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tation de l'énorme jambe de bois qui avait été fabriquée; mais le membre inférieur gauche, dont les lésions s'étaient étendues, s'affaissait, pour ainsi dire, sous le poids du corps.

Après des hésitations assez compréhensibles, le malheureux, qui dépérissait de jour en jour, consentit à une seconde amputation. Le 7 mars 1902, le genou gauche fut désarticulé par le procédé de CHALOT. Les suites opératoires furent satisfaisantes pendant les premiers jours; mais le malade, fort indocile, dérangea son pansement et infecta sa plaie. Une partie du lambeau se sphacéla et la fièvre apparut.

Le 26 mars, des douleurs éclatèrent un peu partout; elles atteignirent leur maximum au niveau des articulations; la respiration s'embarrassa, la toux s'accompagna d'une abondante expectoration muco-purulente. En proie à une véritable septicémie, l'opéré succomba le 30 mars.

L'autopsie fit découvrir les lésions habituelles de l'infection purulente: les diverses articulations, plus particulièrement celles du poignet et de l'épaule gauches, étaient remplies de pus. Les bases des poumons étaient gorgées de sang et laissaient sourdre du muco-pus en abondance. Les deux sommets étaient farcis de tubercules, dont quelquesuns en voie de ramollissement.

On constata aussi un gigantisme viscéral marqué (cœur et foie en particulier) et par contre une atrophie notable des testicules, qui n'étaient représentés que par deux petites masses du volume d'un haricot.

Mais de toutes les modifications observées la plus intéressante fut, sans contredit, l'énorme développement de la glande pituitaire, dont les dimensions dépassaient celles d'une noix. La selle turcique, qui la logeait, était tellement large et profonde, qu'après avoir enlevé les hémisphères cérébraux et le cervelet, on eût pu croire à l'existence de deux canaux rachidiens juxtaposés.

Si nous ne pouvons apporter aujourd'hui les résultats fournis par l'examen des coupes microscopiques de la tumeur hypophysaire, examen qui a été confié au professeur LEMAIRE, de Louvain, du moins il est facile, par l'examen de la base du crâne, d'apprécier les dimensions considérables qu'elle avait acquises. La selle turcique, qui la logeait, présente les dimensions suivantes :

Diamètre antéro-postérieur..

Diamètre transversal (y compris les deux cavi-
tés accessoires symétriques)

Profondeur. .

30 millimètres.

8 88

30

1o Le crâne de CONSTANTIN, en raison même de l'énormité de ses déformations, peut être pris comme type du crâne acromégalique.

Il en est de même de la face où la saillie des os malaires ne le cède en rien au prognathisme de la mandibule. Ce prognathisme est si accentué qu'un intervalle de trois doigts sépare d'avant en arrière les deux arcades dentaires l'une de l'autre.

2o Chez CONSTANTIN, comme chez les autres géants infantiles, l'inap

LAUNOIS ET ROY.

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pétence sexuelle, qui nous a été signalée par A. DUFRANE, était en rapport avec l'atrophie congénitale des testicules.

3 L'allongement disproportionné des membres inférieurs, déjà visible sur les photographies, est pleinement confirmé par la mensuration de son fémur monstrueux, long de 76 centimètres.

4° Quant à la persistance anormale des cartilages de conjugaison au

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delà du terme habituel de leur ossification qui constitue le trait particulier et caractéristique du gigantisme infantile, elle est, chez le géant CONSTANTIN, beaucoup plus apparente encore que chez le géant CHARLES, qui, le premier, servit de base à nos recherches. En effet, chez ce dernier, la radiographie seule nous avait permis de démontrer la persistance, à l'âge de trente ans, des cartilages interdiaphyso-épiphysaires,

notamment sur le fémur, le tibia, le radius, les métacarpiens et les divers segments phalangiens des doigts, os dont l'ossification se ter

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mine normalement à un âge variant entre dix-huit et vingt-quatre ans. Mais sur les pièces osseuses (fémur, humérus), que nous avons emprun

INFANTILISME.

tées au squelette de CONSTANTIN, il est facile d'observer directement,

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FIG. 89. Le fémur du géant Constantin, comparé avec le fémur d'un adulte normal. (L'épiphyse inférieure vient à peine de se souder à la diaphyse chez le géant.)

soit la soudure récente, soit aussi la non-soudure des diverses parties

constituantes des os. On aperçoit, en effet, sur le fémur les lignes de démarcation bien nettes qui correspondent à la jonction toute récente des deux extrémités supérieure et inférieure au corps de l'os.

Sur l'humerus, la séparation de la tête est encore complète, elle s'est

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FIG. 90.

L'humerus du géant Constantin. (Non-soudure de l'épiphyse supérieure.) faite au cours des différentes manoeuvres nécessitées par la préparation du squelette. Si on considère que le géant CONSTANTIN avait plus de vingt-neuf ans quand il est mort et que la tête humérale se soude au corps de l'os normalement de vingt et un à vingt-cinq ans, chez l'homme, on reconnaîtra que cette absence totale de soudure constitue un retard vraiment remarquable de l'ossification.

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