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Carmine disjecti, vano pueriliter ore
Bullatas nugas sese stupuere loquentes..... [a].

[a] Ce fragment parut, pour la première fois, dans l'édition de Brossette. " C'est, dit-il, le commencement d'une satire que l'auteur, « étant fort jeune, avoit eu dessein de composer contre les poëtes « françois qui s'appliquent à faire des vers latins. On voit qu'il a « affecté d'y employer des expressions singulières, tirées d'Horace, « de Perse et de Juvénal.» Voyez le Dialogue contre les modernes qui font des vers latins, tome III, page 101.

AVERTISSEMENT

AU LECTEUR [a].

Madame de M***[b] et madame de T*** [c], sa sœur, lasses des opéra de M. Quinaut [d], proposèrent au roi d'en faire faire un par M. Racine, qui s'engagea assez légèrement à leur donner cette satisfaction, ne songeant pas dans ce moment-là à une chose, dont il étoit plusieurs fois convenu avec moi, qu'on ne peut jamais faire un bon opéra, parceque la musique ne sauroit narrer; que les passions n'y peuvent être peintes dans toute l'étendue qu'elles demandent; que d'ailleurs elle ne sauroit souvent mettre en chant les expressions vraiment sublimes et courageuses [e]. C'est

[a] Cet avertissement et le prologue qui le suit parurent, pour la première fois, dans l'édition de 1713.

[b] Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan, née en 1641, mariée en 1663, morte en 1707. Voyez le tome IV, page 60, note a, lettre du 31 juillet 1687.

[c] Gabrielle de Rochechouart, sœur aînée de madame de Montespan, fut mariée en 1655 à Claude-Léonor de Damas, marquis de Thiange, et mourut en 1693. Voyez l'épître I, page 5, note a, et le Lutrin, chant II, page 367, note d.

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[d] Le trait le plus singulier de cette préface, suivant d'Alembert, « c'est la phrase par laquelle elle débute. Mesdames de Montespan " et de Thiange lasses des opéra de Quinault! c'est-à-dire ennuyées d'Alceste, d'Atys, de Thésée et de Proserpine; car, pour leur honu neur, Armide n'existoit pas encore. » (Éloge de Despréaux.) Ce dernier opéra fut représenté en 1686, lorsque madame de Montespan n'étoit plus en faveur.

[e] Ces assertions sur l'expression musicale sont, aux yeux de d'A

ce que je lui représentai, quand il me déclara son engagement, et il m'avoua que j'avois raison; mais il étoit trop avancé pour reculer. Il commença dès lors en effet un opéra, dont le sujet étoit la chute de Phaeton [a]. Il en fit même quelques vers qu'il récita au roi, qui en parut content. Mais comme M. Racine n'entreprenoit cet ouvrage qu'à regret, il me témoigna résolument qu'il ne l'achèveroit point que je n'y travaillasse avec lui, et me déclara avant tout qu'il falloit que j'en composasse le prologue. J'eus beau lui représenter mon peu de talent pour ces sortes d'ouvrages, et que je n'avois jamais fait de vers d'amourette [b], il persista dans sa résolution, et me dit qu'il me

lembert, « aussi étranges que celles de Pascal sur la beauté poétique. « Grande leçon aux plus heureux génies, dit-il, et de ne point for« cer leur talent, et de se taire sur ce qu'ils ignorent. » (Éloge de Despréaux.)

[a] L'opéra de Quinault sur le même sujet fut représenté au mois de janvier 1683.

[b] Monchesnai fait néanmoins parler Despréaux en ces termes: « Tout ce qui s'est trouvé de passable dans Bellerophon[a], c'est à moi qu'on le doit: Lulli étoit pressé par le roi de lui donner un « spectacle; Corneille [b] lui avoit fait, disoit-il, un opéra où il ne comprenoit rien; il auroit mieux aimé mettre en musique un exploit. « Il me pria de donner quelques avis à Corneille. Je lui dis avec ma cordialité ordinaire: Monsieur, que voulez-vous dire par ces vers?

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« Il m'expliqua sa pensée. Eh! que ne dites-vous cela? lui dis-je. A quoi bon ces paroles, qui ne signifient rien? Ainsi l'opéra fut ré

[a] Bellerophon fut représenté, pour la première fois, en 1679.

[b] Thomas Corneille, né à Rouen en 1625, dix-neuf ans après son frère, mort à Paris en 1709, de l'académie françoise et de celle des Inscriptions et Belles-Lettres, auteur d'Ariane, du comte d'Essex et de trente autres pièces de théâtre, d'un Dictionnaire des arts et des sciences, d'une traduction en vers des Métamorphoses d'Ovide, etc., etc., etc.

le feroit ordonner par le roi. Je songeai donc en moi-même à voir de quoi je serois capable, en cas que je fusse abso

« formé presque d'un bout à l'autre, et le roi se vit servi à point « nommé. Lulli crut m'avoir tant d'obligation qu'il s'en vint m'appor« ter la rétribution de Corneille. Il voulut me compter trois cents «<louis. Je lui dis : Monsieur, êtes-vous assez neuf dans le monde, " pour ignorer que je n'ai jamais rien pris de mes ouvrages? Com<< ment donc voulez-vous que je tire tribut de ceux d'autrui ? Là-des« sus il m'offrit pour moi et pour toute ma postérité une loge an«nuelle et perpétuelle à l'opéra; mais tout ce qu'il put obtenir de « moi, c'est que je verrois son opéra pour mon argent. » ( Bolæana, n. VI. )

Fontenelle, le véritable auteur de l'opéra de Bellerophon, fit à l'article de Monchesnai une réponse adressée au Journal des Savants (mai 1741.) En voici quelques passages : « A l'exception du prologue, d'un morceau fameux qui ouvre le quatrième acte:

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Quel spectacle charmant pour mon cœur amoureux! etc.,

« et de ce qu'on appelle dans les opéra canevas, de petits vers faits « sur les airs, et qu'on met dans les divertissements, il ne peut pas « y avoir un mot de Despréaux dans tout Bellerophon, c'est-à-dire dans toutes les scènes. "...

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« Je réponds très cordialement que la pièce fut envoyée de pro« vince acte par acte; que si le premier acte eût été en style d'exploit, jamais Lulli n'en auroit demandé un second; que les vers envoyés de province sont demeurés tels qu'ils en ont été envoyés, à quelques changements près, légers et rares, faits en faveur du chant; et que jamais ces vers-là n'ont été blâmés par l'obscurité. ».

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« Le fait est qu'après Bellerophon il (Lulli) retourna aussitôt à * ce Quinault si méprisé par Despréaux, et ne s'en détacha plus, et « eut grande raison. En effet, je sais très bien, car c'est toujours ici « ma façon de savoir, que M. Lulli ne fut nullement content des « idées et des vues que M. Despréaux proposoit sur tout ce qui appar<«< tient à la conduite du théâtre, à la manière de préparer, d'ordon

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lument obligé de travailler à un ouvrage si opposé à mon génie et à mon inclination. Ainsi, pour m'essayer, je traçai, sans en rien dire à personne, non pas même à M. Racine, le canevas d'un prologue; et j'en composai une première scène. Le sujet de cette scène étoit une dispute de la Poésie et de la Musique, qui se querelloient sur l'excellence de leur art, et étoient enfin toutes prêtes à se séparer, lorsque tout-à-coup la déesse des accords, je veux dire l'Harmonie, descendoit du ciel avec tous ses charmes et ses agréments, et les réconcilioit. Elle devoit dire ensuite la raison qui la faisoit venir sur la terre. qui n'étoit autre que de divertir le prince de l'univers le plus digne d'être servi, et à qui elle devoit le plus, puisque c'étoit lui qui la maintenoit dans la France, où elle régnoit en toutes choses. Elle ajoutoit ensuite que, pour empêcher que quelque audacieux ne vînt troubler, en s'élevant contre un si grand prince, la gloire dont elle jouissoit avec lui, elle vouloit que dès aujourd'hui même, sans perdre de temps, on représentât sur la scène la chute de l'ambitieux Phaéton. Aussitôt tous les poëtes et tous les musiciens, par son ordre, se retiroient, et s'alloient habiller[a]. Voilà le sujet de mon prologue, auquel je travaillai trois ou quatre jours avec un assez grand dégoût,

<< ner, de filer les scènes, etc. Il ne s'agit point là de donner des ri«dicules; il n'étoit point dans son élément [a]. »

[a] D'Alembert critique ce plan avec une dérision déplacée à l'égard d'un grand poëte, même lorsqu'il se trompe. « C'est dom«mage, dit-il, que, pour la consolation de ses ennemis, Despréaux « n'ait pas achevé ce prologue suivant le plan qu'il en a tracé; l'har<< monie devoit débiter des choses bien étranges.

y

« ce sujet la note 22 sur l'éloge de Despréaux.

» On

peut

voir à

[a] Cette lettre est insérée dans les œuvres de Fontenelle, in-8°, 1812,

tome VIII, page 439.

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