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lobe postérieur, de manière à surplomber et finalement à cacher le cervelet. Chez tous les mammifères, chaque hémisphère cérébral contient une cavité qui est appelée ventricule, et comme ce ventricule s'étend, d'une part, en avant, d'autre part, en bas, dans la substance de l'hémisphère, on dit que le ventricule a deux cornes, l'une corne. antérieure, l'autre corne descendante. Quand le lobe postérieur est bien développé, une troisième prolongation du ventricule s'étend dans son épaisseur, et prend le nom de corne postérieure ou corne d'Ammon.

Dans les formes inférieures et plus petites de mammifères placentaires, la surface des hémisphères cérébraux est ou lisse, ou au moins uniformément arrondie, ou elle montre un petit nombre de sillons qui sont appelés techniquement sulci, et séparent les circonvolutions cérébrales; les plus petites espèces de tous les ordres tendent à une pareille simplicité de la surface cérébrale. Mais, dans les ordres les plus élevés, et spécialement chez les espèces les plus grosses, les sillons deviennent extrêmement nombreux, et les circonvolutions intermédiaires proportionnellement plus compliquées dans leurs méandres, jusqu'à ce que, en arrivant à l'éléphant, au marsouin, aux singes supérieurs et à l'homme, la surface cérébrale devient un véritable labyrinthe de replis tortueux.

Quand existe un lobe postérieur qui présente sa cavité habituelle -- la corne postérieure - il arrive fréquemment qu'un sillon se montre à la surface intérieure et inférieure du lobe, parallèle et inférieure au plancher de cette corne, et en quelque sorte construit en arche sur la voûte du sillon. Il semble que le sillon ait été constitué en coupant le plancher de la corne postérieure avec un instrument grossier, de telle sorte que ce plancher s'élève en éminence convexe. C'est cette éminence qui a été désignée du nom de petit

hippocampe ou ergot de Morand; le grand hippocampe est une éminence plus considérable sur le plancher de la corne descendante. Nous ignorons quelle peut être l'importance fonctionnelle de ces deux divisions anatomiques.

Comme pour démontrer, par un exemple saisissant, l'impossibilité d'élever aucune barrière entre le cerveau de l'homme et celui des singes, la nature nous a pourvus, dans les simiens inférieurs, d'une série presque complète de gradations, depuis les cerveaux de très-peu plus élevés que celui des rongeurs jusqu'à ceux qui sont peu inférieurs à celui de l'homme. Et c'est un fait remarquable que bien qu'il existe un hiatus dans cette série simienne, pour autant que nos connaissances actuelles nous permettent de l'affirmer, cet hiatus n'est pas entre l'homme et le singe, mais entre les singes moyens et les inférieurs, ou, en d'autres termes, entre les singes du vieux et du nouveau monde, d'une part, et les lémuriens. Chacun des lémuriens qui jusqu'à présent a été étudié a un cervelet partiellement visible de la face supérieure de l'encéphale, et possède un lobe postérieur qui contient la corne postérieure et le petit hippocampe plus ou moins rudimentaire. Chaque singe du nouveau monde ou du vieux, sapajou, babouin ou anthropoïde, a, au contraire, son cervelet entièrement recouvert postérieurement par les lobes cérébraux, et possède une volumineuse corne postérieure avec un petit hippocampe bien développé.

Chez plusieurs de ces individus, tels que le saïmiri (chrysotrhix), les lobes cérébraux surplombent et s'étendent en arrière de beaucoup plus au delà du cervelet qu'ils ne font chez l'homme (fig. 25), et il est certain que, chez tous, le cervelet est complétement recouvert en arrière par des lobes postérieurs bien développés. Ce fait peut être vérifié par tous ceux qui possèdent le crâne d'un singe quelconque de

l'ancien ou du nouveau continent. En effet, comme le cerveau, chez tous les mammifères, remplit entièrement la cavité crânienne, il est évident qu'un moule de l'intérieur du crâne reproduira la forme générale de l'encéphale avec assez d'exactitude pour que, en ce qui nous intéresse, on puisse négliger les différences sans importance qui peuvent provenir de l'absence des membranes du cerveau dans le crâne sec. Si donc l'on compare le moule en plâtre avec un semblable moule obtenu d'un crâne humain, on verra que

le moule de la loge cérébrale qui représente le cerveau du singe couvre et surplombe le moule de la loge cérébelleuse, qui représente le cervelet de la même façon que chez l'homme (fig. 34). Un observateur peu attentif, oubliant qu'un tissu mou comme celui du cerveau perd sa forme propre au moment où il est extrait du crâne, peut, à la vérité, se méprendre, et s'il trouve le cervelet découvert, ne pas s'apercevoir que ce fait peut être attribué, non au rapport naturel des régions, mais à l'extraction et à la déformation consécutive; mais son erreur deviendra évidente même à ses propres yeux s'il essaye de replacer le cerveau dans la cavité crânienne. Supposer que le cervelet d'un singe est naturellement à découvert en arrière est une erreur comparable seulement à celle que l'on commettrait si l'on pensait que les poumons de l'homme n'occupent qu'une petite portion de la cavité thoracique, parce que, au moment de l'ouverture de la poitrine, ils reviennent sur eux-mêmes, et que leur élasticité n'est plus neutralisée par la pression intérieure de l'air.

La première erreur est même moins excusable, car elle doit devenir patente à toute personne qui examinera une section crânienne d'un singe quelconque au-dessus des lémuriens, même sans prendre la peine d'en faire un moulage. Dans chacun de ces cranes, il y a en effet, comme

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Fig. 34 et 55. Dessins représentant les moules intérieurs d'un homme et d'un chimpanzé, de la même longueur absolue, et placés dans des positions similaires; A, cerveau; B, cervelet. Le premier dessin est pris d'un moule qui est au musée du Collège des chirurgiens de Londres; le second d'une photographie du moule d'un crâne de chimpanzé qui orne le travail de M. Marshall, Sur le cerveau du Chimpanzé, in Natural History Review de juillet 1861. La terminaison plus nette du bord inférieur du cerveau dans le moule du chimpanzé vient de ce que la tente du cerveau était conservée dans le crâne du chimpanzé non dans le crâne humain. Le moule représente d'ailleurs plus exactement le cerveau du chimpanzé que, respectivement, celui de l'homme, et la projection en arrière des lobes postérieurs du cerveau au delà du cervelet est, chez le chimpanzé, évidente.

dans le crâne humain, un sillon très-marqué qui montre la ligne d'insertion de ce que l'on appelle la tente du cervelet, sorte de membrane parcheminée qui, à l'état frais, est placée entre le cerveau et le cervelet et empêche celuilà de peser sur le dernier (fig. 25).

Ce sillon établit donc la ligne de séparation entre la partie de la cavité crânienne qui contient le cerveau et celle qui contient le cervelet; et comme l'encéphale remplit exactement cette cavité, il est évident que les relations de ces deux parties nous éclairent du même coup sur les relations de leurs contenus; or, chez l'homme et chez tous les simiens de l'ancien et du nouveau continent, à une seule exception près, quand la face est dirigée en avant, la ligne d'insertion de la tente du cervelet ou le sillon du sinus latéral, ainsi qu'on l'appelle scientifiquement, est à peu près horizontale, et la loge cérébrale surplombe invariablement la loge cérébelleuse ou la dépasse. Chez les singes hurleurs ou mycètes, cette ligne passe obliquement en haut et en arrière, et la portion du cerveau qui dépasse le cervelet est à peu près nulle; chez les lémuriens et chez les mammifères inférieurs, cette ligne est beaucoup plus enclavée dans la même direction, et la loge cérébelleuse s'étend en arrière beaucoup au delà de la loge cérébrale.

Quand les plus graves erreurs peuvent être avancées avec assurance sur des questions aussi facilement solubles que celle qui concerne les lobes postérieurs, on ne doit. pas être surpris qu'à l'égard d'observations d'un caractère peu complexe, mais qui néanmoins réclament une certaine somme d'attention, on se trouve dans des conditions encore plus mauvaises. Celui qui ne peut voir le lobe postérieur du cerveau d'un singe ne donnera pas, vraisemblablement, une opinion valable en ce qui touche la corne

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