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Enfin, je dois encore informer votre Majesté que, dans les instances de M. de Stamfort auprès du Duc pour qu'il se présentat à temps au futur roi, la personne qu'il souhaitoit lui voir conseiller au Prince royal, comme méritant le plus sa confiance, étoit M. le Baron de Reck, actuellement Ministre de Justice. Le Duc acquiesca entièrement à cette idée, connoissant M. de Reck pour un homme éclairé, droit, et qui s'étoit fortement prononcé contre la paix de Bâle.

"M. de Stamfort parla aussi de Comte de Brühl comme d'une personne de toute confiance pour les principes, familier avec le Prince, et qui a une raison particulière de ressentiment honnête contre les gens qui veulent conserver leur influence; en ce que ces gens-là, proffitant de sa mission auprès de l'Empereur de Russie à son avénement au trône, l'avoient fait porteur d'un mensonge à ce monarque au sujet des articles secrets du traité de Bâle; ce que l'Empereur lui reprocha d'abord, mais qu'il fit retomber avec indignation sur les auteurs, en assurant l'Empereur qu'on ne l'avoit instruit de rien.

"M. de Stamfort avoit fait aussi connoitre au Duc des personnes de vrai mérite d'un ordre inférieur, pour remplir les places de confiance sous le ministère, auxquelles encore le Duc avoit acquiescé; mais il avoit toujours resisté à des démarches formelles, aussi longtemps qu'il ne verroit pas d'avis précis à donner au Prince sur les affaires mêmes. Aujourd'hui cet obstacle est levé; mais le Prince est Roi, et il reste environné des personnes mêmes dont le Duc redoutoit les insinuations. M. de Stamfort ne se laisse point décourager, et sûrement j'aiderai de l'influence que pourra me donner l'accès que m'accorde son altesse sérénissime, et la confiance dont votre Majesté m'a honnoré auprès d'elle.”

Postscript. "Pendant que j'écrivois cette lettre, M. de Stamfort a communiqué son idée pour Hambourg au Duc, qui non seulement l'approuve, mais la regarderoit comme indispensable, quoique difficile."

3 enclosures.

Enclosure 1.

The PRINCESS OF ORANGE to the DUKE OF BRUNSWICK.

1797, November 2. Hampton Court." Les marques du souvenir de votre altesse et de la continuation de son amitié que je viens de recevoir tant par M. Tollins, que par M. de Luc (qui est revenu très reconnoissant de la manière distinguée et gracieuse dont votre altesse a daigné l'accueillir) m'engagent en ce moment de profiter d'une occasion favorable pour lui adresser ces lignes, avec l'hommage de tous les sentimens que je lui ai voué, et que ni le tems ni l'éloignement ne sauroient altérer.

"Votre altesse est plus à portée que moi d'être parfaitement instruit de la triste situation où se trouve le roi mon frère. Elle comprendra aisément combien ce que j'en apprends me navre;

toutes les nouvelles se réunissent à me faire envisager sa mort comme prochaine, et d'après les dernières, on ose même à peine souhaiter que ses jours soyent prolongés, puisqu'on paroit craindre que la diminution de ses facultés intellectuelles, que l'on apperçoit sensiblement, ne lui laisseroit qu'une existence pire que la mort. De ce déchirant tableau il n'y a qu'un coté qui offre quelque espèce de consolation, c'est la manière dont se montre le Prince] Royal dans ces tristes circonstances. Il paroit le modèle des fils par ses sentimens pour le roi son père, et, en même tems, profondément pénétré de l'importance et des difficultés des grands devoirs qui reposeront sur lui. Plus ce jeune prince se montre digne du sang dont il est issu, plus il seroit douloureux que ses bonnes intentions restassent sans effet, ou qu'elles fussent altérées par de pernicieux conseils; et vû son peu d'expérience, et le grand nombre d'intrigants dont il sera entouré dans les premiers moments, cela me paroitroit fort à craindre, si je ne conservois l'espoir que v[otre] altesse] voudra lui tendre une main bienfaisante, l'éclairer de ses lumières, et lui indiquer le fil capable de le guider au travers de ce labyrinthe, en lui faisant éviter les différents écueils qui l'environneront. Au moment du décès du roi, toutes les espérances non seulement de la monarchie Prussienne, mais celles de l'Europe entière (c'est à dire, de la saine partie de ses habitants) se fixeront sur son successeur; du système qu'il adoptera, de la conduite qu'il tiendra tout peut dépendre. Votre a [ltesse] voudroit-elle dans un moment si critique lui réfuser son assistance et ses conseils ? Ne les lui accorderoit-elle pas également dans le cas plus embarassant, et peut-être plus critique encore, où le roi resteroit en vie, mais ne pouvant s'occuper des affaires, le prince royal seroit forcé par les circonstances, et peut-être par la volonté du roi lui-même, d'accepter la régence? Non, sans doute que v[otre] a[ltesse] ne les lui refuseroit pas si ce prince les lui demandoit directement, et j'ai trop bonne opinion du prince royal pour douter qu'il ne les apprécie comme il le doit; mais j'avoue franchement que je crains d'un coté l'excès de modestie (qu'elle me pardonne cette expression) de v[otre] a[ltesse]; et chez mon neveu, la timidité, le manque d'usage du monde, une certaine fausse délicatesse qui proviendroit de là, et lui feroit hésiter de s'ouvrir à elle avec cette plénitude de cœur que sa position exigeroit si indispensablement pour retirer tout le fruit nécessaire des sages avis que votre altesse, et elle seule, est en état de lui donner. Il seroit bien malheureux que des raisons pareilles devroient l'en priver, et favoriser des odieux projets des désorganisateurs, tandis qu'il faudroit si peu de chose de la part de votre] a [ltesse] pour amener les choses où je les désirerois, et lui assurer pour toujours cette juste confiance que le Prince royal lui doit à tant de titres, et que son coeur est certainement très porté à lui accorder de lui-même. Que v[otre] a [ltesse] me pardonne ces reflexions, et le trop d'étendue que j'y ai donnée peutétre; du moins ne méconnoitra-t-elle pas, j'espère, les sentiments quí me les dictent, et la pureté de mes motifs en les lui adressant.

"Je ne puis ajouter aucune nouvelle du pays que j'habite dont v[otre] altesse] ne soit informée d'ailleurs. Ce qui fixe dans ce moment le plus l'attention du public c'est l'ouverture du Parlement, qui a eû lieu aujourd'hui, et la nouvelle entrée hièr par la France que la paix de l'Empereur auroit été signée à Udine le 17 d'octobre; pour autant que j'en sais, deux postes d'Allemagne qui viennent d'arriver ne confirment pas encore cette nouvelle. Votre] A [ltesse] saura mieux que moi ce qu'il faut en croire, et les suites que cet événement nous pronostique, s'il est véritable, et si l'Empereur ratifie le traité." Copy.

Enclosure 2.

The DUKE OF BRUNSWICK to GENERAL DE STAMFORD.

[No date.]" Voici l'extrait d'une lettre de Paris du 13, pour M. de Luc. J'en donne incessamment part à Hannovre, ainsi qu'à Berlin, pour où j'avois déjà mandé, lundi, les avis qui m'étoient parvenus sur des projets pour une invasion dans le pays d'Hannovre.

"J'attens aujourd'hui la poste de Berlin, qui nous éclairera peut-être un peu d'avantage sur ses objets essentiels."

Enclosure 3.

1797, November 13.

Paris.-Extrait.-"Le Gouvernement Français declare maintenant à haute voix qu'il gardera la rive gauche du Rhin. On s'occupe dejà d'organiser les provinces situées à cette rive, et un commissaire du Directoire est parti pour mettre cette organisation en œuvre. En même tems le bruit se répand de plus en plus qu'une colonne de trouppes Françoises doit se mettre en marche pour entrer dans le pays d'Hannovre. Quoique ce dernier bruit n'ait, selon moi, point de probabilité, il est pourtant très sûr qu'un projet de cette nature occupe plusieurs personnes du Gouvernement depuis la rupture des négociations avec l'Angleterre; parcequ'on croit qu'une invasion dans la Basse Saxe pourroit seule faire fléchir le Gouvernement Anglois, et que l'époque actuelle leur paroit la plus propre pour rénouveller des projets qu'on avoit abandonnés dans un tems où l'on croioit avoir besoin de la bonne volonté du roi de Prusse."

M. DE LUC to GEORGE III.

1797, November 28. Brunswick.-"La seconde lettre que j'ai eu l'honueur d'addresser à votre Majesté l'informoit de ce que nous pouvions prévoir, M. de Stamfort et moi, sur la tournure que Monseigneur le Duc donneroit au mémoire qu'il se proposoit de faire parvenir à votre Majesté. Ce mémoire étoit esquissé, et s'a[ltesse] s[érénissime] en avoit déjà communiqué le plan

à M. de Stamfort, lorsqu'elle recut une estafette du roi de Prusse pour l'inviter à venir à Berlin; et son départ fut fixé à demain 28. Alors s'a [ltesse] s [érénissime] se détermina à suspendre l'envoy de son mémoire, jusqu'à ce qu'elle eût vu ce qui se passeroit à Berlin; en écrivant néanmoins d'abord à votre Majesté pour lui témoigner la satisfaction qu'elle éprouvoit de son intervention dans des circonstances si urgentes, et l'assurer de son zèle à seconder ses vues. Je ne sais point encore en ce moment si l'intention de s'a [ltesse] s [érénissime] est de me remettre sa lettre, ni si j'aurai l'honneur de le voir avant son départ; mais pour n'être pas pressé demain par le départ du courrier, au cas que je ne fusse instruit que tard de son intention, je prends la liberté d'exposer d'avance à votre Majesté tant ce que je sais par M. de Stamfort de la substance du mémoire de s'a [ltesse] s [érénissime], que tout l'ensemble des choses qui, d'après les entretiens que j'ai eu l'honneur d'avoir avec elle, me sembleroient pouvoir faire considérer la seule connoissance de ce mémoire comme suffisante pour conduire à une prompte détermination.

"L'idée fondamentale du mémoire est, en effet, la même dont je crus devoir informer votre Majesté dès le courrier dernier; celle de rendre la Russie promotrice de l'union à renouveller entre les grandes cours; mais cette idée y est accompagnée de motifs qui me paroissent avoir beaucoup de force, et c'est aussi l'opinion de M. de Stamfort, d'après tout ce qu'il connoit de Berlin. Dans l'exposition que je vais avoir l'honneur d'en faire à votre Majesté, je ne pourrai suivre le mémoire, parceque je n'en connois pas les expressions; mais j'en connois les fondemens, ce qui me paroit plus essentiel; et c'est sous ce point de vue que je les envisagerai.

"Il faut imprimer chez le roi de Prusse une crainte bien forte, produite per un grand nombre de faits, et de réflexions sur l'état tout nouveau de l'Europe, pour le tirer de la sécurité sur sa paix, et lui faire connoitre l'illusion de son agrandissement; et il seroit bien difficile de rendre immédiatement cette crainte supérieure à d'autres plus immédiatement évidentes dans le plan d'une nouvelle coalition; et dont ceux qui, ou par ignorance, ou par mauvais dessien, entreprendroient de tenir tenir ce jeune monarque dans l'inaction, pourroient aisément se prévaloir.

"Il seroit facheux d'échouer dans une première tentative, parceque l'accès deviendroit plus difficile. Or, la Russie pourroit empêcher ce mal; d'abord, parceque sans son intervention spontanée, on pourroit la représenter elle-même comme un objet de crainte, qui par là n'existeroit pas; mais surtout, parcequ'il n'y auroit que la certitude de son intervention auprès de l'Autriche qui pût rassurer le roi de Prusse contre la crainte que, vu les liaisons actuelles de l'Empereur avec la France, sur la connoissance d'une nouvelle liaison tentée entre l'Angleterre et la Prusse sans sa participation il ne songeât à se lier plus intimement avec les François. Cela seroit bien mal vu; mais on doit craindre le succès de toutes les insinuations des malveillans, vu l'aveuglement qui a déjà conduit cette cour.

"La Russie, au contraire, en proposant elle-même le projet de réunion, pourroit dès l'entrée faire cesser les craintes mutuelles; en offrant sa garantie, tant à Vienne qu'à Berlin, que rien ne seroit changé dans leurs situations réspectives; en déclarant positivement, qu'en cas de besoin, elle concourroit de tout son pouvoir au but de l'union qui seroit uniquement, ou du moins fondamentalement, de maintenir l'intégrité de l'Empire, tant contre l'esprit d'agrandissement, que contre les projets désorganisateurs du Directoire de France.

"Elle seule aussi pourroit faire sentir, tant à Berlin qu'à Vienne, de quelle importance est le concours de l'Angleterre dans cette union, pour empêcher l'agrandissement des forces maritimes dans une nation si active, déjà enormément fort sur le continent, et qui porteroit alors les révolutions par mer comme par terre. Elle seule enfin, en offrant son concours, pourroit faire voir l'indispensable nécessité que toutes puissances se réunissent indissolublement pour faire échour le projet inoui des paix particulières, inventé par le Directoire pour faire tomber successivement tous les états; ce qui feroit comprendre à ces fourbes que les yeux sont ouverts sur le but de cette nouveauté en diplomatique, et qu'on est bien résolu d'en prévenir l'effet.

"Quand j'ai eu pesé les motifs du mémoire du Duc, en les commentants par les entretiens que j'ai eu l'honneur d'avoir avec s[on] a[ltesse] s [érénissime], je n'ai pu m'empêcher d'éprouver beaucoup de satisfaction en voyant ainsi ses incertitudes expliquées par une application précise. Je craignois d'abord que l'éloignement naturel à prendre une part active dans les affaires ne fût ce qu'il y auroit à vaincre chez elle; mais les discussions particulières ont fait ressortir une crainte plus déterminée, c'est celle d'agir sans succès; et que le moyen efficace de réaliser l'intention bien prononcée de s'a [ltesse] s [érénissime] d'agir de tout son pouvoir est qu'elle voye une route qui promette de mener au but. C'est ainsi que s'est acheminée l'idée de rendre d'abord la Russie active pour le plan comme le proposant elle-même; et ce fut parceque je prévoyois que s'a [ltesse] s [érénissime] se fixeroit à cette idée, que je pris la liberté de mentionner à votre majesté dès le courrier dernier qu'il me sembloit que rien ne péricliteroit quant à l'intervention d'ici, si l'objet étoit présenté sous ce point de vue à l'Empereur de Russie.

"Aujourd'hui, d'après la détermination du Duc, et les réflexions depuis longtemps entretenues par M. de Stamfort luimême sur ce qui pourroit entrainer le Prusse, en la supposant déjà déterminée à concourir au bien général, il paroît plus fortement encore que l'intervention immédiate de la Russie est l'objet le plus pressant. Les motifs de songer enfin à la sûreté commune sont sans doute si évident qu'ils devroient convaincre de quelque part qu'ils fussent présentés; mais on a à craindre les insinuations qui, jusqu' ici, ont fait tant de mal; et il y a longtemps qu'on travaille à Berlin à affaiblir l'influence de l'Angleterre, sous le prétexte spécieux

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