence du public et l'inintelligence de ceux qui devraient les encourager, nous parlerons de l'état religieux et moral de nos ancêtres Ariens avec presque autant de certitude que l'on parlait autrefois des Grecs et des Romains.

PHÈDRE.

Vois-tu ce haut platane?

SOCRATE.

Certainement.

PHÈDRE.

ERNEST RENAN.

Il y a de l'ombre en cet endroit; le vent n'y est pas trop fort, et on y trouve du gazon pour s'asseoir où se coucher.

[merged small][merged small][ocr errors]

Dis-moi, Socrate, n'est-ce pas en quelque endroit près d'ici que Borée enleva Orithye de l'Ilissus?

On le dit.

SOCRATE.

PHÈDRE.

Ne serait-ce pas en cet endroit-ci? les eaux y sont pures et transparentes, et les rives semblent faites tout exprès pour les jeux des jeunes filles.

SOCRATE.

Non, c'est deux ou trois stades plus bas, à l'endroit où l'on traverse le fleuve pour aller au temple d'Agra: il y a là, quelque part, un autel de Borée.

[ocr errors]

Je ne l'avais pas remarqué. Mais dis-moi, par Zeus, ô Socrate! crois-tu que ce mythe soit vrai?

SOCRATE.

Si, comme les sages, je ne le croyais pas, je ne serais pas fort embarrassé. Je pourrais inventer une théorie ingénieuse, et dire qu'un souffle de Borée, le vent du nord, précipita Orithye du haut des rochers du voisinage pendant qu'elle jouait avec son amie Pharmacée, et qu'étant morte de

« AnteriorContinuar »