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toute raison de croire qu'ils sont restés à ce même état depuis le temps de Mammouth et du Rhinoceros tichorrhinus jusqu'à nos jours, je ne crois pas que l'on dût s'attendre à un autre résultat.

Où donc alors faut-il chercher l'homme primitif? Le plus ancien individu du genre homo sapiens date-t-il des terrains pliocènes ou des miocènes? Est-il encore plus ancien? Les ossements fossiles de quelque singe plus anthropomorphe ou de quelque homme plus simien qu'aucun de ceux qui sont connus attendent-ils dans des couches géologiques les plus vieilles les recherches d'un paléontologiste qui n'a point encore vu le jour?

L'avenir nous l'apprendra. En attendant, disons que si une théorie quelconque de développement progressif se vérifie, nous devrons ajouter de longues périodes aux estimations les plus larges qui aient été données de l'antiquité de l'homme (1).

(1) Les découvertes de M. l'abbé Bourgeois, dont nous parlerons dans l'appendice, rendent éminemment probable la démonstration de l'existence de l'homme à l'époque miocène. Mais, puisque cette expression se rencontre, faisons remarquer qu'en définitive, les termes éocène, miocène et pliocène ne désignent en aucune façon des périodes tranchées dans l'histoire de la terre; on se rappelle que ces termes ont été appliqués par Lyell aux formations tertiaires, au point de vue exclusif de la paléo-conchyliologie. Les couches sont dites éocènes quand elles renferment une petite proportion de mollusques dont les espèces sont encore vivantes; miocènes, quand la proportion atteint 17 pour 100; et pliocènes, quand elle monte de 35 à 95 pour 100. Jamais les vices d'une nomenclature tout arbitraire, ne se montrèrent plus fâcheusement; à cette heure, elle n'offre plus aucun rapport étymologique exact, non plus que les termes post-pliocène, pleiostène, etc. Il serait grand temps de renoncer à ces dénominations toutes fictives. La période tertiaire offre plus qu'aucune autre peut-être, une assez grande uniformité; ni la faune ni la flore tertiaires ne contredisent la possibilité de l'existence de l'homme à ses dates les plus anciennes et jusqu'au moment où une grande partie de notre hémisphère s'est recouverte de glaces; les documents exhumés par M. Bourgeois et les remarques de M. Martins, sur les traces préglaciaires de

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FIG. 61.

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FIG. 58. Tête FIG. 59. Vue de face

FIG. 57. Tête de lance emmanchée en obsidienne (Nouv.-Calédonie). de lance en silex (alluvions de la vallée de la Somme). d'un grattoir en lydite monté sur un manche d'ivoire (Esquimaux). FIG. 60. Vuc de profil du même grattoir en lydite, monté sur un manche d'ivoire (Esquimaux). FIG. 61. Grattoir en silex (vallée de la Somme). - FIG. 62. Grattoir en silex (vallée de la Somme). FIG. 63. Hache polie en diorite (Indes anglaises).. FIG. 64. Hache polie en diorite (Angleterre). FIG. 65. Hache polie en diorite (Amérique du Sud). - FIG. 66. Hache polie en basalte (France). FIG. 67. Hache polie en diorite, montée sur bois (îles Solomon du Pacifique).

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l'homme n'ont donc fait que confirmer une notion vraisemblable. Quant à la période glaciaire, son influence destructive n'a pas été absolue; la vie n'a point été anéantie sur notre hémisphère; bien des espèces ont survécu dans tous les genres qui ont de nouveau peuplé le sol après la retraite des glaciers, dont la fusion a été l'un des principaux agents de la configuration actuelle du sol. Toutes ces périodes ont été excessivement longues, tellement qu'il est impossible de les évaluer par les mesures ordinaires de temps. Quant à la période quaternaire, on a tenté diverses applications approximatives. Le Dr Dowler a évalué l'âge des ossements humains découverts dans les tourbières de la Louisiane, où l'on a pu constater onze couches successives de forêts de cyprès et de chênes dont la durée totale, calculée d'après l'âge des troncs les plus vieux, doit être, au minimum, de cent cinquante-huit mille ans. A cinq mètres de profondeur, sous les racines d'un cyprès appartenant à la quatrième couche inférieure, on a trouvé du charbon de bois, un squelette humain dont la date établie d'après le calcul indiqué plus haut est au minimum de cinquante-sept mille six cents ans; Lyell a déterminé par le calcul du temps nécessaire au dépôt des alluvions, que d'après les plus basses estimations la formation du delta du Mississipi a demandé cent mille ans; or, Natchez, Dickeson a trouvé un os pelvien humain associé au mastodonte, et au megalonyx, dans un loss ancien que Lyell a démontré être de formation antérieure au delta du Mississipi, et postérieure aux alluvions de la vallée de la Somme (L'ancienneté de l'homme, etc. p. 210). Les calculs de M. Morlot, fondés sur l'accroissement du cône formé par les matériaux transportés par le torrent de la Tinière, donnent, pour la formation de cette éminence environ cent siècles; or, les débris humains les plus anciens que nous offre le cône de la Tinière, paraissent appartenir à l'âge de pierre le plus récent et remonter à une antiquité de cinq à sept mille ans.

Mais un autre cône au-dessus de celui de la Tinière, et qui appartient aux alluvions quaternaires, a, par les mêmes calculs, au moins mille siècles. Par des calculs analogues, M. Gillieron attribue une antiquité de six à sept mille ans à l'époque des habitations lacustres de l'âge de la pierre polie. Mais, dans la vallée du Nil, Horner a trouvé à la profondeur de 13 mètres un vase en poterie de terre; ce qui, d'après des évaluations discutables sur l'épaisseur annuelle des sédiments, donnerait une antiquité de près de douze mille ans. Linant-bey a trouvé un fragment de brique rouge qui avait été enfoui à une époque fixée des calculs semblables, à trente mille ans. On voit, par par liste de tentatives que nous pourrions de beaucoup allonger, que la chronologie paléontologique est loin d'être uniforme. Si l'on passe aux formations tertiaires, les évaluations deviennent énormes. En sorte que les partisans de la transformation des espèces ne peuvent être gênés d'aucun côté par le temps, qui, dans cette question, « fait tout à l'affaire. » Quoi qu'il en soit, la chronologie préhistorique est un problème qui se présente avec tous les caractères que réclame la méthode positive. On peut donc en espérer la solution. (Trad.)

cette

APPENDICE

ANALYSE DES TRAVAUX ANTHROPOLOGIQUES

DU

CONGRÈS INTERNATIONAL PALÉO-ANTHROPOLOGIQUE

TENU A PARIS DU 19 AU 30 AOUT 1867

En 1865, quelques naturalistes réunis à la Spezzia jetèrent les bases d'une réunion annuelle internationale dont l'objet devait être l'étude des questions ressortissant aux époques préhistoriques. L'année suivante, la réunion tint ses séances à Neuchâtel sous la présidence de M. Desor et se sépara en adoptant Paris pour lieu de réunion en août 1867. Un comité fut nommé pour déternina les questions qui devaient êtres mises à l'ordre du jour et, dès ce moment, la réunion prit le titre de Congrès international d'anthropologie et d'archéologie préhistoriques. M. Ed. Lartet en accepta la présidence et M. de Mortillet, le savant promoteur de la réunion de la Spezzia, les fonctions de secrétaire général. Près de 400 savants répondirent à l'appel de notre confrère, et l'on peut avoir une idée de l'intérêt qu'ils prirent à ces travaux si l'on sait que la dernière séance, consécutive à treize réunions antérieures tenues durant les chaleurs les plus intenses du mois d'août, ne se termina que vers le milieu de la nuit, laissant les esprits, selon une expression célèbre, plus fatigués que rassasiés.

HUXLEY.

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