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Pacifique où reparaissent, dans le continent australien et dans les îles adjacentes, le crâne oblong, les mâchoires saillantes, la peau noire. Toutefois, à d'autres égards, ce type s'éloigne tellement du nègre, que quelques ethnologistes lui assignent le nom spécial de négritos ou négroïdes.

Le crâne australien est remarquable par son étroitesse et par l'épaisseur de ses parois, spécialement dans la région des arcades sourcilières, laquelle est massive fréquemment, quoique non constamment, dans toute son épaisseur, les sinus subissant un arrêt de développement. En outre, la dépression nasale est extrêmement brusque, en sorte que les arcades surplombent, et donnent à la contenance, une expression particulièrement basse et menaçante. La région occipitale du crâne est quelquefois moins proéminente, à ce point que non-seulement elle ne s'avance pas au delà d'une ligne abaissée perpendiculairement à l'extrémité postérieure de la ligne glabello-occipitale, mais même, dans quelques cas, elle s'incline presque tout de suite vers la région antérieure. En raison de cette circonstance, les parties occipitales qui sont au-dessus et au-dessous de la protubérance forment entre elles un angle beaucoup plus aigu que d'ordinaire; d'où il suit que la partie postérieure de la base du crâne semble être obliquement tronquée. Beaucoup de crânes australiens ont une hauteur considérable, tout à fait égale à la hauteur moyenne des crânes de toute autre race; mais il en est d'autres chez qui, tandis que la voûte du crâne se déprime remarquablement, il se produit une élongation telle que probablement la capacité n'est point diminuéc. Le plus grand nombre des crânes qui possèdent ces caractères que j'ai pu constater, proviennent du voisinage de Port-Adélaïde, dans le sud de l'Australie et servaient aux indigènes pour leurs provisions d'eau; à ce dessein, la face avait été brisée et une corde avait été passée à travers

la cavité orbitaire d'une part et le trou occipital de l'autre, en sorte que le crâne était suspendu par la plus grande partie de sa base.

La figure 31 représente le tracé d'un crâne de ce genre, muni de sa mâchoire et provenant de Western-Port; le

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FiG 54.

- Crâne australien de Western-Port, provenant du musée du collége des chirurgiens de Londres, avec le tracé du crâne de Neanderthal, tous deux réduits au tiers de la grandeur naturelle.

tracé noir représente le crâne de Neanderthal, et tous deux sont réduits au tiers de la grandeur naturelle. On remarquera qu'il suffirait d'aplatir et d'allonger quelque peu le crâne australien en augmentant dans la même proportion les arcades sourcilières, pour le transformer en une forme identique à celle du fossile de Neanderthal, égaré parmi nous (1).

(1) M. Faudel a récemment décrit des ossements humains trouvés dans le lehm de la vallée du Rhin à Eguisheim, près de Colmar (Bull. de la soc. géol. Janvier 1867), associés à une molaire de Mammouth (E. primigenius) et à d'autres ossements de mammifères fossiles. Les os humains et ceux des mam

Et maintenant, revenons aux crânes fossiles et au rang qu'ils occupent parmi les variétés modernes des conformations crâniennes, si toutefois ils peuvent prendre place parmi elle. En premier lieu, je dois faire remarquer que, ainsi que le professeur Schmerling l'a bien observé (voy. p. 265) dans ses commentaires sur le crâne d'Engis, - tout jugement solide sur les problèmes que les crânes soulèvent, est grandement ébranlé par l'absence des mâchoires inférieures des deux crânes en question, de sorte qu'il n'y a aucun moyen de décider avec certitude, s'ils sont plus ou moins prognathes que les races contemporaines inférieures du genre humain. Et cependant nous l'avons vu, c'est plutôt sous ce rapport que sous aucun autre, que les crânes humains s'éloignent ou se rapprochent du type bestial. Le

mifères offraient les mêmes caractères physico-chimiques. Nous donnons ici (d'après les Bulletins de la soc. d'anthrop., 1867, p. 150) le tracé en profil du crâne de Neanderthal et de celui d'Eguisheim, on verra que le tracé du second est encore plus déprimé que celui du premier.

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FIG. 55. Comparaison du crâne de Neanderthal et de celui d'Eguisheim.

Les crânes qui offrent un caractère analogue et qui sont d'une authenticité paléontologique incontestable sont maintenant assez nombreux. (Trad.)

crâne d'un Européen d'une dolichocéphalie moyenne, diffère beaucoup moins du crâne d'un nègre, par exemple, que n'en diffère sa mâchoire. C'est pourquoi, en l'absence des mâchoires, les opinions avancées sur les rapports des crânes fossiles avec les races modernes, doivent n'être admises qu'avec certaines réserves.

Prenant donc les témoignages tels qu'ils sont réellement, je dois avouer d'abord en ce qui concerne le crâne d'Engis, que je ne vois dans ses débris aucun caractère qui, s'il était d'origine récente, pourrait me mettre sur la voie de la race à laquelle il appartient; son contour et ses mesures s'accordent parfaitement bien avec ceux de quelques crânes australiens que j'ai examinés. Il a parfaitement cette tendance à l'aplatissement de l'occiput si remarquable dans quelques crânes australiens dont j'ai parlé. Mais tous les crânes australiens ne présentent pas cet aplatissement et l'arcade sourcilière du crâne d'Engis est tout à fait différente de celle des types australiens.

D'un autre côté ses mesures concordent également bien avec celles de quelques crânes européens. Assurément d'ailleurs aucune partie de sa structure n'offre la moindre trace de dégradation. C'est là, en effet, un crâne humain d'une bonne moyenne qui peut avoir appartenu à un philosophe, ou peut tout aussi bien avoir contenu le cerveau inculte d'un sauvage (1).

(1) Vogt et Spring ont contesté cette conclusion: le premier après avoir cité cette dernière phrase d'Huxley, ajoute qu'il ne peut adopter sans réserves l'opinion qu'elle exprime. « La longueur excessive, l'étroitesse de ce crâne et sa faible hauteur impliquent une capacité cérébrale relativement faible. Ce n'est que le rapprochement des protubérances frontales qui font paraître le front bombé. Depuis les protubérances frontales jusqu'au point le plus élevé et très-reculé du vertex, la courbure est assez aplatie et les lobes antérieurs du cerveau devaient nécessairement n'être que peu développés. Ces détails se rattachent du reste en grande partie au développement indivi

Autre est le crâne de Neanderthal : sous quelque aspect que nous le considérions, que nous regardions sa dépression dans le sens vertical, l'énorme épaisseur de ses arcades sourcilières, son occiput incliné ou ses sutures écailleuses longues et droites, nous rencontrons partout les caractères simiens qui le marquent de leur empreinte comme étant la forme la plus pithécoïde qui ait été découverte parmi les crânes humains. Toutefois le professeur Schaafhausen dit que ce crâne, dans sa condition présente, contient 1033,24 centimètres cubes d'eau, ou environ 63 pouces cubes, et comme le crâne tout entier pourrait difficilement avoir contenu une quantité additionnelle d'eau supérieure à 12 pouces cubes, sa capacité peut être estimée à environ 75 pouces cubes (1230 c. cubes), ce qui est la capacité moyenne donnée par Morton pour les Polynésiens et les Hottentots. Cette quantité de substance cérébrale suffirait pour qu'on pût penser que les tendances pithécoïdes indiquées par ce crâne ne s'étendaient pas profondément dans l'organisation, et cette conclusion est appuyée par les

duel de la masse célébrale. Les caractères les plus importants pour l'appréciation de la race résident dans les rapports de la longueur à la largeur et sous ce point de vue le crâne d'Engis est un des plus défavorablement, des plus animalement conformés, un des crânes les plus simiens... S'il faut émettre une opinion qui ne peut, à la vérité, reposer sur de nombreuses observations, le crâne d'Engis paraît occuper le milieu entre l'australien et l'esquimau. » (Leç. sur l'homme, p. 389). Spring dit : « Nous considérons comme stériles tous les efforts qu'en tenterait afin d'appliquer à ces très-anciens restes une étiquette moderne. L'homme d'Engis doit être considéré comme une race à part, race troglodyte, ayant pour caractère distinctif, outre le gisement géologique d'être dolichocéphale et orthognathe, etc., pour répéter des indications déjà données, de présenter une faible capacité frontale, des orbites larges, des arcades sourcilières separées peu proéminentes et peu concaves, des dents incisives très-grandes et une stature moyenne; race contemporaine des grands mammifères éteints et ne disposant pour armes et ustensiles que d'instruments de pierre aiguisés par simple cassure, sans avoir connu l'art de les polir. » Loc. cit., p. 14.) (Trad.)

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