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INTRODUCTION

« Les ouvrages dans lesquels on rencontre quelques remarques «relatives à l'action des Géants, les écrits mêmes qui ont été publiés « ex professo sur ce sujet, étaient déjà, il y a plus de deux siècles, « en nombre très considérable; et, depuis cette époque, les auteurs « n'ont cessé d'en augmenter presque chaque année la longue liste. « Aussi, en jugeant du résultat obtenu par les efforts qui l'ont produit, on n'hésiterait pas à prononcer que la science doit posséder depuis longtemps tous les éléments d'un travail complet « sur les géants et qu'il ne reste plus maintenant qu'à recueillir quelques faits isolés et, pour ainsi dire, à glaner sur les pas des « anciens auteurs. Il n'en est rien cependant....

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Ces lignes d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire ('), qui datent de 1852, expriment toujours la vérité une étude synthétique du gigantisme n'a pas encore été ébauchée. De même, Quételet, en 1871, pouvait écrire : « L'incurie au sujet des Géants et des Nains « a été telle qu'aucun naturaliste n'a pris soin, jusqu'à présent, de «mesurer et de comparer attentivement les proportions relatives de ̧« ceux qu'il a été à même d'observer - » (2).

Une semblable assertion ne peut plus être admise aujourd'hui, du moins en ce qui concerne les Nains. Dans ces dernières années, nos connaissances sur ces dystrophiés de la nature ont été remarquablement précisées par une série de travaux, publiés pour la plupart dans la Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière. C'est ainsi que, dans l'ancien groupe chaotique des sujets

(1) Isidore GeOFFROY SAINT-HILAIRE, Histoire générale et particulière des anomalies de l'organisme chez les hommes et chez les animaux, ouvrage comprenant les recherches sur les caractères, la classification, l'influence physiologique et pathologique, les rapports généraux, les lois et les causes des monstruosités ou Traité de Tératologie. Faris, 1852, t. I, p. 168. (*) QUÉtelet, Anthropométrie, p. 30ź, 1871,

LAUNOIS ET ROY.

de petite taille, nous avons appris successivement à distinguer les Nains rachitiques, les Nains hérédo-syphilitiques, les Nains my.rædémateux, les Nains achondroplasiques, pour ne citer que les types les mieux caractérisés.

Si les notions que nous possédons sur les Géants sont beaucoup plus restreintes, cela tient à plusieurs causes, et, avant tout, à la moindre richesse en documents iconographiques ou artistiques: les Nains historiques étaient choyés par le seigneur et admis autour de sa table, sinon pour leur grâce, tout au moins pour leur esprit et leurs grimaces, tandis que les Géants demeuraient à la porte, destinés à en imposer seulement par leur haute stature.

Mais l'étude des Géants, comme celle des Nains, jadis objet de la curiosité commune, tend à relever désormais et uniquement des sciences biologiques et anthropologiques. De plus, sous l'influence des travaux de Langer ('), Taruffi (2), Cunningham (*), Dana ('), Woods Hutchinson ("), Sternberg (*), Brissaud et Meige (7), etc., cette étude est entrée dans une phase véritablement médicale. La littérature gigantologique, jadis riche surtout de souvenirs bibliques, mythologiques ou fabuleux, s'est peu à peu accrue d'un grand nombre de documents précis, de faits rigoureusement observés, et ainsi s'est trouvé comblé le vœu formulé par Topinard (*) : « Tout Géant demande qu'il soit dressé de lui une observation complète, comme on fait en médecine ». Malgré l'abondance des travaux publiés dans ces dernières

(1) LANGER, Wachsthum des menschlichen Skelettes mit Bezug auf den Riesen. Denkschriften der kaiserl. Academie der Wissenschaften in Wien. Mathem. naturw. Classe, Bd. XXXI, 1872.

(*) TARUFFI, Caso della macrosomia. Annali universali di medicina, 1879, t. 247 et 249.

(3) CUNNINGHAM, Transaction of the Royal Irish Academy, 26 janvier 1891, t. XXIX, p. 555.

(*) DANA, The Journal of nervous and mental Diseases, novembre 1893.

(5) WOODS HUTCHINSON, The American Journal of the medical sciences, août 1895, p. 190. New-York medical Journal, 14 juillet 1900.

(6) STERNBERG, Die Akromegalie. Specielle Pathologie und Therapie von Nothnagel, Bd. VII, 2. Theil. Wien, 1897.

(7) BRISSAUD et MEIGE, Gigantisme et acromégalie. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 25 janvier 1895. Nous. Icon. de la Salpêtrière, 1897.

BRISSAUD, Soc. Méd. des Hôpitaux, 15 mai 1896.

H. MEIGE, Sur le gigantisme. Comptes rendus du Congrès de Neurologie de Grenoble, août 1902. Sur le gigantisme. Archives gén. de Méd., octobre 1902,

p. 410.

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($) TOPINARD, Eléments d'Anthropologie Générale, 1885, p. 134.

années, il n'est pas encore possible de faire une étude générale et définitive du gigantisme; il ne nous a pas semblé cependant téméraire, en présence de la diversité des faits, d'établir différents groupements et de distinguer les uns des autres cerlains types nettement caractérisés.

Les observations que nous avons recueillies, les travaux dont elles ont été l'origine ('), seront la justification de notre tentative, que viendra confirmer la lecture des documents que nous avons rassemblés, comme aussi, nous l'espérons, la publication ultérieure de faits rigoureusement observés et scientifiquement interprétés.

(1) P.-E. LAUNOIS et P. ROY, Présentation d'un géant infantile. Soc. de Neur., 6 nov. 1902, et Revue Neurol., 15 nov. 1902. Gigantisme et infantilisme. Nouv. Iconographie de la Salpêtrière, novembre et décembre 1902. Gigantisme, acromégalie et diabète. Autopsie d'un géant acromégalique et diabétique. Société de Neurologie, 15 janvier 1903 et Revue de Neurologie, 30 janvier 1905. Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière, juin-juillet 1903. — Gigantisme et castration. Les modifications du squelette consécutives à l'atrophie testiculaire et à la castration. Société de Pathologie comparée, 9 décembre 1902 et Revue internat. de médecine et chirurgie, décembre 1902. Des relations qui existent entre l'état des glandes génitales mâles et le développement du squelette. Société de Biologie, 10 janvier 1905.— A. DUFRANE, P.-E. LAUNOIS et P. Roy, Les relations du gigantisme et de l'acromégalie expliquées par l'autopsie du géant Constantin. Bull. et Mémoires de la Société méd. des Hôpitaux de Paris, 8 mai 1903. — P.-E. LAUNOIS et P. Roy, Glycosurie et hypophyse. Société de Biologie, 21 mars 1905 et Archives gén. de Méd., 5 mai 1903. – P. Roy, Contribution à l'étude du gigantisme. Thèse de Paris (médaille d'argent), 25 février 1903.

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LIVRE PREMIER

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