Imagens das páginas
PDF
ePub
[ocr errors]

« Le rancuneux Sans-drapeau partit de la cour d'Ardjasp; il dirigea son drapeau vers la célèbre ville de Balkh, en compagnie de son méchant

» compagnon Avide-de-renommée, dans l'intention de chasser hors de >> cette ville ce (prince) qui s'efforçoit de mériter une bonne renommée.

سوی بلخ نامی کشیدش درفش شد از پیش اوکینه ور بیدرفش کزو بفکند آن نکو نامخواست ابا يار خود خیره سر نامخواست

[ocr errors]

M. Vullers a bien reconnu ce jeu de mots; mais, 1° il n'a pas donné au mot sa vraie signification; 2° il n'a pas vu que le pronom affixe dans Fest le sujet du verbe; 3° enfin il a traduit au hasard le dernier hémistiche du second distique. Il a donc fait dire au poëte :

« Le haineux Bidérefsch s'éloigna d'auprès d'Ardjasp, et la splendeur de » Balkh l'attira vers cette ville célèbre, avec son ami, l'opiniâtre Namkhast, qui sollicite un beau nom. »

Darauf entfernete sich der hassüchtige Biderefsch, nach dem berühmten Balch zog ihn die Pracht dieser Stadt, nebst seinem Freunde, dem halsstærrigen Namchast, der da bittet um einen

schoenen Namen.

Je pense que M. Vullers a dû être bien peu satisfait lui-même de cette traduction: il a trop de jugement et de sagacité pour ne pas s'être aperçu que c'étoient les ordres d'Ardjasp, et non la splendeur de Balkh, qui conduisoient les ambassadeurs dans cette ville, et il n'est pas assez peu avancé dans la connoissance de la langue persane, pour avoir supposé que pût signifier demander avec prières, solliciter.

Je ne pousserai pas plus loin cet examen critique, auquel je ne me suis livré que dans l'intérêt des bonnes études. Je ne puis attribuer les méprises assez graves que j'ai relevées, qu'à un peu trop de précipitation dans un travail qui n'étoit pas sans difficultés. M. Vullers peut faire beaucoup mieux que cela; il en a donné des preuves. Qu'il évite seulement, en traduisant, de se contenter d'à-peu-près, et qu'il ne soumette aux regards du public que ce dont il sera lui-même parfaitement content. S'il veut s'exercer encore sur des morceaux du Schah-namèh, qu'il fasse une étude particulière du langage et du style de Ferdousi, et qu'il se rende familières les tournures favorites de ce grand poëte. M. Vullers, j'en suis certain, ne me saura pas mauvais gré de ces conseils, qui ne me sont suggérés que par l'intérêt et l'estime qu'il m'a inspirés, lorsque j'avais le plaisir de le compter tous les jours au nombre de mes auditeurs.

SILVESTRE DE SACY.

SUPPLÉMENT à l'ouvrage intitulé Ulysse-Homère, ou du véritable auteur de l'Iliade et de l'Odyssée, par Constantin Koliades, professeur dans l'université ionienne.

CE supplément à un ouvrage auquel nous avons consacré deux articles, ne se compose que de quatre pages in-folio. En rendant compte de l'ouvrage, nous avons avancé que l'hypothèse de l'auteur d'après laquelle Homère seroit Ulysse, « n'est pas seulement invraisemblable, mais qu'elle »a de plus le défaut de reposer sur des argumens sans valeur, et d'être >> en contradiction avec les seules notions qu'on peut regarder comme » positives, relativement à l'époque d'Homère. » C'est contre ce jugement que l'auteur réclame. Pour l'infirmer et établir la solidité de son hypothèse, il a recours à l'autorité de Bryant, qui, dans son livre paradoxal sur Troie, a cité un passage d'Hermésianax, que Constantin Koliades regarde comme fort important. On en va juger.

Il s'agit de huit vers d'une élégie dont Athénée nous a conservé un fragment de quatre-vingt-dix-huit vers. Dans ce passage, le poëte raconte qu'Homère, amoureux de Pénélope, alla se fixer à Ithaque. Bryant, dont l'imagination ne s'arrêtoit pas facilement, tiroit de ce passage de curieuses conséquences. « Si, dit-il, ce grand poëte a eu son » domicile à Ithaque, si peut-être il y est né, si enfin, dans le récit des >> malheurs de son héros, nous lisons ceux du poëte, ce passage nous » donne de grandes lumières sur son histoire. » Constantin Koliades trouve cela fort concluant; et nous serions de la même opinion, si toutes ces suppositions avoient un fondement raisonnable. Il n'est pas douteux qu'en prenant pour des faits et ces suppositions et toutes celles du même genre qu'on pourroit imaginer, on obtiendroit une histoire d'Homère; mais cette histoire ne seroit qu'un roman.

Constantin Koliades conclut du commentaire judicieux de Bryant sur ce passage d'Hermésianax, que l'idée de placer à Ithaque le berceau de l'Odyssée « n'est pas aussi nouvelle qu'on l'a cru, puisqu'un célèbre › poëte de Colophon apprenoit à la Grèce, il y a plus de vingt siècles, "qu'il y avoit découvert le prince des poëtes. » On a déjà remarqué qu'il y a encore assez loin entre reconnoître qu'Homère étoit né à Ithaque, et admettre qu'il étoit Ulysse lui-mème. Nous ajouterons que le passage d'Hermésianax est loin de favoriser ni l'une ni l'autre de ces hypothèses.

Le fragment de cet ancien poëte conservé par Athénée faisoit partie du troisième livre de ses élégies, lequel contenoit un catalogue des

amans. D'après les quatre-vingt-dix-huit vers qui en restent, on voit que le poëte y avoit réuni les noms des hommes célèbres qui payèrent le tribut à l'amour, et ceux de leurs maîtresses. On y trouve ceux des poëtes Orphée, Musée, Hésiode, Homère, Mimnerme, Antimaque, Alcée, Anacréon Sophocle, Euripide, Philétas, et des philosophes Pythagore, Socrate, Aristippe. Quand l'histoire manque à Hermésianax, la fiction vient à son aide; et comme il ne connoît pas le nom des amantes d'Orphée, de Musée, d'Hésiode, d'Homère, il a bientôt fait d'en inventer un, et parfois l'invention est assez puérile. Par exemple, il donne pour maîtresse à Hesiode une femme d'Ascra en Béotie, nommée Hoín. Ruhnkenius et Hlgen ont déjà remarqué que le nom de cette femme a été fabriqué par Hermésianax avec les deux mots *H oin, qui commençoient les diverses parties du poème d'Hésiode intitulé κατάλογος γυναικῶν οι μεγάλαι κοῖαι.

Ce qu'il dit ensuite d'Homère est à-peu-près de la même force et a la même autorité. Voici les huit vers où il parle des amours de ce poëte :

[blocks in formation]
[ocr errors]

ἥδιστον (2) πάντων δαίμονα μουσοπόλων,
λεπτήν γ' εἰς Ιθάκην ἀνετείνετο θεῖος Όμηρος
ᾠδῆσιν, πινυτής εἵνεκα Πηνελόπης,
ἣν δία πολλὰ παθὼν ὀλίγην ἐσενάσσατὸ νῆσον,
πολλὸν ἀπ ̓ εὐρείης λειπόμενος πατρίδος.
Εκλαιεν δ ̓ Ικάρου τε γένος, καὶ δῆμον ̓Αμύκλου
καὶ Σπάρτην (3), ἰδίων ἁπτόμενος παθέων.

Le professeur dans l'université ionienne traduit ces vers d'après la traduction de Bryant, laquelle renferme autant de contre-sens que de lignes : « Homère, dont les ouvrages ont été si miraculeusement conservés, ce » prince des poëtes inspirés par les dieux, se décida à habiter la petite » île d'Ithaque, par amour pour Pénélope, dont la sagesse avoit captivé » son cœur. Après avoir beaucoup souffert pour elle, il établit sa demeure dans ce pays moins étendu que le sien. Ses poëmes offrent un tableau fidèle des malheurs de la maison d'Icare, de ceux de Sparte et d'Amyclée. Dans tous ces récits, il fait allusion à ses propres infortunes. » C'est ce dernier trait sur lequel Constantin Koliades insiste avec le plus de complaisance, et qui lui paroît prouver le mieux l'identité d'Homère et d'Ulysse. S'il est vrai, selon lui, que le poëte n'a

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

(1) Ap. Athen. XII, 597 E.

(2) Ou núdiorov, comme lisoit Ruhnkenius. (3) Peut-être Exams. Dans ce cas, ce nom désigneroit Sparte, la mère d'Amyclas, et non la ville de Sparte.

[ocr errors]
[ocr errors]

peint que ses propres malheurs, c'est une preuve qu'il étoit le héros de son poëme. Mais ni lui ni son prédécesseur Bryant n'ont donné à ce vers, non plus qu'au précédent, leur signification véritable. D'après les judicieuses observations de Ruhnkenius et d'Ilgen, voici ce qu'ils signifient littéralement : « Ce chantre lui-même, que conserve la volonté de Jupiter, le divin Homère, ce génie des serviteurs des Muses, se rendit avec ses poëmes dans la petite Ithaque, à cause de la sage Pénélope. Ayant » souffert pour elle les peines ( de l'amour), (1) il vint habiter cette île, » bien loin de sa vaste patrie. Il chanta les malheurs de la race d'Icare (2), » du peuple d'Amyclas et de Sparte (3), exprimant ce qu'il avoit éprouvé » lui-même. » Cette traduction n'est guère favorable aux hypothèses de Bryant; elle l'est encore moins à celle de Constantin Koliades. Que voyons-nous en effet dans ce passage d'Hermésianax? Simplement que, pour donner à Homère une maîtresse, comme il en avoit donné une à Hesiode, il l'a fait amoureux de Pénélope; que ce poëte vint à Ithaque chercher l'objet de sa passion, qui le traita cruellement, à ce qu'il paroît; que ressentant les angoisses de l'amour, quand il peignit les maux causés par cette passion à Pénélope et à Hélène, il peignit ce qu'il avoit éprouvé lui-même.

"

Dans cette fiction, assez mal imaginée d'ailleurs, on ne retrouve aucun des traits que Bryant et Constantin Koliades ont cru y reconnoître. Entre les opinions si diverses des anciens sur la patrie d'Homère, il y en avoit une d'après laquelle le poëte seroit né à Ithaque. L'auteur du combat d'Homère et d'Hésiode rapporte un prétendu oracle de Delphes dans lequel la Pythie énonce cette opinion. Mais de fà à dire qu'Homère est le même qu'Ulysse, il y a encore bien loin; c'est ce dont jamais personne dans l'antiquité ne s'est avisé. Ainsi Constantin Koliades a tort d'appeler son hypothèse une opinion renouvelée des Grecs; l'invention lui en appartient bien certainement. Quant à Hermésianax, bien loin d'en avoir eu la moindre idée, il a fait naître Homère sur le continent de l'Asie mineure; car peut-on voir autre chose dans cette vaste patrie si éloignée de la petite Ithaque où le poëte vient chercher un asyle?

En résumé, ce Supplément n'ajoute rien à ce que le professeur dans T'université ionienne appelle ses preuves en faveur de son UlysseHomère. Les invraisemblances de tout genre qui entourent son hypothèse, avoient fait croire à plusieurs personnes que le professeur vouloit s'amuser en soutenant un paradoxe auquel il ne croyoit pas lui-même. Pour nous,

(1) C'est dans le même sens que le poëte dit, au v. 24, Towerader, parlant d'Hésiode.

(2) Pénélope. -
(2) Pénélope. — (3) Hélène et Ménélas.

en

nous avons toujours pensé qu'il le prenoit fort au sérieux; la publication de ce Supplément, tout-à-fait sérieux, prouve que nous ne nous étions pas trompés. En désespoir de cause, le professeur s'adresse « à la jeunesse » des écoles, à cette jeunesse impartiale et libre de toute préoccupation: » c'est à elle qu'il appartient de réparer l'affligeant silence de l'antiquité » sur le véritable auteur de l'Iliade et de l'Odyssée, en replaçant sur la » tête d'Ulysse la triple couronne de roi d'Ithaque, de vainqueur de l'Asie, » et de prince des poëtes. » Il y a peu d'espoir que la jeunesse des écoles, qui ne lit ordinairement qu'un chant ou deux de l'Iliade, puisse réparer le silence de l'antiquité. Mais plus elle étudieroit l'Iliade et f'Odyssée, plus elle se convaincroit qu'Ulysse doit se contenter d'une double couronne. La troisième seroit usurpée.

LETRONNE.

THE TRAVELS of Macarius, patriarch of Antioch, written by his attendant archdeacon Paul of Aleppo, in arabic; part the second, Wallachia, Moldavia and the Cosak country; translated by F. C. Belfour, A. M. Oxon. London, 1831. -Les Voyages de Macaire, patriarche d'Antioche, mis par écrit en arabe par l'archidiacre Paul d'Alep, attaché à son service; 2 partie, contenant la Valachie, la Moldavie et le pays des Cosaques; traduits par F. C. Belfour, &c. Londres, 1831, in-8°, pag. 115 à 227.

SECOND ARTICLE.

Nous avons laissé le patriarche Macaire sur les bords du Dniester, prêt à quitter la Bessarabie, en traversant ce fleuve, et à entrer dans la Podolie, ou, comme s'exprime l'auteur de la relation, dans le pays des Cosaques. La première ville de cette contrée qui reçut les voyageurs fut Raschkobao (Raszkow ou Rachcov). Selon l'auteur de la relation, de Rachcov, première place du pays des Cosaques, jusqu'à Poutiblià

« AnteriorContinuar »