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ÉPIGRAMME

Sur la réconciliation de l'auteur et de Perrault.

Tout le trouble poétique

A Paris s'en va cesser;
Perrault l'anti-pindarique
Et Despréaux l'homérique
Consentent de s'embrasser.

Quelque aigreur qui les anime,

Quand, malgré l'emportement,

le 5 octobre : « Je ne vois pas que le détail des circonstances de la « mort de M. Arnauld, ni le lieu de sa sépulture puissent faire tort « ni à lui ni à personne. On est bien aise d'apprendre tout ce qui « regarde les grands hommes ; et vous donneriez par là l'intelligence « entière des plus beaux vers que M. Despréaux ait jamais faits [a]. » Suivant la Biographie universelle, Arnauld fut enterré à Bruxelles dans le chœur de la paroisse Sainte-Catherine. On a peine à concilier les vers de Despréaux avec une note qui se lit dans les œuvres de Racine. La voici : « On permit que son cœur fùt apporté à PortRoyal, comme il l'avoit desiré. La cérémonie eut lieu sur la fin de «< cette même année ( 1694). Peu de personnes osèrent s'y montrer; « des parents même s'en excusèrent. Racine, qui ne fut jamais cour«tisan aux dépens de ses principes ni de ses sentiments, acquitta, << sans balancer, ce dernier devoir envers la cendre de son vertueux << ami. Ce fut alors qu'il composa cette pièce et la suivante [b]. (Tome V, page 360, 1816.) Si cette note est exacte, il faut conclure de l'indignation avec laquelle s'exprime Despréaux, que l'autorité exigea que la cérémonie se fit avec un grand mystère, pour qu'elle fût ignorée des adversaires d'Arnauld. Voy. sur ce dernier le tome IV, page 256, note b.

[a] Ibidem, page 213.

[b] Ce sont dix vers pour le portrait d'Arnauld et huit pour son épitaphe.

Comme eux l'un l'autre on s'estime,

L'accord se fait aisément.

Mon embarras est comment

On pourra finir la guerre

De Pradon et du parterre [a].

AUTRE

Contre Boyer [b] et La Chapelle [c].

J'approuve que chez vous, messieurs, on examine
Qui du pompeux Corneille ou du tendre Racine
Excita dans Paris plus d'applaudissements.
Mais je voudrois qu'on cherchât tout d'un temps
(La question n'est pas moins belle),
Qui du fade Boyer ou du sec La Chapelle
Excita plus de sifflements [d].

[a] Tous les éditeurs répètent, d'après Brossette, que cette épigramme fut faite en 1699. C'est une erreur, puisque Pradon mourut en 1698. D'ailleurs Despréaux dit l'avoir composée peu de temps après sa réconciliation, qui eut lieu en 1694. Voyez sa lettre écrite à Perrault en 1700, tome IV, page 376.

[6] Voir sur Boyer l'Art Poétique, chant IV, page 281, note 1. [c] Jean de La Chapelle, né à Bourges en 1655, mort à Paris en 1723, fut receveur-général des finances à La Rochelle, négociateur, secrétaire des commandements du Prince de Conti. Il composa plusieurs tragédies, entre autres Cléopâtre, dans lesquelles il eut l'adresse de ménager des rôles propres à faire briller les talents du célèbre Baron. Chapelle craignoit qu'on ne le confondit avec La Chapelle, qui est aussi l'auteur de deux romans historiques, intitulés: Les Amours de Catulle et les Amours de Tibulle. On connoît l'épigramme que Chaulieu fit à ce sujet.

[d] Brossette n'a point inséré cette épigramme dans son édition,

ÉPITAPHE.

Ci gît, justement regretté,

Un savant homme sans science,

sans doute parceque celui qui en est l'objet vivoit encore. Il en avoit connoissance, puisqu'il l'envoie à Racine le fils. « Peut-être, <«<lui écrit-il en parlant de Despréaux, ne savez-vous pas une épi<«<gramme qu'il fit, lorsque l'académie françoise forma le projet « d'un examen sur Corneille et sur M. votre père [a]. » Dans cette copie, le quatrième vers est le seul qui ne soit pas conforme à celle que nous suivons. Le voici :

Mais recherchez en même temps, etc.

Suivant Saint-Marc, cette épigramme fut insérée, pour la première fois, dans l'édition de 1735. Il faut qu'elle ne soit pas dans tous les exemplaires : nous l'avons vainement cherchée dans celui que nous possédons. On la rencontre dans les œuvres de Chaulieu, in-8°, 1774, tome 2, page 275; mais on n'y a conservé que le second et l'avant-dernier vers; tous les autres sont différents.

Le Segraisiana nous offre l'anecdote suivante: «Despréaux vient « de faire une épigramme contre M. de La Chapelle, qui ne l'a pas « loué dans une harangue qu'il a prononcée, etc. [b]. » Sans admettre ni rejeter ce motif, d'Alembert pense qu'il s'agit du discours de réception de ce dernier [c]. C'est une méprise : il est évident que l'on a voulu parler de la réponse qu'en sa qualité de directeur il fit à Valincour, lorsqu'il le reçut à la place de Racine, le 27 juin 1699. En effet, le récipiendaire saisit cette occasion de louer dignement l'ami de son illustre prédécesseur, et La Chapelle semble avoir affecté de garder un profond silence sur ce méme ami.

[a] Lettres de Rousseau sur différents sujets de littérature, t. III, p. 317. lettre du premier mars 1741.

[b] Segraisiana, petit in-12, 1755, page 159.

[c] Eloge de La Chapelle, par d'Alembert.

Un gentilhomme sans naissance,

Un très bon homme sans bonté (1).

(1) Cette pièce n'est bonne que pour ceux qui ont connu particulièrement celui dont elle parle. ( Brossette.) * Ce qui fait dire à SaintMarc : « Ce n'étoit donc pas la peine de la faire imprimer.

"

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Jean-Baptiste Rousseau lève tous les doutes, dans ses remarques sur le commentaire de Brossette: « C'est, écrit-il à ce dernier, l'épitaphe de M. de Gourville, qui est parfaitement représenté dans « ces quatre vers. Il ne savoit rien, et parloit de tout avec esprit. Il « étoit de très basse naissance, et avoit des manières fort nobles. <« Il faisoit accueil à tout le monde, et n'aimoit personne [a]. »

Louis Racine confirme ce témoignage, sans toutefois se permettre d'applaudir à la ressemblance d'un portrait dont il n'avoit pu connoître l'original. Voici ses expressions: « L'épitaphe bonne ou mauvaise, qui se trouve parmi ses épigrammes (de Despréaux), et sur pu

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« laquelle ses commentateurs n'ont rien dit, parcequ'ils n'ont « l'entendre, fut faite sur M. de Gourville. [b]. »

D'Alembert perd de vue les autorités que nous citons, lorsqu'à l'égard de cette épitaphe il s'épuise, sur celui qui en est l'objet, en conjectures dépourvues de vraisemblance [c].

Jean Hérauld de Gourville, né à La Rochefoucauld en 1625, mort à Paris en 1703, avoit des qualités aimables et solides, qui lui firent pardonner une grande fortune trop rapidement acquise, pour l'avoir été d'une manière bien légitime. Enveloppé dans la disgrace du surintendant Fouquet, il sortit de France. Son habileté étoit si reconnue, que Louis XIV l'employoit près des cours étrangères, dans le temps où Colbert le poursuivoit comme un concussionnaire. Ce ne fut qu'en 1681 qu'il obtint des lettres de grace. Il a laissé des mémoires, publiés en 1724, dont Voltaire parle trèsconvenablement, ainsi que de l'auteur, dans son Siècle de Louis XIV.

[a] Lettres de Rousseau sur différents sujets de littérature, t. II, p. 188, lettre du 13 août 1717.

[b] Mémoires sur la vie de Jean Racine, in-8°, 1808, page 77. [c] Note première sur l'éloge de Despréaux.

VERS

Sur un portrait de l'auteur.

Ne cherchez point comment s'appelle
L'écrivain peint dans ce tableau:
A l'air dont il regarde et montre la Pucelle,
Qui ne reconnoîtroit Boileau [a]?

AUX RÉVÉRENDS PÈRES JESUITES,

Auteurs du journal de Trévoux.

Mes révérends Pères en Dieu (1),

Et mes confrères en satire,

Dans vos écrits, en plus d'un lieu,

Je vois qu'à mes dépens vous affectez de rire;
Mais ne craignez-vous point que pour rire de vous,
Relisant Juvénal, refeuilletant Horace,

Je ne ranime encor ma satirique audace?

Grands aristarques de Trévoux,

N'allez point de nouveau faire courir aux armes

[a] Ces vers furent faits par l'auteur pour un de ses portraits. peint par Santerre, et qu'il avoit donné à Brossette en 1699. Il est représenté en grand, souriant avec finesse, et montrant du doigt le poëme de la Pucelle, qui paroît ouvert sur une table. Voyez la lettre de Brossette, du 10 mars 1699, ainsi que la réponse du 25 du même mois, tome IV, pages 319 et 321.

(1) Ces vers sont plutôt une petite épitre assez maligne contre les PP. jésuites, qu'une bonne épigramme. (Le Brun.)* C'est le jugement qu'en porte l'auteur lui-même. Voyez sa lettre du 7 novembre 1703, tome IV, page 493.

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