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Un cercle vu obliquement paraît aplati.

Si plusieurs objets sont en mouvement et un seul tranquille, il paraît se mouvoir en sens opposé.

Si plusieurs corps se meuvent avec des vitesses inégales, et que l'œil soit emporté dans le même sens, les objets qui auront la même vitesse que l'œil paraîtront stationnaires, ceux qui auront une vitesse plus grande, paraîtront avancer; enfin ceux qui auront une vitesse moindre, paraîtront aller en arrière.

Cette proposition assez inutile à l'Astronomie de ce tems, trouve son application quand on fait mouvoir la Terre.

Si l'oeil s'approche de l'objet, l'objet paraît augmenter.

Si plusieurs objets ont un mouvement égal, le plus éloigné paraîtra se mouvoir plus lentement.

Si l'œil avance, les objets éloignés paraîtront rester en arrière. Si un objet parait augmenter, on jugera qu'il s'approche de l'œil. Des objets inégalement éloignés qui ne sont pas en ligne droite, peuvent quelquefois donner l'idée d'une surface concave, quelquefois d'une surface convexe.

L'introduction à cette Optique paraît d'une autre main; on y parle 'de l'auteur à la troisième personne : c'est une espèce d'extrait ou d'abrégé du livre. On y voit énoncé en passant un système de vision que nous trouverons exposé avec plus de détails dans Cléomède, ce qui nous dispense d'en dire ici davantage. On y voit cependant que ce système n'était pas universellement adopté, les philosophes étaient partagés entre cette opinion bizarre et le système qui fait venir les rayons de l'objet à l'œil.

CHAPITRE IV.

Aratus.

APRES Autolycus et Euclide, le poëte Aratus est le plus ancien auteur dont l'ouvrage nous soit parvenu. Son poëme est intitulé les Phénomènes et les Signes ou Prognostics. Ce n'est qu'une paraphrase en vers de deux ouvrages d'Eudoxe qui sont perdus tous les deux, et dont l'un portait aussi le titre de Phénomènes ; l'autre était intitulé le Miroir. Aratus nous a conservé les idées de l'auteur original; mais nous avons sans doute quelque chose à regretter du côté de la précision, de la méthode, des détails et de la nomenclature.

Après une invocation qui n'est pas de notre sujet, Aratus expose la révolution du ciel étoilé autour d'un axe immobile dont les extrémités sont appelées pôles, et qui traverse la terre par le centre. L'un de ces pôles, celui qui est du côté de Borée, s'élève au-dessus de l'Océan ; mais l'autre est invisible en tout tems. Dans le voisinage du premier sont les constellations des deux Ourses, placées de manière que la queue de l'une répond aux épaules de l'autre. Ces constellations s'appellent aussi les deux Chariots; l'une s'appelle encore Hélice, et c'est sur ses étoiles que se dirigent les navigateurs grecs; c'est la plus brillante, la plus facile à reconnaître ; on la distingue dès le commencement de la nuit. L'autre est plus faible, mais d'un meilleur usage pour la navigation, et c'est sur elle que les Phéniciens se dirigent.

Entre les deux Ourses serpente, comme un fleuve, un grand Dragon dont les replis s'étendent jusqu'à l'extrémité de l'une (la petite Ourse, Cynosure ou la queue du Chien), tandis que sa queue atteint à la tête de l'Hélice. Sous les pieds de la Cynosure il revient sur lui-même; deux étoiles brillent sur son front, deux autres dans ses yeux, et une dernière à l'extrémité de sa mâchoire: sa tête est tournée vers la queue de la grande Ourse. Ces trois constellations ne se baignent jamais dans l'Océan, et la tête du Dragon ne fait qu'en raser les eaux.

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Toute cette description s'accorde encore à fort peu près avec nos cartes modernes, et les derniers mots nous serviront à déterminer le parallèle sous lequel vivait Aratus ou plutôt Eudoxe. La hauteur du pôle y devait être de quelques minutes plus forte que la distance polaire de du Dragon. Or, soit à la latitude de l'étoile, L sa longitude au tems pour lequel on calcule, a l'obliquité de l'écliptique, enfin ▲ la distance polaire, nous aurons cos ▲ = cos o sin λ+ sin a cos λ sin L, d'où il est aisé de conclure que 360 ans avant notre ère, la distance polaire de 2 du Dragon devait être de 38° 7′; c'est la distance polaire du cercle arctique, lequel renferme toutes les étoiles qui ne se couchent jamais. C'est la hauteur du pôle que nous cherchons, c'est celle de Samos, celle de Palerme en Sicile; ce n'est pas exactement celle de Cnide, patrie d'Eudoxe, ni celle de Sole en Cilicie, où Aratus était né. Sole et Cnidé devaient voir coucher du Dragon. Cela conviendrait mieux à la Macé. doine, où Aratus a composé son poëme; mais on ne croit pas que jamais il ait observé lui-même.

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Auprès de la tête du Dragon on remarque la figure d'un homme qui paraît dans une situation pénible; on ne sait pas précisément qui ce peut être ni quel est le travail qui l'occupe; on le désigne par les mots γόνασι, ὰ genoux; il a de plus les bras élevés vers le ciel, commé pour en implorer l'assistance. (C'est Hercule; nos cartes modernes lui mettent dans une main sa massue, de l'autre il tient un rameau entre les feuilles duquel on voit trois serpens qu'on nomme Cerbère, ce qui a tout-à-fait dénaturé cette figure, dont l'expression est devenue fort équivoque; elle est loin d'indiquer un travail pénible ou une situation douloureuse. Les parties en sont incohérentes; on ne voit aucun rapport entre ce genou ployé, cette massue levée dans la main droite et la gauche qui a l'air de présenter un rameau et des serpens qu'elle tient par la queue). Au dos de cette figure on aperçoit la Couronne; la tête d'Hercule est voisine de celle d'Ophiuchus (le Serpentaire ou l'homme qui tient un serpent). Cette dernière figure est remarquable par les étoiles qui brillent à ses épaules, et qu'on aperçoit même dans la pleine Lune (les étoiles de l'épaule la plus visible ne sont que de la troisième grandeur, celles de l'autre ne sont que de quatrième et de cinquième); ses mains ne sont pas aussi brillantes; on les voit pourtant encore. (Il semble qu'en décrivant le Serpentaire, Aratus n'avait pas la constellation sous les yeux. Les mains sont comme les épaules; à l'une on voit deux étoiles de troisième grandeur et à l'autre une étoile de quatrième et une de cinquième.) Ces mains serrent le ser

pent, qui s'étend de part et d'autre, et les pieds foulent le grand Monstre (le Scorpion. On ne voit pas bien pourquoi on a fait le Scorpion si grand. Porrigit in spatium signorum membra duorum.... elatæ metuendus acumine caudæ, ont dit les poëtes. Aujourd'hui on ne met communément qu'un pied d'Ophiuchus sur le dos du Scorpion, l'autre est audessus de la queue, mais à une distance sensible). Vers la main droite le Serpent est peu brillant; il l'est davantage vers la gauche, et sa tête est voisine de la Couronne. (Cette figure d'un homme qui tient entre les deux mains écartées un énorme serpent, est une des conceptions les plus simples et les plus heureuses qu'offrent les cartes célestes pour joindre une multitude d'étoiles; les dragons, les serpens, les hydres et les fleuves sont, à cet égard, ce qu'on pouvait imaginer de plus commode; aussi en voit-on dans toutes les parties du ciel.)

Sous le ventre du Serpent cherchez les grandes Serres (les serres du Scorpion, ou la Balance), qui ne sont pas d'une lumière bien vive (elles ont pourtant deux étoiles de seconde grandeur; Ophiucus n'en a qu'une aussi bien que le Serpent). Derrière la grande Ourse on en voit le gardien Arctophylax, ou le Bouvier, qui a l'air de la chasser devant lui. (Dans nos cartes modernes il a bien plutôt l'air de lui tourner le dos, et on lui fait tenir en laisse deux chiens de chasse, ensorte qu'il n'a plus l'air de s'occuper de l'Ourse.) On l'appelle le Bouvier, parce qu'il semble toucher au grand Chariot; il est aisé à reconnaître, surtout à la belle étoile qu'il a au-dessous de la ceinture, c'est-à-dire Arcturus. Sous ses pieds vous voyez la Vierge et son brillant épi. A l'aile droite de la Vierge est une étoile qui annonce la vendange (πроτpvynτǹs, vindemiatrix, ε my). Cette étoile est comparable en grandeur à celle qui est à la queue de la grande Ourse. Cette dernière constellation a des étoiles très-remarquables, celles des pieds, de l'épaule, des reins et de la queue; les autres n'ont pas été jugées dignes de recevoir des noms particuliers. Il y a ici de l'exagération; la Vendangeuse est de troisième grandeur, les étoiles de l'Ourse sont de seconde et de première. Il y a d'ailleurs quelque confusion; on ne sait parfois si l'auteur parle de l'Ourse ou de la Vierge; on a même cru qu'il parlait de la petite Ourse. On ne voit pas qu'il revienne à la Vierge, qui a six étoiles formant une équerre très-remarquable. Nous omettons ici quelques traits mythologiques concernant Astrée, qui a quitté le séjour des mortels à cause de leurs vices: ce morceau passe pour l'un des plus agréables du poëme.

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Vers sa tête (celle de l'Ourse) sont les Gémeaux, sous son ventre

l'Écrevisse et sous ses pieds le Lion, dont les étoiles brillantes indiquent le solstice. Remarquons ici que le solstice n'est pas expressément nommé. Aratus se contente de dire θερείταταί εισι κέλευθοι (le chemin le plus d'été, c'est-à-dire les jours les plus chauds, suivant le scholiaste, qui se demande si ces mots ne se rapporteraient pas aux trois dernières constellations que le poëte a nommées).

Quand le Soleil commence à marcher avec le Lion, c'est alors que les champs sont vides d'épis, c'est alors que les vents étésiens se précipitent en foule vers la mer, c'est alors qu'on ne navigue plus à la rame, qu'il faut des vaisseaux larges, et que le pilote est obligé de consulter le vent.

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Voulez-vous connaître le Cocher, la Chèvre et les Chevreaux, cherchez-les à la gauche des Gémeaux, à l'opposite de la tête de l'Ourse. A l'épaule du Cocher est la Chèvre sacrée qui a nourri Jupiter; on l'appelle Olénie (c'est-à-dire portée sur les bras, wλévn, ulna) : elle est belle et brillante. Vers la main du Cocher vous verrez les Chevreaux, qui sont beaucoup plus faibles. Aux pieds du Cocher sont les cornes du Taureau, dont la tête est marquée par des étoiles qui en dessinent la figure (les Hyades, ainsi nommées parce qu'elles ont la forme d'un v): l'étoile qui marque l'une des cornes est en même tems l'un des pieds du Cocher. Le Taureau, qui se lève en même tems que le Cocher, se couche avant lui. (C'est un effet de la distance polaire, qui est plus grande, d'où il suit que l'arc diurne doit être plus petit.)

Céphée est derrière la Cynosure; il étend les deux bras; la queue de la petite Ourse va de l'un à l'autre de ses pieds; il a sa ceinture dans le voisinage du premier pli du Dragon (ce pli est aujourd'hui le second). Avant lui tourne Cassiopée, qui ne se voit pas parfaitement au tems de la pleine Lune les étoiles qui la composent ont la figure d'une clé (ancienne). Ses bras sont élevés au-dessus de ses épaules, elle semble déplorer le sort de sa fille Andromède, placée au-dessous d'elle. Vous reconnaîtrez celle-ci aux étoiles de la tête, des épaules, des pieds et de la ceinture; elle a les bras étendus et retenus par des chaînes. Sous sa tête est le cheval Pégase : ces deux figures ont même une étoile commune. Le Cheval n'est visible qu'à moitié. Les mouvemens du Cheval sont rapides ainsi que ceux du Bélier (car ils sont voisins de l'équateur; leurs parallèles ne diffèrent guère d'un grand cercle).

Le Bélier est difficile à reconnaître (il a pourtant deux étoiles fort voisines, l'une de seconde et l'autre de troisième grandeur, et qui se

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