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depuis longtemps déclarés en ma faveur. Il n'est pas jusqu'au léger doute que j'ai élevé au sujet de l'absence prétendue du corps calleux dans les mammifères inférieurs (p. 226) qui n'ait reçu sa justification complète des admirables recherches de M. Flower (1), qui établissent l'existence du corps calleux chez tous les mammifères.

Quant à la main et au pied, les seules objections importantes aux vues que j'ai émises, sont venues du regrettable Gratiolet et du professeur Lucæ. Ce dernier a été, à mon avis, complétement réfuté par M. Mivart, dans un laborieux mémoire sur les Appendices du squelette des primates (2), quant au premier, je dirai seulement que je ne puis bien saisir la portée de ses raisonnements.

En fait, le long fléchisseur du pouce, au sujet duquel on a tant écrit, existe chez le chimpanzé, (quoique peut-être il n'y existe pas constamment) et se montre, bien développé, chez l'hylobates.

En résumé, je tiens maintenant pour démontré que les différences anatomiques du ouistiti et du chimpanzé sont beaucoup plus grandes que celles du chimpanzé et de l'homme. De sorte que si des causes naturelles quelconques ont suffi pour faire évoluer (to evolue) un même type souche, ici en ouis

(1) Flower, Philosophical Transactions.

(2) Mivart, Philosophical Transactions. 1867.

titi, là en chimpanzé, ces mêmes causes ont été suffisantes pour, de la même souche, faire évoluer (to evolue) l'homme.

Quant à la question de savoir si les causes naturelles peuvent ou non produire ces transformations, je ne m'en mêle pas, satisfait de la laisser aux mains puissantes de M. Darwin.

Ayant ainsi fait la part aux critiques de mes adversaires, un mot ou deux maintenant en réplique à celles qui me viennent de régions amies.

Mon excellent traducteur, par exemple, est l'un des nombreux écrivains qui ont blâmé (p. 252) l'usage des mots abîme et gouffre, quand je parlais des différences qui existent entre l'homme et les singes. Mais ces mots rendent exactement ce que je dois en comprendre.

Il m'arriva un jour de séjourner durant de nombreuses heures, seul, et non sans anxiété, au sommet des Grands-Mulets. Quand je regardais à mes pieds le village de Chamounix, il me semblait qu'il gisait au fond d'un prodigieux abîme ou gouffre. Au point de vue pratique, le gouffre était immense, car je ne connaissais pas le chemin de la descente et si j'avais tenté de le retrouver seul, je me serais infailliblement perdu dans les crevasses du glacier des Bossons; néanmoins je savais parfaitement que le gouffre qui me séparait de Chamounix, quoique dans la pratique infini, avait été traversé des centaines de fois par ceux

qui connaissaient le chemin et possédaient des secours spéciaux.

Le sentiment que j'éprouvais alors me revient quand je considère côte à côte un homme et un singe; qu'il y ait ou qu'il y ait eu une route de l'un à l'autre, j'en suis sûr. Mais maintenant, la distance entre les deux est tout à fait celle d'un abîme (plainly abysmal), et, pour mon compte, j'aime mieux reconnaître ce fait aussi bien que l'ignorance où je suis du sentier, plutôt que de me laisser choir dans une des crevasses creusées aux pieds de ces chercheurs impatients, qui ne veulent pas attendre la direction d'une science plus avancée que celle du temps présent.

J. TH. HUXLEY.

London, Geological Museum, Jermyn street.

15 novembre 1867.

CETTE TRADUCTION EST DÉDIÉE

A

M. P. BROCA

PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE, ETC.

TÉMOIGNAGE AFFECTUEUX

COMMEMORATIF

DU SERVICE QU'IL A RENDU A LA SCIENCE

EN INSTITUANT

LA SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS

(1859)

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